dimanche 3 février 2019

(Bon, la guerre civile peut attendre. note de rené)


Venezuela : Maduro favorable à des élections législatives anticipées
Deux manifestations se font face aujourd'hui à Caracas alors qu'un général de l'armée de l'air a fait défection pour rejoindre l'opposition.
Source AFP
Modifié le 03/02/2019 à 08:22 - Publié le 02/02/2019 à 16:22 | Le Point.fr
 Caracas, la capitale du Venezuela passe une nouvelle journée sous le signe des manifestations. D'un côté, l'opposition dirigée par le président autoproclamé Juan Guaidó. De l'autre, les partisans de Nicolás Maduro. Les deux camps défilent dans des zones différentes de la ville. Au Venezuela, pays pétrolier qui fut le plus riche d'Amérique latine, deux hommes se disputent le pouvoir : Nicolás Maduro, qui n'est pas reconnu par une partie de la communauté internationale, et l'opposant Juan Guaidó, soutenu par les États-Unis, la plupart des États latino-américains et certains pays européens.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'est déclaré favorable à la tenue d'élections législatives anticipées dans le courant de cette année, alors qu'elles sont prévues en 2020 et que le Parlement est actuellement contrôlé par l'opposition. L'Assemblée constituante, fidèle au pouvoir en place, appelle à "des élections législatives anticipées cette année (...) Je suis d'accord et je m'engage en faveur de cette décision", a déclaré Nicolás Maduro devant des milliers de partisans rassemblés à Caracas.
L'appel de Washington
Washington a appelé les militaires vénézuéliens à rejoindre le camp du président autoproclamé Juan Guaido, à l'instar du général de l'armée de l'Air Francisco Yanez qui a déclaré ne plus reconnaître "l'autorité dictatoriale" de Nicolás Maduro.
"Les États-Unis appellent tous les membres de l'armée à suivre l'exemple du général Yanez, et à protéger les manifestants pacifiques qui soutiennent la démocratie", a déclaré sur Twitter le conseiller de la Maison-Blanche à la sécurité nationale, John Bolton.
Arrivée d'une aide humanitaire
Juan Guaidó a annoncé l'arrivée dans les prochains jours d'une aide humanitaire destinée au pays pétrolier à la frontière colombienne, au Brésil et sur une « île des Caraïbes », en demandant à l'armée de la laisser entrer. « Nous avons déjà trois centres de collecte pour l'aide humanitaire : Cucuta (Colombie), et il y en aura deux autres, l'une au Brésil et l'autre sur une île des Caraïbes », a déclaré le chef de l'opposition devant des milliers de partisans rassemblés à Caracas.
Juan Guaidó, qui n'a pas précisé de quelle aide humanitaire il s'agissait, a également annoncé la création d'une « coalition mondiale pour l'aide humanitaire et la liberté au Venezuela ». « Dans les prochains jours, commencera la collecte de l'aide humanitaire (...) de tout ce qui est nécessaire pour que notre peuple survive (...) Toi, soldat (...), tu auras entre les mains la décision » de la laisser entrer, a-t-il lancé. Washington a indiqué tenir prêts des aliments et des médicaments destinés au Venezuela pour un montant de 20 millions de dollars, mais Nicolás Maduro, qui attribue les pénuries aux sanctions américaines, estime qu'accepter l'aide humanitaire reviendrait à ouvrir la porte à une intervention militaire.
Un général rejoint l'opposition
Quelques heures avant le début de ces manifestations, un général de division de l'armée de l'air a annoncé faire allégeance à Guaidó, alors que Maduro compte sur le soutien déterminant des forces armées pour se maintenir au pouvoir. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, où il apparaît en uniforme, le général Francisco Yanez rejette « l'autorité dictatoriale » de Nicolás Maduro et « reconnaît le député Juan Guaidó comme président ». Se présentant comme directeur de la planification stratégique de l'armée de l'air, il est le premier militaire de ce rang à se rallier publiquement à Guaidó. Jusqu'ici, seul un colonel, attaché de défense aux États-Unis, avait franchi le pas. Le général Yanes a été immédiatement qualifié de « traître » par l'armée de l'air.
Estimant que « la transition vers la démocratie est imminente », le général Yanes affirme que « continuer à ordonner aux forces armées de continuer à réprimer notre peuple, c'est continuer avec les morts de faim et de maladies, et – Dieu nous en préserve – les combats fratricides ». Il dit avoir été informé par des « camarades démocrates » du groupe aérien présidentiel, responsable des déplacements de Maduro, que celui-ci « tenait prêts deux avions » en permanence. « Qu'il s'en aille ! », a-t-il lancé.
Ultimatum
Agitant des drapeaux aux couleurs rouge, bleu et jaune du Venezuela, les partisans de Guaidó se sont réunis durant plusieurs heures en cinq points de l'est de la capitale et ont commencé à marcher vers le siège de la représentation de l'Union européenne, dans le quartier de Las Mercedes. « Liberté ! Liberté ! Liberté ! » scandent les manifestants en tapant sur des casseroles ou en actionnant des cornes de brume, tandis que d'autres portent des pancartes avec le visage du président Maduro barré. « Écoutez la garde (bolivarienne), écoutez le Sebin (services de renseignement), ça va tomber, comme le mur de Berlin », peut-on lire par ailleurs. Ou encore : « Des Vénézuéliens meurent de faim faute de nourriture et de médicaments : Maduro assassin !".
L'opposition veut envoyer « un message à l'Union européenne » pour remercier « tous ces pays qui, très bientôt, vont nous reconnaître », selon Juan Guaido, 35 ans, qui préside le Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition. Celle-ci juge son second mandat, entamé le 10 janvier, illégitime, car issu d'élections frauduleuses. « Je suis sorti pour manifester mon soutien à Guaido. Dehors le dictateur ! », a déclaré Wilker Paredes, étudiant de musique de 23 ans en rejoignant le cortège.
« Allez au diable »
Le choix de défiler samedi n'est pas anodin : c'est le jour anniversaire des 20 ans de la « révolution bolivarienne », du nom du héros de l'indépendance Simon Bolivar. Il marque l'investiture, le 2 février 1999, du président socialiste Hugo Chavez, décédé en 2013 et dont se réclame Nicolas Maduro. De leur côté, les partisans de Maduro, dont beaucoup vêtus de rouge, se sont rassemblés au son de la salsa sur l'avenue Bolivar, dans le centre-ville, pour célébrer cet anniversaire. Devant une estrade, quelques-uns esquissaient des pas de danse.
« Gringo hors de ma patrie », peut-on lire sur le panneau d'un des manifestants. Zaida, qui se dit « révolutionnaire jusqu'à la moelle », explique à l'Agence France-Presse : « Je n'ai pas envie que ces maudits Américains confisquent les richesses du Venezuela ». « Allez au diable, Yankees de merde ! », est-il écrit sur une autre pancarte.
Ultimatum
Alors que le Parlement européen a appelé jeudi, en reconnaissant l'autorité de Juan Guaidó, tous les pays de l'UE à faire de même, six d'entre eux (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné à Nicolás Maduro jusqu'à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaidó comme président. Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, Nicolás Maduro, 56 ans, rejette l'ultimatum européen et accuse les États-Unis d'orchestrer un coup d'État.
Dans une main tendue à la Chine, Juan Guaidó a assuré samedi dans le South China Morning Post qu'il honorerait, une fois au pouvoir, les accords conclus entre Pékin et son pays et qu'il souhaitait entamer « dès que possible » le dialogue avec la Chine. Soucieux manifestement de maintenir les contacts avec les différentes parties, le ministère chinois des Affaires étrangères a souligné vendredi que Pékin et Caracas « coopèrent de façon pragmatique depuis longtemps. Indépendamment de l'évolution de la situation, rien de tout cela ne sera affecté ».« La rue et encore la rue pour défendre la patrie et la révolution », a lancé Nicolás Maduro à ses partisans.
Une quarantaine de morts
La tension grimpe à chaque appel à manifester au Venezuela. Une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées selon l'ONU depuis le début des mobilisations le 21 janvier. Le Venezuela, pays aux énormes ressources pétrolières, a sombré économiquement et ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d'une inflation galopante (10 000 000 % en 2019 selon le FMI). Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays.
En déplacement à Miami vendredi, le vice-président américain Mike Pence a maintenu la pression sur le gouvernement de Maduro : « Il est temps de mettre fin à la dictature de Maduro une bonne fois pour toutes. » « Les États-Unis continueront à exercer une pression diplomatique et économique pour aboutir à une transition pacifique vers la démocratie. » Juan Guaido a prévenu vendredi qu'il n'était prêt à des négociations que si le départ de Nicolás Maduro était dans la balance. « Nous serons intéressés par une négociation » dans le seul but de définir « les termes de la fin de l'usurpation, ce qui permettra de transférer le pouvoir (...) et de lancer un processus de transition aboutissant à des élections libres », a-t-il écrit dans un courrier adressé aux présidents de gauche du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, et d'Uruguay, Tabaré Vázquez. Ces deux pays ont annoncé mercredi la tenue d'une conférence des pays neutres vis-à-vis de la crise au Venezuela, le 7 février à Montevideo.

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