Barroso chez Goldman Sachs : un silence assourdissant
Barroso peut remercier l’Euro. « Pluie de critiques », titre Le Monde, après le pantouflage de l’ancien président de la commission européenne chez Goldman Sachs, la banque qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes, avant de spéculer contre la dette grecque. Une pluie, vraiment ? Disons une bruine, un crachin. Un seul ministre français a exprimé sa réprobation (le secrétaire d’Etat au commerce extérieur Matthias Fekl).
Dans la « pluie », on remarque aussi les eurodéputés socialistes français, qui avaient voté contre la reconduction de Barroso et, cohérents, protestent aujourd’hui contre son pantouflage.
Pas un mot d’un chef d’Etat européen
Et, s’agissant des responsables politiques, c’est tout. Pas un seul chef de parti. Pas un ministre important. Pas un chef d’Etat européen. Pas un mot de son successeur Juncker. Pour ne pas parler du président ou du Premier ministre français, fort occupés, c’est vrai, à faire les agents d’ambiance dans les fan zones.
Pas un seul, pour prononcer simplement ces mots : dans les négociations à venir sur le Brexit, et quand Barroso nous appellera pour défendre les intérêts de sa banque, puisque c’est le motif assumé de son embauche, nous ignorerons Barroso. Nous ne le prendrons pas au téléphone. Barroso n’existe plus.
José Manuel Barroso, au sommet tripartite du 23 octobre 2014 à Bruxelles - THIERRY CHARLIER/AFP
A l’inverse, écoutons les révoltés, les dégoûtés, les furieux. Que disent-ils ? La colère des europhiles est dirigée exclusivement... contre Barroso, que n’ont « jamais étouffé la morale et les convictions », tonne Jean Quatremer, furieux de ce mauvais coup porté aux « valeurs européennes qui ne sont justement pas celles de la finance débridée qu’incarne Goldman Sachs ». Qu’on se le dise : le Méchant majuscule, c’est Barroso, qui prostitue « les valeurs européennes », lesquelles, telles qu’incarnées dans les institutions, doivent rester immaculées, au-dessus de tout soupçon.
L’ordre des choses
Tout de même, amis europhiles qui exprimez une sincère colère, avez-vous entendu ce silence assourdissant ? Ne vous dit-il vraiment rien ? Si ce pantouflage ne gêne en rien les silencieux, c’est qu’il est implicitement considéré dans l’ordre des choses. Dans le système mental intime des silencieux, la Commission européenne et Goldman Sachs appartiennent à une même entité multiforme, obéissent à une même logique, servent les mêmes intérêts. Rien de choquant, sinon pour la galerie, à ce que l’on passe de l’une à l’autre.
Ainsi semblent-ils étrangement partager les constructions mentales complotistes europhobes, en même temps qu’ils les nourrissent, et les confirment. Barroso n’est rien. Seule existe la construction politico-technocratique qui l’a sélectionné, produit, nommé et qui, encore aujourd’hui, le couvre de son silence.
(Ils ne se cachent plus tellement, ils sont arrogants et que les multinationales et les banques sont sûres d'avoir gagné définitivement. Il faut fuir le cauchemar qu'ils nous ont préparé, "QUITTONS L'UNION EUROPEENNE ! note de rêne)
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