mercredi 25 septembre 2019

Alors que Trump menace l'Iran de guerre nucléaire: Chelsea Manning emprisonnée sans inculpation depuis six mois pour avoir refusé de témoigner contre Julian Assange (WSWS)

par Kevin Reed et James Cogan 23 Septembre 2019, 14:00 Manning Prison WikiLeaks CensureAssange USA Répression
Alors que Trump menace l'Iran de guerre nucléaire: Chelsea Manning emprisonnée sans inculpation depuis six mois pour avoir refusé de témoigner contre Julian Assange (WSWS)

La courageuse lanceuse d'alerte Chelsea Manning est maintenant détenue depuis plus de six mois dans un centre de détention fédéral à Alexandria en Virginie. Manning n'a été accusée d'aucun crime et n'en a commis aucun. Elle a été incarcérée le 8 mars 2019 pour avoir refusé de témoigner devant un grand jury secret qui a inculpé Julian Assange, fondateur et éditeur de WikiLeaks, qui a publié les informations qu'elle a divulguées, dénonçant la criminalité impérialiste américaine généralisée.

Alors que le président Donald Trump menaçait vendredi de lancer une guerre catastrophique contre l'Iran, y compris une menace implicite d'utiliser des armes nucléaires, l'importance historique de ce que Manning et Assange ont fait est évidente. Et il est également évident pourquoi tout véritable défenseur des droits démocratiques et opposant de l'impérialisme va se battre énergiquement pour la liberté de Manning et Assange.
Parmi les informations que Manning a fournies à WikiLeaks en 2009-2010 figurait la tristement célèbre vidéo «Collateral Murder», qui montre le massacre de civils et de journalistes de Reuters dans la banlieue irakienne de New Baghdad. Elle a divulgué 400.000 documents connus sous le nom de «journaux de guerre d'Irak» et 91.000 autres documents qui ont fait partie des «journaux de guerre d'Afghanistan». Plus de 250.000 câbles diplomatiques américains ont également été publiés, révélant les intrigues quotidiennes et les conspirations auxquelles se livrent les ambassades et consulats américains dans le monde entier. Les révélations ont contribué à inspirer les gens ordinaires en Tunisie, en Égypte et ailleurs à se soulever en révolution contre la dictature et l'oppression.

La population mondiale a reçu toutes les preuves nécessaires pour démontrer que les actions de la Maison-Blanche et du Pentagone ne sont pas motivées par le souci de la «démocratie», de «l'État de droit» ou des «droits de l'homme». Au contraire, l'impérialisme américain agit comme une force prédatrice de violence et d'intrigue, pour maintenir une hégémonie stratégique et dans l'intérêt des profits des oligarques milliardaires.
Tout ce que Manning a fourni à WikiLeaks a servi à alerter le public sur les opérations criminelles de l'État américain. Lorsqu'elle s'est préparée à partager les documents avec les médias, Manning a écrit un fichier readme.txt qui disait, en partie: «C'est l'un des documents les plus importants de notre époque qui élimine le brouillard de guerre et révèle la vraie nature de la guerre asymétrique du 21e siècle.»
Il est bien connu – pour en revenir à son arrestation en 2010 et à sa condamnation en 2013 à 35 ans de prison pour 21 chefs d'accusation de violation du Code uniforme de justice militaire – que Manning a toujours soutenu qu'elle avait agi seule en divulguant des informations. Le bilan est clair. Elle s'est d'abord rendue au Washington Post et au New York Times avec ses téléchargements classifiés et, après que ces publications de l'establishment n'eurent manifesté aucun intérêt, elle s'est tournée vers WikiLeaks.

Manning a passé près de sept ans en prison pour ses actes courageux, y compris sa détention à la base des Marines de Quantico, dans une cellule de 2 x 4 mètres sans fenêtre, ainsi qu'à la prison fédérale américaine de Fort Leavenworth au Kansas. Sa peine de 35 ans de prison a été commuée – mais sans qu'elle soit graciée – par le président Obama en janvier 2017, quelques jours seulement avant l'investiture de Donald Trump.
Quoi qu'il en soit, l'appareil d'État tente de forcer Manning à se rétracter de son précédent témoignage afin de rassembler de nouveaux «faits» qui peuvent être utilisés contre Julian Assange.
En avril, Assange a été inculpé par l'administration Trump sur 18 chefs d'accusation, dont 17 pour violation de la loi draconienne sur l'espionnage, qui prévoit une peine d'emprisonnement à vie allant jusqu'à 175 ans. Il est détenu dans des conditions très dures représentant un risque de «se soustraire à la justice» dans la prison de Belmarsh à Londres jusqu'à ce que les audiences commencent le 25 février sur la question de savoir si le Royaume-Uni va l'extrader vers les États-Unis pour y subir un simulacre de procès.
Le 9 mai, Manning a été libérée de sa première détention – après l'expiration du mandat initial du grand jury – mais elle a été immédiatement arrêtée de nouveau le 16 mai et a été assignée à comparaître devant un nouveau grand jury. Pour la deuxième fois, Manning a refusé de répondre aux questions. Elle a déclaré: «Ce grand jury cherche à saper l'intégrité du discours public dans le but de punir ceux qui dénoncent tout abus de pouvoir grave, continu et systémique de la part de ce gouvernement.»

Le traitement vindicatif de Chelsea Manning comprend «l'isolement préventif» – un euphémisme de prison pour l’isolement cellulaire – et une amende sans précédent de $1000 par jour pour avoir refusé de répondre aux questions du grand jury. Si elle est libérée en octobre 2020, elle devra jusqu'à 440.000 dollars au gouvernement américain. L'activiste antiguerre Jeremy Hammond, qui a fourni des documents de renseignement à WikiLeaks, a également été incarcéré dans la même prison que Manning afin de le contraindre à donner un faux témoignage.
La persécution d'Assange, Manning et Hammond a pour but d'intimider quiconque cherche à servir la majorité ouvrière en mettant en lumière la criminalité et les abus de la classe capitaliste et de son appareil d'État au pouvoir. Ce sont des victimes et des prisonniers de la guerre de classes, c'est pourquoi la lutte pour gagner leur liberté ne peut être menée par des appels aux organisations mêmes qui les persécutent, mais seulement en mobilisant l'immense force de la classe ouvrière américaine et internationale.

Manning elle-même a vécu d'immenses expériences politiques. En janvier 2018, elle a décidé de se présenter aux élections primaires en tant que démocrate pour un siège au Sénat américain dans le Maryland, terminant deuxième sur les huit candidats qui se sont présentés. À la fin de sa campagne, elle avait tiré d'importantes conclusions sur la perspective de changer la société à travers les partis et les institutions existants.
Manning a déclaré lors d'un discours enregistré en vidéo devant un public à l'Opéra de Sydney en septembre 2018: «Après avoir passé des heures et des heures à frapper aux portes et à téléphoner, je suis convaincue que le changement dont les gens ont vraiment besoin va au-delà de ce que notre système bipartite corrompu est prêt à offrir.»
Elle a lancé l'appel suivant: «Il n'y a pas de réforme. L'heure des réformes a sonné il y a 40 ans. Il y a un grand nombre de personnes qui n'ont ni voix ni pouvoir. Nous devons commencer à faire les choses nous-mêmes. Tout ce que nous faisons est une décision politique. Ne rien faire est aussi une décision politique. Nous devons nous impliquer.»
L'attitude de Manning à l'égard de l'ensemble de l'establishment politique est la raison pour laquelle le Parti démocrate corporatiste et militariste, l'appareil syndical et les médias «libéraux» ont refusé de lui apporter leur soutien depuis sa réincarcération. Son refus de soutenir le Parti démocrate et son refus de principe de témoigner contre Julian Assange expliquent aussi pourquoi elle a été largement abandonnée par la pseudo-gauche de la classe moyenne américaine, qui se préoccupe de promouvoir des illusions dans la campagne de personnalités de l'establishment comme Bernie Sanders.
Le danger immédiat que l'impérialisme américain lance une attaque meurtrière contre l'Iran, ainsi que la descente vers une guerre ouverte contre la Chine et la Russie dotées de l'arme nucléaire, pose avec acuité la nécessité de développer un mouvement mondial antiguerre luttant pour mettre fin à la cause de la guerre: le système capitaliste et les divisions entre États-nations.

Un mouvement antiguerre international peut et doit lutter pour la liberté d'Assange, de Manning et de tous ceux qui ont risqué leur vie pour que la population sache la vérité. Une campagne politique et de grèves doit être développée, dans chaque lieu de travail, quartier, université et école, pour exiger leur libération immédiate.
La lutte contre la guerre et pour la défense d'Assange et de Manning est inséparable de toutes les luttes de la classe ouvrière pour ses droits démocratiques et sociaux fondamentaux. Partout dans le monde, des millions de travailleurs sont entrés dans les premières étapes de batailles monumentales.

Aux États-Unis, la première grève des travailleurs de l'automobile de General Motors en 30 ans n'est que le signe avant-coureur d'une éruption historique de la lutte des classes contre des décennies d'inégalité sociale, de pauvreté et d'oppression toujours plus grandes sous le capitalisme.
Cette recrudescence de luttes de la classe ouvrière fournira la base sociale de la lutte pour la libération d'Assange, de Manning et de tous les autres prisonniers de la guerre de classes. Alors qu'ils entament des discussions avec les travailleurs en lutte dans le monde entier, le World Socialist Web Site et les Partis de l'égalité socialistes à travers le monde mèneront une vaste campagne de sensibilisation pour faire connaître la lutte visant à libérer Chelsea Manning et Julian Assange.
(Article paru en anglais le 21 septembre 2019)
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