Yémen : le nombre de victimes beaucoup plus important qu’annoncé
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Les combats n’auraient pas fait 10 000, mais entre 70 000 et 80 000 morts depuis mars 2015. À quoi s’ajoutent les victimes de la malnutrition et du choléra. Et la situation est en train d’empirer.
“Si l’Arabie Saoudite et ses alliés peuvent éviter l’indignation contre leur intervention au Yémen, c’est que le nombre de victimes des combats a été largement minoré”, écrit le quotidien britannique The Independent.
“On cite souvent le chiffre de 10 000 morts. Il provient d’un officiel de l’ONU qui évoquait les seules victimes civiles, au début de l’année 2017. Un chiffre qui n’a pas bougé depuis lors”, explique le journal. Or ce chiffre serait plus probablement situé entre 70 000 et 80 000 depuis mars 2015, date du début de l’intervention militaire saudo-émiratie, selon un groupe de recherche associé à l’université britannique du Sussex (The Independent Yemen for the Armed Conflict Location and Event Data Project, ACLED).
Pour l’instant, le groupe n’est remonté que jusqu’à début 2016, avec un chiffre des morts de 56 000. Et de préciser :
Ce chiffre augmente de plus de 2 000 par mois alors que les combats s’intensifient autour de la ville portuaire de Hodeïda, sur la mer Rouge. Il n’inclut pas les morts provoquées par malnutrition ou des maladies telles que le choléra.”
Au-delà des victimes directes des combats, il est en effet difficile de déterminer combien de personnes meurent des effets induits de la guerre. Non seulement parce que “l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis compliquent l’accès au pays pour les journalistes étrangers et les témoins impartiaux, mais aussi parce que, contrairement à ce qui se passe en Syrie, les autorités américaines, britanniques et françaises n’ont pas intérêt à mettre en avant les ravages au Yémen, puisqu’elles couvrent l’intervention saoudienne”.
À cela s’ajoute la difficulté d’estimer le nombre de victimes provoquées par d’autres causes, notamment le blocus des ports et l’effondrement de la monnaie nationale, qui accentuent le manque de médicaments et de carburant nécessaire pour le transport des malades, mais aussi de nourriture. En effet, l’ONU ne cesse d’alerter sur le fait que “14 millions de personnes, la moitié de la population du pays, sont menacées de famine”.
(Cela fait deux ans que l'on nous annonce 10.000 morts alors que ça continue à mourir joyeusement et sans qu'un seul journaliste ne se pose de questions. Mais, de vrai journaliste, il en reste si peu. note de rené)
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