lundi 26 octobre 2020

 Activités US de militarisation biologique : la Chine exige des explications

par Mikhail Gamandiy-Egorov.

Les activités de militarisation biologique des États-Unis inquiètent nombre de pays, notamment la Chine. À cet effet, Pékin exige des clarifications de la part de Washington.

La Chine a exhorté les USA d’apporter une clarification sur leurs activités de militarisation biologique à l’étranger. C’est ce qu’a déclaré Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Xinhua.

Ces remarques ont été faites par le haut responsable chinois en réponse à une question au sujet d’un rapport selon lequel Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, a déclaré que les activités de recherche des États-Unis dans les laboratoires biologiques de certains pays membres de la Communauté des États indépendants ont suscité de vives inquiétudes.

Partageant les inquiétudes de M. Medvedev, qui considère que les recherches menées par les USA dont il est question manquent de transparence et vont à l’encontre des règles de la communauté internationale et des organisations internationales, M. Zhao a également indiqué que « ce n’est pas la première fois que la communauté internationale exprime son inquiétude quant aux activités de militarisation biologique des États-Unis dans d’autres pays ». Ajoutant que la Chine a souligné à maintes reprises que de telles activités n’étaient pas transparentes, sûres ou justifiées.

Il a également indiqué que, selon les reportages des médias, les États-Unis ont mis en place de nombreux laboratoires biologiques dans 25 pays et régions à travers le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et l’ex-Union soviétique, dont 16 rien qu’en Ukraine. Certains des endroits abritant ces laboratoires ont connu des flambées à grande échelle de rougeole et d’autres maladies infectieuses dangereuses. USA Today rapporte que depuis 2003, des centaines d’incidents impliquant des contacts accidentels avec des agents pathogènes mortels se sont produits dans les laboratoires biologiques américains, à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis. Cela peut entraîner l’infection des contacts directs, qui peuvent ensuite propager le virus dans les communautés et déclencher une épidémie.

Le porte-parole de la diplomatie chinoise a également soulevé des questions sur l’objectif de la construction de tant de laboratoires biologiques à travers le monde, ainsi que sur leurs normes de sécurité.

« Pourquoi construire ces laboratoires dirigés par l’armée ? Combien de ressources biologiques sensibles et combien d’informations ont-ils glanées dans les pays concernés ? », s’est interrogé M. Zhao, avant d’exiger de savoir s’il existe un danger potentiel de fuite.

« Pourquoi les États-Unis, depuis plus d’une décennie, entravent les négociations en faveur d’un protocole de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT) qui comprend un régime de vérification ? », a poursuivi le haut diplomate.

Les États-Unis doivent faire preuve d’ouverture, de transparence et de responsabilité, répondre aux préoccupations internationales, mettre en œuvre fidèlement leurs obligations envers la CABT, clarifier leurs activités de militarisation biologique à l’étranger et cesser de bloquer les négociations en faveur d’un protocole comprenant un régime de vérification, a déclaré M. Zhao.

En termes de perspectives, et au-delà de l’inquiétude que suscitent, aussi bien auprès de Pékin que de ses alliés, les dits travaux, il serait également juste de dire qu’une fois de plus Washington fait preuve d’une véritable politique de doubles standards. Pour un pays qui ne rate jamais la moindre occasion d’accuser ses adversaires géopolitiques, ainsi que nombre d’autres États souverains, quant au fait de mener des activités non-transparentes – que ce soit dans le cadre d’armements chimiques ou nucléaires, reste par la même occasion à ce jour le champion du manque de transparence sur des sujets aussi sensibles que la militarisation biologique. Surtout, et cela est connu, que ces recherches ne se limitent pas aux laboratoires étasuniens, mais sont présents dans nombre de pays appliquant les prérogatives washingtoniennes, notamment l’Ukraine, mentionnée déjà à plusieurs reprises.

Il faudrait également probablement rappeler que si un pays manque de transparence vis-à-vis de la communauté internationale sur des sujets aussi sensibles, et refuse d’engager un régime de vérification dont la nécessité a été rappelée par le porte-parole de la diplomatie chinoise, l’approche vis-à-vis de tels comportements devrait aller dans le sens des sanctions. S’il est vrai que les USA et nombre d’autres États occidentaux continuent de penser qu’ils sont les seuls ayant un tel droit, tout en étant une minorité évidente au sein de la communauté internationale, il est toujours important d’émettre quelques rappels de bon sens à ce sujet, à l’instar du leadership chinois.

Au-delà des sanctions, d’autres mesures de protection seront fort probablement nécessaires face au risque d’une propagation incontrôlée d’agents pathogènes fortement dangereux pour les habitants de la planète. Peut-être que d’ailleurs c’est l’une des raisons de l’importance accordée par des pays comme la Chine, la Russie ou encore l’Iran à la protection biologique. Et du moment que certains États s’obstinent encore à ne pas reconnaitre la réalité multipolaire mondiale, des provocations ou agressions visant les partisans de la multipolarité ne sont certainement pas à écarter.

source : http://www.observateurcontinental.fr

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