Ukraine : avec la loi martiale, Poroshenko a 30 jours pour légalement écraser toute opposition
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28 novembre 2018
Suite à la provocation dans le détroit de Kertch, où l’Ukraine a envoyé trois navires militaires sans suivre la procédure et a ainsi volontairement violé les frontières russes, provoquant une réponse inévitable de la Russie, Poroshenko a pu, non sans difficultés à l’intérieur, mais avec l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, faire passer la loi martiale et légitimer ainsi l’ouverture d’un deuxième front, contre toute opposition. La responsabilité de la communauté internationale dans le désastre qui se déroule en Ukraine et le danger que représente ce régime post-Maidan pour la sécurité de la région est pleine et entière.
Comme nous l’avions écrit hier, Poroshenko avait besoin d’un fondement sérieux pour renforcer sa position intérieure déplorable avant des élections qui le donnent perdant dans tous les cas de figure et le clan atlantiste, de son côté, avait besoin de renforcer son combat contre la Russie, qui tourne un peu en rond, sans produire les effets attendus à l’intérieur du pays. Donc, trois navires militaires ukrainiens ont violé les règles de passage du détroit de Kertch entre la mer Noire et la mer d’Azov, obligeant la Russie à défendre sa souveraineté.
Et le Conseil de sécurité de l’ONU a pu incarner cette division, ce qui finalement est sa seule fonction aujourd’hui, puisqu’il correspond à la logique internationale bipolaire d’après-guerre qui n’a plus cours. Dans son communiqué, cette ligne de partage est bien visible. D’un côté, ils ont refusé de traiter la question soulevée par la Russie, membre permanent, sur la violation de ses frontières par l’Ukraine et considèrent en bloc la Russie coupable – de ne pas avoir laissé trois navires militaires traverser sans déclaration préalable ses eaux territoriales. La position est simple: la Crimée est « annexée » donc l’Ukraine est victime, donc elle a carte blanche.
La séance a débuté par une brève réunion au cours de laquelle un vote de procédure, demandé par les États-Unis, a abouti au rejet de la proposition de la Fédération de Russie de débattre de cet incident au titre d’un ordre du jour intitulé « Violation des frontières de la Fédération de Russie ».
La demande russe a été repoussée par 7 voix contre (France, Koweït, Pays-Bas, Pologne, Suède, Royaume-Uni et États-Unis), 4 voix pour (Bolivie, Chine, Kazakhstan, Fédération de Russie) et 4 abstentions (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Éthiopie, Pérou).
« Cette situation est la conséquence directe de l’annexion de la Crimée en 2014 » a renchéri la France, solidaire de l’Ukraine. « Rien à notre connaissance ne paraît justifier l’usage de la force », a ajouté sa représentante.
Directement mise en cause, la Russie a, pour sa part, estimé que la vraie question était de savoir pourquoi, alors que les Ukrainiens jouissaient d’une liberté de passage dans le détroit de Kertch, ils ont soudain décidé de la forcer, en ne répondant pas aux appels de la Marine russe. Or « personne n’a répondu à cette question »
C’est peut-être la raison pour laquelle la police ukrainienne a regardé sans réagir les nationalistes attaquer le consulat de Russie à Kharkov et provoquer un incendie, qui n’a été condamné par aucune organisation, aucun pays. Nous sommes assez loin des idéaux d’état de droit et de démocratie invoqués assez souvent en Europe pour justifier l’attitude de l’Ukraine :
C’est aussi pourquoi certainement, l’ONU ne voit rien à redire au fait que Poroshenko introduise la loi martiale en Ukraine, puisqu’ils veulent à tout prix croire la fable qui leur fut racontée :
Avec cet incident, une escalade n’est pas en effet à exclure, a-t-il craint. Selon le représentant ukrainien, les services de renseignement de son pays ont identifié un « risque clair d’invasion et d’annexion » de Marioupol et Berdiansk, comme en témoignent notamment les actes d’agression et de provocations des garde-côtes et la Marine russe. C’est pour cette raison que le Président de l’Ukraine a proposé au Parlement de déclarer la loi martiale pour 60 jours. Cette loi peut être levée à tout moment, et n’a pas d’impact sur la situation des droits de l’homme ou sur le fonctionnement des institutions démocratiques, a-t-il tenu à assurer.
Personne ne s’est demandé pourquoi après le rattachement de la Crimée, la loi martiale n’a pas été introduite, ni avec la guerre civile dans le Donbass, question posée par de plus en plus d’analystes ukrainiens « non alignés ». Mais là, après que trois navires de guerre, dont deux construits récemment avec l’aide de l’Occident, aient été sans aucune difficulté arraisonnés par les gardes-frontières russes (ce qui au passage montre l’efficacité de tout ce programme international de réarmement de l’Ukraine…), la loi martiale est passée en force par Poroshenko. Peut-être que Poroshenko n’en avait pas besoin avant.
Mais les autres candidats aux présidentielles et les anciens présidents ukrainiens ont unanimement condamné ce pas dangereux et liberticide de Poroshenko contre les élections et son peuple. C’est pourquoi, finalement, la loi martiale a été adoptée non pas pour 60 jours, mais pour 30 jours et sur une partie du territoire. Mais elle jouera dans la mer Noire et dans le détroit de Kertch, ce qui peut pousser à renforcer le conflit avec la Russie.
Or, quoi que veuille croire le clan atlantiste, dont la France qui soutient aveuglement l’Ukraine, les atteintes aux droits et libertés sont particulièrement importantes, car cette loi permet l’introduction d’un régime juridique extraordinaire suspendant les libertés constitutionnelles et légitimant les restrictions de la liberté de circulation, de la liberté de réunion, de l’activité des partis politiques et des médias, les atteintes à la propriété privées, le travail obligatoire des civils pour l’armée, l’internement forcé de citoyens étrangers pouvant être dangereux pour la sécurité nationale, etc. La presse ukrainienne est elle-même inquiète et à la Rada, Timochenko n’a même pas pu énumérer toutes les limitations qu’entraîne la loi martiale sur l’ensemble du territoire, puisque dans le décret de Poroshenko elles ne sont pas limitées au territoire où sera mis en vigueur la loi martiale.
Poroshenko a donc, dans un premier temps, 30 jours pour écraser l’opposition. Ensuite, si nécessaire, il peut tout à fait prolonger la loi martiale. Mais évidemment, la Russie est coupable. Manifestement ,elle sera aussi coupable de ce régime liberticide arrivé sur les cendres du Maidan. C’est, certes, plus confortable. Mais tout a un prix et cette posture met en danger la sécurité européenne.
Car cette masse décérébrée extrémiste lancée hier dans les rues de Kiev exigeant la guerre, la vraie, contre la Russie, pourra sans aucun problème infester les pays européens, amorphes, sans que l’UE ne fasse rien pour aider les populations.
Quels intérêts défendent l’UE et nos dirigeants ? Il est vrai que Macron, face aux mouvements de contestation populaire, doit bien envier Poroshenko …
Karine Bechet-Golovko
(L'Ukraine, l'exemple d'un chaos qui autorise tous les pillages en commençant par la réserve d'or qui est partie aux States en garantie des emprunts qui ont largement dépassés sa valeur, off course !. note de rené)
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