Des traces de pesticides dans les cheveux de citoyens européens
Les cheveux de 148 Européens ont été analysés. Dans 60 % des cas, ils contenaient des traces de pesticides, pourtant interdits en agriculture.
Quand des policiers veulent remonter plusieurs mois en arrière pour savoir si une personne a été empoisonnée ou a consommé de la drogue, ni les tests d’urine, ni les tests sanguins n’offrent autant de précision qu’une analyse des cheveux qui sont de véritables éponges à produits toxiques. C’est ce qui a poussé les écologistes du Parlement européen à faire étudier 148 échantillons capillaires de citoyens français, belges, italiens, danois, britanniques et allemands pour mesurer leur niveau d’imprégnation aux pesticides.
Les résultats de ces tests, qui seront dévoilés mercredi et que nous vous révélons, sont édifiants, car la présence de résidus de pesticides a été trouvée dans plus de 60 % des échantillons. Vingt-cinq citoyens français se sont prêtés à ces analyses en fournissant une mèche de leurs cheveux : dans 64 % des cas, des traces de produits toxiques ont été retrouvées. Le député écologiste européen Yannick Jadot a participé à ces tests et des traces de fipronil ont été détectées dans sa chevelure.
Ce produit antiparasite, pourtant interdit en agriculture et dans la consommation humaine, avait été au cœur de l’affaire des œufs contaminés en Europe l’an dernier. Il est aussi utilisé dans les produits anti-puces. « Je ne sais pas comment cette substance interdite a pu se retrouver dans mes cheveux ni comment, lors d’un test d’urine réalisé en 2016, on avait retrouvé des traces de glyphosate 19 fois supérieures à ce qui est autorisé dans l’eau, réagit l’élu européen. Mais c’est bien la preuve que nous sommes tous contaminés quel que soit notre mode de vie. »
Les enfants très exposés
Le plus inquiétant est de constater dans cette étude que les enfants et adolescents sont les plus exposés, leurs analyses de cheveux montrant la présence de pesticides dans 73 % des cas. Les 10-20 ans sont notamment les plus exposés au chlorpyriphos, l’un des pesticides les plus couramment trouvés dans les aliments européens.
« Comment se fait-il que la France l’autorise encore alors que huit pays européens l’ont interdit ? » s’insurge l’eurodéputée (EELV) Michèle Rivasi, qui s’étonne aussi de voir que 36 % des échantillons de cheveux français contenaient du perméthrine.
« Interdit depuis 2000 en agriculture, classé cancérogène probable pour l’homme, il est pourtant encore utilisé dans des insecticides répulsifs à usage domestique et en tant que conservateur du bois, relève l’élue. Si vous entrez dans une pièce où ces produits ont été pulvérisés, forcément vous en respirez. »
«Défaillance majeure de l’État»
Alors que la consommation de pesticides est repartie à la hausse l’an dernier en France, les députés écologistes français appellent l’État à interdire immédiatement tous les produits dont les substances actives sont considérées comme cancérigènes et à ne plus autoriser de dérogations.
« En 2007 déjà, lors du Grenelle de l’environnement, on nous avait promis de réduire par deux l’usage des pesticides mais la FNSEA (NDLR : le principal syndicat agricole) freine des quatre fers, fulmine Yannick Jadot. Aujourd’hui, on ne peut que constater la défaillance majeure de l’État dans sa capacité à protéger la santé des Français. »
(L'échantillon de la population me semble dérisoire. note de rené)
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