NOS BANQUES SONT-ELLES LOURDEMENT EXPOSÉES AU RISQUE TURC ? (France)
Les turbulences en provenance de la Turquie alimentent les craintes sur les banques européennes, certains établissements étant particulièrement exposés au pays via les prêts accordés. Le risque n’est toutefois jugé significatif que pour un seul établissement tricolore.
Les valeurs bancaires françaises et européennes ont été à la peine, dernièrement. Alors que la livre turque a connu une débâcle historique vendredi dernier, suite à la passe d’armes entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, le secteur financier est le compartiment de la cote parisienne qui a le plus pâti des craintes liées à la crise traversée par le pays. BNP Paribas a ainsi cédé 2,99% sur la séance, Société Générale 2,50% et Crédit Agricole 2,05%. Ailleurs en Europe, le géant espagnol BBVA a quant à lui chuté de 5,2% sur cette séance du 10 août et de 3,2% le lundi 13, tandis que l’italien Unicredit a abandonné 5% et 2,9% respectivement.
Et cela n’a rien d’étonnant. En effet, “l'exposition dominante à la Turquie via le canal des prêts bancaires se situe en Europe. Par pays, l'exposition des banques espagnoles à la Turquie représente environ 6% du PIB espagnol, ce qui s'explique en grande partie par la participation de Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA) dans la deuxième banque privée turque (Garanti, dont le géant espagnol détient 49,85% du capital, NDLR)”, rapporte Lale Akoner, stratège au sein du pôle consacré à la stratégie d’investissement du géant américain de la gestion d’actifs BNY Mellon Investment Management.
L’exposition des banques françaises à la Turquie représente, d’après nos calculs, 1,3% du PIB hexagonal, sur la base d’une exposition totale de 28,6 milliards d’euros (montant calculé par l’IESEG School of Management, à partir de données de la Banque des règlements internationaux, cf tableau ci-dessous). En effet, “BNP Paribas est impliquée en Turquie, de même que Société Générale et Crédit Agricole, avec des filiales. En particulier, BNP Paribas Fortis, filiale de BNP Paribas, détient 48,72 % de la banque turque Türk Ekonomi Bankası (TEB), tandis que (la banque française) a de surcroît une détention directe de parts de TEB, ce qui implique que le groupe BNP Paribas détient au total 72% de TEB”, rapporte Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG.
Exposition des banques européennes à la Turquie (données à fin 2017, en millions d’euros)
L’exposition des banques italiennes à la Turquie représente, quant à elle, 0,9% du PIB de la Botte, sur la base d’une exposition totale de 15,1 milliards d’euros (montant calculé par l’IESEG, toujours sur la base de données BRI). La banque italienne Unicredit détient en effet “une partie de la cinquième banque en Turquie”, relève Eric Dor. “Le risque pour le secteur bancaire européen semble être concentré dans quelques banques seulement - BBVA, UniCredit et BNP Paribas. Parmi ces trois prêteurs, BBVA (environ 14% des prêts exposés à la Turquie) et UniCredit (près de 4% des prêts exposés à la Turquie) sont les plus exposés au risque, en raison de leur niveau d’exposition au pays. Un autre point important à noter est que BBVA et UniCredit se trouvent en Europe périphérique, ce qui re-crée potentiellement une passerelle entre la dette souveraine (les emprunts d’Etat, NDLR) et les banques”, souligne Lale Akoner. “Ce dernier épisode turc alimente le sentiment négatif général entourant les banques italiennes et l'incertitude politique, ainsi que le récent ralentissement économique en Europe”, juge-t-il.
Exposition des banques de différents pays à la Turquie, en % du PIB national (en bleu, échelle de gauche) et en % de leurs fonds propres (en gris, échelle de droite)
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