Boris Johnson en embuscade (Angleterre)
Du Boris Johnson dans le texte, le Donald Trump britannique. Une citation parmi d'autres de ce populiste échevelé ayant comme autre point commun avec le locataire actuel de la Maison Blanche une tignasse canari assez fournie et quelque peu rebelle. L'homme, ancien titulaire du Ministère des Affaires Etrangères – lui qui est tout sauf diplomate et tout sauf subtil -, à présent chroniqueur au Daily Telegraph, prépare son retour et par articles interposés plante ses fléchettes dans le dos de Theresa May, dont le congrès du Parti Conservateur aura peut-être la peau fin septembre.
Le premier ministre anglais a réussi avec ses tergiversations incessantes et sa soumission à Juncker à se mettre à dos et les pro et les anti BREXIT, et les conservateurs, inquiets de la tournure des choses, sont en quête d'un meilleur canasson. Alors pourquoi pas ce Boris, ce populiste de Boris dont la langue bien pendue caresse l'électeur dans le sens du poil au travers de formules mettant les pieds dans le plat.
L'époque est aux populistes, aux qui mettent les pieds sur la table, aux mal polis, aux mal élevés. La technocratie bruxelloise et ses affidés chefs de gouvernement semblent arriver à ses derniers ersatz, les électeurs semblent se détourner de ces politiciens raisonnables et propres sur eux qui enfilent les perles et laissent monter les inégalités avec un air blasé. Dans un monde basé sur la compétition et la guerre permanente, les grandes gueules semblent ici et là avoir de plus en plus le vent en poupe, la télérealite est passée par là, on – entendre les électeurs – a envie d'un leader de type éléphant dans un magasin de porcelaine qui donne l'illusion à défaut de construire de casser ce qui déplait, à commencer par la langue de bois. Tout du moins en apparence.
Car ledit Boris, tel Trump, ne dépassera guère les rodomontades et les craneries, ce n'est pas un homme seul armé d'une kalachnikov lexicale qui fera reculer d'un iota une oligarchie, celle-ci semble avoir compris l'utilité de faire entrer dans la place un fou du roi, sur le jeu d'échecs ça fait du bruit, ça créée le buzz, et ça détourne l'attention.
Le bouffon du roi est un pion intéressant dans un monde devenu fou, il file le tournis et capte l'attention au détriment de l'essentiel, ce qui est caché à la multitude par les élites tireuses de ficelles. La maitrise du castelet démocratique en trompe-l'oeil autorise l'entrée en scène de faux rebelles, en définitive un nouveau masque des précédents avec un style différent. Qui excite les uns et satisfait les autres.
Ce peut être ce Boris – pourquoi pas. May, telle Thatcher en son temps, peut sauter, la marionnette donne peu satisfaction à ses maitres, elle hésite, avance, recule, cède du terrain, semble le déplorer. Sous sa tutelle la voix de l'Angleterre est devenue quasi inaudible, et ses propres ministres pour certains prennent mieux la lumière qu'elle.
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