Refusant de travailler avec le Pentagone, des salariés de Google démissionnent
source : Usbek and RIca
En mars dernier, Google rendait public son implication dans un projet militaire du Pentagone batpisé Maven. Depuis, des salariés de l'entreprise ne cessent de protester contre cette collaboration. Pour les soutenir, plus de 90 universitaires spécialisés en intelligence artificielle, éthique et informatique viennent de publier une lettre ouverte pour exiger que Google arrête de travailler sur le projet. Reste à savoir quelle ligne éthique se fixera la plus grande entreprise technologique du monde.
2018 rime avec scandales technologiques : pendant que Mark Zuckerberg tente de s’excuser encore et toujours du vol de données personnelles effectué par Cambridge Analytica, Google se noie dans les multiples scandales qui frappent sa plateforme vidéo YouTube. Et doit maintenant gérer les protestations de ses employés contre le projet Maven.
Un projet qui consiste à appuyer l'armée américaine dans le traitement des données récoltées par ses drones. Et pour ce faire, la firme offre ses services au Pentagone sous la forme d’un « accès spécial » à Tensorflow, son système d’apprentissage automatique. Celui-ci permet de trier et d’analyser algorithmiquement les données envoyées par les drones de l’armée américaine, mais pourrait aussi servir à reconnaître et à traquer plus facilement des cibles potentielles.
Selon Google, cette technologie ne devrait servir qu’à analyser l’énorme quantité de données reçues chaque jour au sein du Pentagone. En effet, « les analystes humains ne peuvent plus suivre » selon Gregory C. Allen, chercheur au sein du Center for a New American Security dans un article publié par The Bulletin.
Démissions chez Google
Cette précision ne semble pas avoir convaincu certains employés de Google qui ne cessent de protester contre le projet, notamment par l’intermédiaire de pétitions. L’une d’entre elles, adressé à Sundar Pichai, a reçu plus de 4 000 signatures de salariés, qui réclamaient, outre l'abandon du projet, « une clarification et un renforcement de la politique de Google concernant les technologies militaires ». Face au maintien du projet par la direction, certains employés ont choisi de démissionner.
« Avec le projet Maven, Google s'implique dans la pratique contestable des assassinats ciblés »
Interrogés par le site Gizmodo, ces désormais ex-employés estiment que Google ne devrait pas s'impliquer dans les technologies militaires. Et critiquent le manque de transparence des dirigeants de l’entreprise.
La polémique s'étend depuis au-delà de l'entreprise. Une lettre ouverte signée par plus de 700 experts exposent clairement les motifs d'inquiétude : « Avec le projet Maven, Google s'implique dans la pratique contestable des assassinats ciblés [...] qui peuvent viser des individus en se fondant non pas sur leurs activités mais sur des probabilités issues de vidéos de surveillance. La légalité de ces opérations est remise en question par le droit international et le droit américain. »
Vous avez dit éthique ?
Pour se défendre, la direction de Google clame que l’annulation du contrat avec le Pentagone n’empêcherait pas l'armée américaine de se servir de son outil TensorFlow puisque celui-ci est en disponible en open source. Mais ce n'est pas là le seul objet du contrat, qui recouvre aussi une assistance technique des ingénieurs de Google auprès du ministère de la Défense. Plusieurs porte-paroles de l'entreprise s'attache depuis la révélation de l'affaire à défendre Maven, en interne comme auprès des médias.
D'autres projets émanant du Pentagone dont le bien-nommé « Joint Entreprise Defense Infrastructure » (JEDI), suscite également craintes et interrogations. Outre Google, IBM et Microsoft seraient sur les rangs pour accompagner le Pentagone dans la refonte du cloud de l'armée américaine.
Là encore, une pétition a recueilli de nombreuses signatures. Son objet est simple : interdire aux entreprises technologiques de travailler pour l'armée. Pour Lucy Suchman, anthropologue et signataire de la lettre ouverte, « même si Google est une entreprise basée aux Etats-Unis, elle a une obligation de protéger tous ses utilisateurs », précise-t-elle au site Gizmodo.
En avril, un porte-parole de Google estimait que le seul objectif de l'entreprise était de « sauver les gens d’un travail fatiguant et ennuyeux ». Il semblerait qu'elle ait d'autres objectifs en tête, loin du « Don’t be evil », son slogan des origines.
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Photographie à la Une : © Shutterstock
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