vendredi 25 février 2022

 

L'huile de tournesol, exportée en masse par l'Ukraine, va-t-elle manquer en France ?

 

L'Ukraine est à l’origine de la moitié des exportations d’huile de tournesol au niveau mondial. Avec le lancement de l'invasion russe, le secteur rencontre des incertitudes sur le prix et l’approvisionnement de cette matière première. Assez pour craindre une pénurie de produits à base d’huile ?


Par Noah MoulinetJournaliste actualités générales  Capital.fr

Publié le 25/02/2022 à 12h49


Pétrole, gaz, blé… Après l’annonce de la décision de la Russie d’envahir l’Ukraine, la panique a gagné le marché des matières premières, provoquant une flambée des cours. Ainsi, le 24 février, les prix des céréales ont atteint des niveaux records sur le marché européen, avec un pic à 344 la tonne de blé sur Euronext. Le même jour, le baril de Brent de la mer du Nord a dépassé les 100 dollars pour la première fois depuis sept ans. Mais qu’en est-il pour l’huile ? En effet, l’Ukraine est à l'origine de la moitié des exportations d’huile de tournesol au niveau mondial, suivie par la Russie et ses 5,8 millions de tonnes produites par an.

L’Ukraine produit ainsi “7 millions de tonnes d’huile de tournesol par an, et en exporte 6,7 millions”, détaille Arthur Portier, consultant pour le cabinet d’analyse Agritel. “En comparaison, dans l’Union européenne, nous en produisons 3,9 millions de tonnes et en exportons 750.000 tonnes, soit une quantité plutôt marginale,” poursuit l’expert. Néanmoins, pas de pénurie à craindre, d'après le consultant d’Agritel, qui assure que “l’approvisionnement ne sera pas un problème". "Nous sommes autosuffisants”, affirme-t-il.


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Un point de vue partagé par Arnaud Rousseau, le vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux. “Nous avons largement de quoi alimenter les Français en huile”, assène le professionnel du secteur. “D’autant plus que nous ne savons pas encore quels impacts sur les récoltes de tournesol auront les attaques russes sur des points stratégiques ukrainiens, quelles seront les sanctions internationales… Tout cela crée des incertitudes que l’on n’avait pas vu en une dizaine d’années,” remarque-t-il néanmoins.

Le problème pourrait alors davantage se porter sur les prix, même si la hausse des cours de l’huile est restée pour l’instant moins significative que celle des autres matières premières : “On est passé de 1.277 euros la tonne le 9 février à 1.350 le 24 février”, rapporte Arthur Portier. Cependant, cette hausse devrait se poursuivre dans les jours qui viennent et être “extrêmement marquée”, selon l’analyste.

“Les Français ne manqueront pas d’huile, mais ils la paieront plus cher”

Arnaud Rousseau anticipe également une flambée des prix, même si, pour lui, cette dernière est déjà à l'œuvre depuis un certain temps : “Les tensions sur le marché sont fortes, et la hausse des prix était déjà visible avant cette crise : elle ne fera que l’accentuer.” Et de conclure : “Les Français ne manqueront pas d’huile, mais ils la paieront plus cher !”

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Il n’apparaît donc pas nécessaire de remplir ses placards de vinaigrettes, mayonnaises et autres produits alimentaires à base d’huile. Ce que confirme le porte-parole des magasin Système U Thierry Desouches : “Il ne faut surtout pas reproduire ce qu’il s’est passé avec le papier toilette lors du début de la crise du Covid-19, il n’y a aucune raison de se ruer sur les produits à base d’huile.”

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