L’humanité produit trop de produits chimiques pour tous les évaluer
Sophie Kloetzli source : Usbek et Rica
Les produits chimiques échapperaient-ils à notre contrôle ? Des engrais à la pilule contraceptive et aux produits ménagers, ils sont si nombreux et variés qu'il est devenu impossible d'évaluer l’impact de chacun d’entre eux sur l’environnement, alertent des chercheurs de l’Université d’Oxford.
Des milliers de produits chimiques aux propriétés très diverses qui envahissent les écosystèmes, et dont les effets sont encore largement méconnus. C’est le tableau complexe et inquiétant que brosse une étude parue le 27 février dans une revue de la Royal Society à Londres. Les experts y évoquent aussi bien les cheminées d’usines rejetant leurs gaz dans l’atmosphère, que les engrais et les décharges polluant les sources d’eau, les produits évacués dans les lavabos et les toilettes, et les médicaments contaminant nos urines.
« Ce qui inquiète le plus les chercheurs, c’est la vitesse à laquelle de nouveaux produits chimiques sont introduits, utilisés et inévitablement rejetés dans les écosystèmes : elle est trop élevée pour que l’on puisse évaluer leur impact », précise le site phys.org qui relaie cette étude.
Contamination globale
Les perturbateurs endocriniens contenus dans certaines substances chimiques préoccupent particulièrement les auteurs de cette étude. Les PCB (polychlorobiphényles ou pyralènes) présents dans certains plastiques – utilisés dans certains équipements électriques et dans l’industrie, mais interdits en France depuis 1987 – et les médicaments comme les antidépresseurs et les pilules contraceptives, sont en effet connus pour dérégler la reproduction des animaux.
La faune marine, notamment, pâtit déjà de nos déchets chimiques. « Nous sommes en train de rejeter des produits chimiques dans les océans qui pourraient potentiellement tuer la plupart des animaux marins, sans même le savoir », préviennent-ils. Avant de donner l'exemple d'un groupe d’orques au large de l'Ecosse qui n’a eu aucun petit depuis plus de 25 ans. L’organisme d’une des femelles contenait des taux de PCB cent fois supérieurs au seuil de toxicologique. Le fait est loin d'être isolé : en juillet 2017, une autre étude mettait en évidence l’apparition d’attributs féminins dans des poissons mâles. Certains étaient même devenus « transgenre » et capables de pondre des œufs.
Les humains ne sont pas épargnés non plus. Nocifs dès l’état fœtal, les perturbateurs endocriniens affectent le niveau d’intelligence global et augmentent les troubles cognitifs et l’autisme. Ils seraient même à l’origine d’une baisse drastique de la fertilité masculine.
Améliorer la collecte des déchets chimiques apparaît donc plus que jamais une nécessité. Or en France, la situation s'est révélée particulièrement peu reluisante ces dernières semaines. Depuis un mois et demi, un conflit entre l'éco-organisme EcoDDS et le ministère de la Transition écologique perturbe la collecte, comme l'explique Franceinfo. En cause : la volonté du ministère de renforcer les obligations de cette organisation. Le gouvernement vise notamment une amélioration de ses taux de récupération, qui n'est pour l'instant que d'un tiers pour les déchets dangereux.
SUR LE MÊME SUJET :
Illustration à la Une : Curioso Photography sur Pixabay.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire