La Maison Blanche prépare son comité scientifique climatosceptique
Vincent Lucchese source : Usbek et Rica
Une note de la Maison Blanche ayant fuité dans la presse révèle que l’administration américaine veut mettre sur pied un comité à majorité climatosceptique ayant vocation à porter une analyse « contradictoire » sur les publications climatiques.
[ERRATUM : contrairement à ce que nous affirmions dans un premier temps dans le titre de cet article, depuis corrigé, il s'agit bien d'un projet de « comité » seulement et non de création d'une revue scientifique à tendance climatosceptique.]
[ERRATUM : contrairement à ce que nous affirmions dans un premier temps dans le titre de cet article, depuis corrigé, il s'agit bien d'un projet de « comité » seulement et non de création d'une revue scientifique à tendance climatosceptique.]
Que faire lorsque les faits et le consensus scientifique s’opposent frontalement à votre politique ? L’administration américaine a une nouvelle réponse à cette question. Puisque ses tentatives de museler la science n’évitent pas la publication de rapports embarrassants sur la gravité du changement climatique, la Maison Blanche a décidé de lancer son propre comité scientifique sur le climat.
C’est la fuite d’un mémo de la Maison Blanche, relayé par le site américain d’information E&R News, qui révèle ce projet. D’après cette note interne, l’administration Trump travaille à la formation d’un comité, composé notamment de figures climatosceptiques régulièrement appelées à témoigner au Congrès par les Républicains, et qui seraient chargées d'évaluer les publications scientifiques, avec un point de vue décrit comme « contradictoire » sur le changement climatique.
« Diabolisation du CO2 »
Le projet serait dirigé par William Happer, professeur émérite de physique à l’université Princeton et directeur senior au Comité de sécurité nationale, « sans formation en science climatique », note E&E News. La Maison Blanche a confirmé au site la tenue d’une réunion autour de William Happer, sur le futur comité, vendredi 22 février. Un ordre exécutif créant officiellement ledit comité pourrait être signé par Donald Trump d’ici un mois.
Les précédentes déclarations de William Happer offrent un joyeux aperçu de ce qui pourrait sortir d’un tel comité. En 2014, il comparait « la diabolisation du dioxyde de carbone » à celle des Juifs par Hitler. Une indignation qui l’avait conduit deux ans plus tard à fonder la Coalition CO2. Un groupe d’influence visant à promouvoir les vertus du carbone, financé notamment par la famille Mercer et des proches de la famille Koch, deux clans de milliardaires houleux, soutiens de Donald Trump lors de la campagne présidentielle et climatosceptiques notoires.
Pour parer ses publications de légitimité scientifique, le comité ne compterait pas s’entourer uniquement de climatosceptiques
Pour parer ses publications de légitimité scientifique, le comité ne compterait pas s’entourer uniquement de climatosceptiques. Des représentants de la NASA, de la National Science Foundation et du White House Office of Science and Technology Policy auraient été invités à la réunion du 22 février, d’après le mémo. Sans que l’on sache si les organismes en questions ont répondu présent ou non.
Contrer leurs propres agences
Si la forme définitive de cette initiative n’est pas encore établie, son objectif en revanche est clair : contrebalancer l’accumulation de données accablantes sur le réchauffement climatique, régulièrement publiées par les scientifiques, y compris au sein de nombreux organismes américains. Le comité devrait ainsi s’intéresser de près à « l’évaluation nationale sur le climat », selon E&E News.
Il s’agit d’un rapport produit tous les quatre ans par une dizaine d’agences gouvernementales américaines. Sans surprise, la dernière édition confirmait la réalité du changement climatique, la responsabilité humaine de celui-ci et ses conséquences potentiellement dramatiques sur le sol américain si la tendance actuelle se poursuit : la santé de millions de personnes risque d’être mise en péril, les dégâts pourraient s’élever à la fin du siècle à 500 milliards de dollars par an et, hérésie ultime, jusqu’au « mode de vie américain » pourrait être remis en question.
Le rapport a été très discrètement publié au lendemain de Thanksgiving, journée consacrée aux achats frénétiques du Black Friday. La nouvelle revue « contradictoire » et son comité climatosceptiques auront donc probablement à cœur d’apporter un autre son de cloche, plus compatible avec la politique de dérégulation environnementale massive de Donald Trump et sa décision de sortir de l’accord de Paris.
Une mauvaise nouvelle de plus pour les climatologues américains, qui se battent déjà sur de nombreux fronts contre leur propre gouvernement. Baisse des budgets, dénigrements, tentatives de censures évitées en faisant fuiter leurs travaux dans la presse, remplacement des termes « changement climatique » par « chaleur extrême »… Les chercheurs encaissent. Et retiennent leur souffle jusqu’en 2020 et l’élection présidentielle, qui pourrait proposer aux électeurs de choisir entre un « green new deal » démocrate et quatre années supplémentaires de déni climatique.
(trump va mesurer le changement climatique avec l'intensité de la prochaine saison des cyclones, mais, peut-être ne regarde-t-il pas la télé. note de rené)
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