vendredi 1 mars 2019

GAFAM : profits extravagants, taxation dérisoire



Les politiques s’agitent, les profits se cachent
 
Bien sûr, leurs cours en bourse ont cessé leur ascension météoriques, mais dans la réalité, les résultats 2018 des GAFAM n’en restent pas moins stupéfiants. Commençons par Alphabet, la maison mère de Google : 136,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de plus de 20%, un résultat net qui bat tous les records, à 30,7 milliards  ! Malgré une année difficile, Facebook engrange 56 milliards de CA, pour 22 milliards de profits, une hausse respective de 37 et 39% par rapport à 2017  ! Sur l’année fiscale 2018, Microsoft, de son côté, a réalisé 110 milliards de dollars de vente et 30 milliards de profits, quand le titan Apple a atteint respectivement 265 et 59 milliards de dollars.
 
En une seule année, le chiffre d’affaire de ses géants a bondi de plus de 20%, à 565 milliards de dollars, et leurs profits se sont envolés à plus de 140 milliards, près de 25% du CA, après impôts ! Le signe que les titans du numérique se sont constitués de belles rentes pour leurs actionnaires et leurs dirigeants, au détriment de beaucoup de média, qui se sont vus vampiriser leurs ressources publicitaires par Alphabet et Facebook. Problème, ces entreprises parviennent à détourner plus de 90% du chiffre d’affaires réalisés en France, que l’on peut estimer à 25 milliards, et donc 6 milliards de profits. Ainsi, ces quatre géants évitent près de 2 milliards d’impôt sur les sociétés en France.
 
En 2017, quelques pays européens avaient fait mine de vouloir davantage faire payer d’impôts aux GAFAM, mais les parasites fiscaux notoires de l’UE étaient absents… Aujourd’hui, après l’échec des discussions européennes, Bruno Le Maire a annoncé une initiative française d’ici la fin du mois, mais pour qui prend un peu de recul, toute taxation sur le chiffre d’affaires serait dérisoire étant donné que 90% du chiffre d’affaires véritablement réalisé en France est détourné dans d’autres pays européens grâce aux règles de l’UE. Autant dire qu’une telle taxe aurait un rendement dérisoire par rapport à la réalité, ce que le ministre de l’économie feint d’ignorer, alors qu’il ne peut pas ne pas le savoir.
 
Voici exactement le genre de sujet qui font que les Gilets Jaunes se mobilisent, cette injustice fiscale criante qui fait que les multinationales trouvent des dispositifs pseudo-légaux pour échapper de payer leur juste contribution à la société. Joseph Stiglitz avait justement écrit que la seule solution serait de mettre en quarantaine les parasites fiscaux. Problème, dans l’UE, les capitaux circulent librement entre des pays comme la France et les nombreux parasites fiscaux qui en font partie, ouvrant de multiples possibilités aux multinationales d’échapper au paiement de l’impôt, de la facturation de services divers pour baisser les profits dans certains pays, jusqu’à la localisation du CA...
 
 
Bref, il y a fort à parier que le projet de loi de Bruno Le Maire sera totalement dérisoire, tant il ignore toutes les distorsions du système fiscal que permet cette UE, où les intérêts des multinationales sont toujours bien servis, au détriment de l’intérêt général. Nos dirigeants s’agitent pour tenter de donner le change, mais comme le montrent les Gilets Jaunes, ils sont rattrapés par une triste réalité.

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