lundi 26 novembre 2018

Au Yémen, des armes françaises tuent et des petites filles sont vendues au plus offrant

par Anton Struve source : Agoravox
lundi 26 novembre 2018
Loin de s'opposer aux crimes de guerre commis par la coalition saoudienne au Yémen, l'Etat français n'a de cesse d'alimenter en armes un conflit dont les petites filles sont les premières victimes.

Depuis mars 2015, la coalition saoudienne a mené plusieurs raids aériens au cour desquelles elle a bombardé des écoles, des hôpitaux mais aussi des lieux de rassemblement tels que les mariages et les funérailles. Bilan : des milliers de victimes civiles et des millions de déplacés.
Selon le dernier rapport annuel sur les exportations d’armes françaises, le gouvernement a approuvé 174 nouvelles licences d’exportations d’armements vers l’Arabie Saoudite, dont 12 licences d’une valeur de 4 milliards d’euros pour des matériels de la catégorie « bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs et matériel et accessoires connexes ».
Pourtant, en tant que partie au Traité sur le commerce des armes (TCA), la France s’est engagée à ne pas autoriser les transferts d’armements dès lors qu’il existerait un risque prépondérant que ces armes puissent être utilisées pour commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des attaques dirigées contre des civils ou des crimes de guerre. De plus, le Conseil de l'Union Européenne a défini en 2009, des règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires. Parmi les huit critères de refus de vente se trouvent le non-respect des droits de l’homme dans le pays de destination finale, l’engagement du pays acheteur dans des tensions et des conflits armés et l’atteinte à la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionale.
L’ONG française Aser a saisi le Conseil d'Etat le 7 mai dernier pour demander que les licences d’exportation, accordées par le gouvernement français aux industriels livrant des armes aux belligérants du conflit au Yémen, soient suspendues.
En visant les écoles, en violation du droit humanitaire international, la coalition sous commandement saoudien entrave l'accès à l'éducation de milliers d'enfants. Selon l'UNICEF, près de 2 500 écoles ont été impactées par les bombardements : 66 % d'entre elles ont été endommagées, 27 % ont dû fermer et les 7 % restantes sont utilisées par les combattants ou hébergent des familles déplacées. Déscolarisés, les garçons doivent travailler pour contribuer à la survie de la famille tandis que les filles sont mariées très jeunes au plus offrant.
A la faveur de la guerre, s'est développé un véritable trafic d'êtres humains. Selon le système décrit par le quotidien émirati The national, des intermédiaires yéménites approchent des familles pauvres dans le but de fournir en petites filles les riches omanais en quête de très jeunes épouses. Pour une petite fille, il faut compter 2 500 rials, environ 6000 euros. Sur cette somme, l'intermédiaire verse 1 500 rials aux parents et 500 rials aux autorités yéménites en échange de leur aide pour faire sortir les petites filles.
Contacté par The national, des dignitaires du Dhofar, région omanaise frontalière du Yémen, ont reconnu l'existence de ce commerce. Si la police locale a refusé de commenter cette information, une source au ministère de l'Intérieur du Sultanat d'Oman a précisé que 120 femmes yéménites avaient été mariées légalement à des citoyens omanais au cours des trois dernières années.
Pour Juliette Touma, porte-parole principale de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, certaines familles vendent leurs filles car elles ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins. Un programme d'aide financière a donc été mis en place afin de dissuader les parents de le faire.
Le Yémen reste l'un des rares pays au monde à ne pas disposer de législation sur l'âge minimum du mariage. Selon l'UNICEF, 52 % des filles y sont mariées de force avant l'âge de 18 ans et 14 % avant l'âge de 15 ans.
Ce fut le cas de Nojoud, mariée de force par son père alors qu'elle n'avait que 10 ans. En dépit de sa promesse de ne pas toucher la petite fille avant ses premières règles, le mari abusera d'elle à plusieurs reprises. Pendant deux mois, Nojoud pleurera chaque nuit face à l'indifférence de sa belle-famille et à la violence d'un époux irrité par ses nombreux refus.
Un matin, avec la monnaie du pain, elle prit le bus et poussa la porte d'un tribunal afin de demander le divorce, provoquant ainsi une véritable tempête médiatique. À Sanaa, aucun magistrat n'avait reçu de petite fille assez courageuse pour se dresser contre la tradition archaïque du mariage précoce. Nojoud obtiendra le divorce, mais pas la condamnation de son ex-époux qui repartira avec 250 dollars de dédommagement pour rupture de contrat.
En 2009, sous la pression internationale, le Parlement vota une loi fixant l'âge minimal pour le mariage à 17 ans. Malheureusement, les 33 parlementaires du puissant parti islamiste Al-Islah, soutenu par le Parti au pouvoir, soumirent le texte au comité de la charia qui le fit annuler. Un article 23 fut alors ajouté à la loi sur le statut personnel, stipulant qu'une femme non vierge devait consentir à son mariage tandis que pour les vierges, le silence valait consentement.
Selon la Nada Foundation, fondation crée pour protéger les droits des enfants au Yémen, plus de 250 filles ont été mariées de force en raison des conditions de vie difficiles en 2017. Dans la plupart des cas, ces filles sont exploitées suite à la perte de leurs parents ou suite à leur déplacement occasionné par la guerre. Au cours de la même année, 120 filles ont été hospitalisées lors de la première semaine de mariage, 12 n'ont pas survécu à leur première nuit de noce, 6 ont mis fin à leur jour et de nombreuses autres sont mortes suite aux complications provoquées par leur grossesse précoce.
(Là, c'est pour qu'elles puissent survivre, même, si, ça toujours été la coutume au Yémen de marier les petites filles. Y'a sûrement des vieux saoudiens qui sont preneurs. D'ailleurs, il faudrait savoir combien de filles yézédis sont enfermées dans leurs harems. note de rené)

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