jeudi 30 septembre 2021

 (12 ans de guerre occidentales en Syrie, cela suffit, peut-être, non ? Parce qu'après tout cette guerre a été fait au nom de quoi ou de qui, d'Israël, de la démocratie agonisante en occident en utilisant des djihadistes qui la détestent, au nom de l'intérêt des multinationales, certainement pas au nom des peuples occidentaux. Résultat est qu'il y a tellement d'armes au Moyen Orient qu'une partie finissent par retourner en occident. note de rené)


Le soi-disant « berceau de la révolution » en Syrie a été libéré. La campagne occidentale pour renverser Bachar al Assad est pratiquement hors d’état de nuire


Reseau International
image_pdfimage_print

par Vanessa Beeley.

Après trois ans d’un cessez-le-feu fragile et une campagne d’assassinats de « fidèles » du gouvernement syrien par des groupes armés fondamentalistes intégrés, le drapeau syrien a de nouveau été hissé à Deraa Al Balad.

Les médias occidentaux persistent à présenter l’émergence de groupes armés extrémistes à Deraa, au sud de Damas, comme le « berceau de la révolution » visant à renverser le gouvernement syrien. La réalité est que Deraa a été le terrain de touche allumé par des mercenaires libyens purs et durs importés dans la ville avant 2011.

À partir de Deraa, les flammes « révolutionnaires » attisées par la coalition dirigée par les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël (avec la France, NdT), dont le siège se trouve en Jordanie et qui est financée par l’argent du sang des États du Golfe, vont embraser la Syrie pendant dix longues années.

À Deraa, les gangs extrémistes des Frères musulmans, soutenus par la CIA et le MI6, ont pris la tête du soulèvement orchestré, dont le pouvoir a été démultiplié par les armes et les factions terroristes libyennes et qui a été crédibilisé par le complexe médiatique colonial dirigé par la BBCCNN et Al Jazeera.

La tentative d’absorber les militaires extrémistes dans les brigades armées contrôlées par la Russie se retourne contre elle

En 2018, une trêve précaire a été négociée par les équipes de réconciliation russes, et les groupes armés illégaux restés à Deraa Al Balad, plaque tournante de la violente insurrection parrainée par les États-Unis, ont été persuadés de rendre leurs armes lourdes mais autorisés à conserver leurs armes légères dans le cadre de l’accord de paix.

La Russie a effectivement tenté de mettre au pas ces groupes armés brutaux en les absorbant dans des divisions armées fondées et contrôlées par la Russie.

Selon des médias proches des groupes armés, un ancien dirigeant de l’Armée syrienne libre, Ahmed Al-Awda, s’est vu confier le commandement de la 8e brigade, « une subdivision du cinquième corps fondé par la Russie ».

Toutefois, il s’agit peut-être d’une erreur de calcul de la part de la Russie, qui souhaitait mettre fin rapidement aux combats sur le front sud. Les groupes armés qui avaient commis de multiples crimes de guerre et atrocités contre les civils syriens et les forces armées antiterroristes n’avaient pas l’intention de renoncer à leur campagne de représailles contre toute personne qu’ils considéraient comme loyale au gouvernement et à l’État syriens.

Une offensive vicieuse a été déclenchée par ces bandes extrémistes autrefois associées aux factions terroristes d’Al-Qaïda et de l’EI dans la région du sud.

Depuis la mi-2019, même l’Observatoire syrien des « droits de l’homme », financé par l’UE, a fait état de plus de 1136 attaques et assassinats qui ont coûté la vie à 774 Syriens, dont 12 femmes et 22 enfants, par des tirs d’armes à feu, des détonations d’engins explosifs improvisés, ainsi que des attentats-suicides en voiture et en moto.

Les gangs se sont également battus entre eux, assassinant des chefs et des membres de gangs rivaux.

En juillet 2021, des civils, dont un enfant, ont été tués et blessés lorsque les gangs armés ont bombardé l’hôpital national de Deraa, après avoir manifestement reconstitué leur arsenal d’armes lourdes.

La présence des forces spéciales britanniques dans la région indique que les groupes armés continuent d’être formés par les Britanniques à l’utilisation d’engins explosifs improvisés dans le cadre d’opérations antigouvernementales. En mars 2020, des hélicoptères Chinook de la RAF basés à Chypre ont été mobilisés pour secourir un soldat SAS blessé par l’explosion d’un engin explosif improvisé « au cœur de la zone de guerre » dans le sud de la Syrie.

J’ai rencontré Adham Alkarad, commandant de la division du génie et des missiles de l’ASL, en septembre 2018 après une visite précaire à Deraa, alors que l’encre n’était pas encore sèche sur l’accord négocié par la Russie.

Alkarad m’a abordé en tant que journaliste britannique, supposant que j’étais sympathique à la cause, et m’a informé qu’ils ne capituleraient jamais et que, même avec des armes légères, ils poursuivraient leur violente croisade soutenue par la coalition étatsunienne pour renverser le gouvernement syrien et anéantir les « loyalistes » qui condamnaient la présence du groupe armé à Deraa.

Alkarad m’a dit à l’époque que les manifestations allaient se poursuivre et qu’il contacterait directement la BBC et CNN pour obtenir leur couverture et leur soutien.

Alkarad a conçu la fusée Omar de 500 kg qui a causé d’horribles dégâts aux infrastructures civiles et aux cibles militaires pendant le règne de la terreur à Deraa. Alkarad a lui-même été assassiné par des inconnus en octobre 2020.

Damas perd patience avec l’extrémisme armé et reprend le contrôle de Deraa Al Balad

Après des mois de négociations, de siège et d’affrontements militaires entre Damas et les groupes armés de Deraa, un cessez-le-feu définitif a été obtenu le 31 août, la Russie jouant un rôle moins important dans le règlement. Une semaine avant la conclusion de cet accord, le roi Abdallah II de Jordanie avait rencontré le président Poutine à Moscou pour donner la priorité à la résolution des problèmes de sécurité à Deraa.

Le 9 septembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a expliqué l’accord négocié pour résoudre les tensions dans la province de Deraa. Il est intéressant que cette explication ait été donnée lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid.

L’accord russe initial de 2018 avec les groupes armés avait offert à Israël des garanties que l’Iran et le Hezbollah seraient maintenus à une distance sûre des frontières israéliennes avec la Syrie.

Lavrov a effectivement annoncé que la province serait rendue aux forces légitimes de l’Armée arabe syrienne et que les militants extrémistes devraient à nouveau rendre leurs armes lourdes. Des négociations sont en cours sur la destination du retrait des groupes armés, car il est « peu probable qu’ils restent à Deraa ».

Il s’agit d’un coup dur pour Israël, dont les violations continues de l’espace aérien libanais et l‘agression illégale contre la Syrie n’ont pratiquement pas fait l’objet de représailles armées et ont été à peine rapportées par les médias occidentaux.

Cela pourrait changer avec le retour de Damas aux commandes dans le sud du pays et le changement de pouvoir qui ouvrira presque certainement la porte à une présence militaire iranienne et du Hezbollah plus proche des frontières entre Israël et la Syrie, afin de dissuader les offensives israéliennes.

Certes, lorsque je suis entré dans Deraa Al Balad le 12 septembre, nous avons vu des drapeaux russes et syriens flotter côte à côte, mais sur la place elle-même, c’est le drapeau syrien qui occupait la première place. D’après les conversations que j’ai eues avec des civils, il était clair que la « paix » était encore brute et volatile. Des soldats syriens de la 15e division m’ont parlé des perspectives de résolution durable et se sont montrés optimistes.
Une flambée entre des membres de groupes armés et des soldats syriens a été désamorcée de manière respectueuse pendant notre séjour. Les enfants à qui j’ai parlé m’ont dit qu’ils étaient heureux de pouvoir enfin retourner à l’école. Il est trop tôt pour prédire l’issue de cet accord, mais il est clair qu’il n’y aura pas de compromis sur le retour de Deraa et de sa campagne environnante sous le contrôle de Damas et de l’armée syrienne tant que la paix n’aura pas été entièrement rétablie et que les relations entre l’État et les citoyens ne seront pas normalisées.

Que signifie ce changement de pouvoir pour Damas et la coalition étatsunienne, y compris Israël ?

Il est important d’examiner les événements de Deraa dans le contexte des alliances et concessions géopolitiques émergentes, afin de saisir la signification de ce qui vient de se passer dans le sud de la Syrie.

Le 13 septembre, le premier ministre israélien, Naftali Bennet, s’est rendu en Égypte pour la première fois en dix ans, apparemment pour discuter des relations entre Israël et la Palestine avec le président Abdel Fatah Al-Sisi. L’Égypte s’oriente vers une normalisation de ses relations avec la Turquie, tendues depuis le renversement de l’homme des Frères musulmans au Caire, le président Mohammed Morsi, en 2013.

Le consul général égyptien à Damas a laissé entendre que les conditions d’un rétablissement complet des relations bilatérales égypto-turques étaient le retrait de la Turquie du territoire syrien.

La concession la plus importante faite à Damas à la suite de Deraa a peut-être été faite par les États-Unis eux-mêmes. Désespérant d’éviter que le Hezbollah ne soit salué comme le champion du peuple libanais après avoir assuré l’approvisionnement en pétrole de l’Iran via la Syrie, l‘ambassadeur étatsunien au Liban est intervenu pour lever partiellement les sanctions contre la Syrie afin de faciliter le transfert de gaz naturel et d’électricité de l’Égypte vers le Liban via des pipelines entre la Jordanie et le sud de la Syrie.

Certaines parties des oléoducs en Syrie ont besoin d’être réparées car elles traversent Deraa en direction de Homs, puis de Tripoli au nord du Liban.

Cela nous informe non seulement sur la raison pour laquelle Deraa était un élément central des plans étatsuniens de vol d’énergie et de ressources en Syrie, mais nous montre également l’intelligence des mesures prises par Damas pour sécuriser Deraa à ce moment crucial de la partie d’échecs régionale. Les États-Unis se sont vus forcer la main par une nation qui résiste depuis dix ans à leur intervention militaire par procuration et par les alliés les plus fidèles de la Syrie au Liban.

La Jordanie tente depuis un certain temps de se libérer de ses chaînes coloniales et de normaliser ses relations commerciales avec la Syrie voisine. La percée a eu lieu en septembre 2021, lorsque la Syrie a été incluse dans une réunion quadripartite organisée par la Jordanie et comprenant le Liban et l’Égypte, afin de se concentrer sur la logistique de la fourniture de gaz et d’électricité égyptiens au Liban dépourvu d’énergie. Il s’agissait de la première visite de responsables syriens en Jordanie depuis 2011, date du début de la sale guerre menée par la CIA et le MI6 contre la Syrie.

Le coup de grâce aux agendas néocolonialistes de la coalition étatsunienne et d’Israël/Turquie en Syrie a été donné par le sommet entre le président Assad et le président Poutine le 16 septembre à Moscou. Au cours d’une session à huis clos de 90 minutes, les deux dirigeants ont discuté des priorités militaires, politiques et économiques, dont le retour de la province de Deraa sous le contrôle de l’État syrien et la potentielle libération totale et définitive d’Idlib, dans le nord-ouest, de l’occupation terroriste directe et par procuration de la Turquie.

Ce sommet, ainsi que la condamnation par la Syrie et la Russie de l’occupation et de l’annexion illégales du territoire syrien par la Turquie et les États-Unis, n’est pas de bon augure pour le projet de changement de régime des États membres de l’OTAN, qui a été un échec cuisant et coûteux depuis son lancement en 2011.

Les conséquences de la résolution de Deraa seront d’une grande portée pour Israël, la Turquie et le projet de la CIA/MI6 visant à contrôler le pôle économique central syrien au Moyen-Orient.

Damas, la Russie, l’Iran et le Hezbollah ont volé la vedette à leurs ennemis, malgré la pression que subit la Syrie en raison de la guerre à multiples facettes menée contre elle depuis dix ans, et il reste à voir comment la coalition étatsunienne tentera de se relever de cette défaite ignominieuse et d’éviter d’admettre qu’ils ont été contraints de faire un premier pas dans la normalisation des relations avec le président Assad.


source : https://www.rt.com

traduit par SLT

via http://le-blog-sam-la-touch.over-blog.com


Aucun commentaire: