(C'est bien pour ça que les anglais ont voté pour quitter l'UE qui participe à réduire à la misère les peuples, pas, les nantis et détruit les classes moyennes. Quoiqu'en disent nos médias, ils ont plus à gagner qu'à perdre sauf si theresa may leur colle un accord type accord de libre échange. note de rené)
Les Nations Unies dénoncent la « grande misère » britannique
MARION L'HOUR 22/11/2018 source : Alternative Economique
« Les gens doivent savoir que l’austérité est terminée ! » La première ministre britannique a créé la surprise début octobre, à la tribune du congrès de rentrée du parti conservateur. Un demi sourire aux lèvres, Theresa May annonce que « le dur travail a payé : (...) la dette nationale diminue.
Mais à quel prix ! La cheffe du gouvernement le reconnaît elle-même, ces économies ont nécessité de geler les salaires des fonctionnaires, couper dans les budgets locaux... Le résultat se lit noir sur blanc dans le document que vient de rendre le rapporteur spécial des Nations Unies.
Austérité à tous les étages
Philip Alston a arpenté pendant deux semaines le Royaume-Uni. A l’arrivée, il dépeint une situation alarmante. La cinquième économie mondiale compte 14 millions de pauvres, soit un cinquième de sa population. « C’est évident pour qui ouvre ses yeux et observe la multiplication des banques alimentaires et les files de gens qui attendent devant, les gens qui dorment dans la rue et le désespoir profond qui conduit le gouvernement à recruter un ministre de la Prévention du suicide »
Le ministère de l’Intérieur a perdu 19 000 policiers, près de 500 bibliothèques ont fermé, et l’argent dépensé en aide sociale a diminué de 5,8%...
Depuis l’arrivée au pouvoir de David Cameron en 2010, l’austérité imprime sa marque sur l’île : les conseils locaux (« councils ») ont vu leurs fonds rognés de moitié, le ministère de l’Intérieur a perdu 19 000 policiers, près de 500 bibliothèques ont fermé, et l’argent dépensé en aide sociale a diminué de 5,8%... En cause, selon le rapporteur ? La réforme - entre autres - du système social, avec comme emblème le Universal credit, qui remplace progressivement toutes les aides existantes.
L’Europe accusée
D’autres changements jouent, comme la limitation des allocations familiales à deux enfants, ou le changement de la « disability allowance » (allocation handicapés) en « personnal independance payment ». « Les bénéficiaires ont du faire ré-évaluer leur handicap, explique Thiemo Fetzer, professeur à l’université de Warwick. Sauf que la tâche était déléguée à des entreprises privées, qui n’avaient pas toujours les compétences. » Le chercheur cite également les frais de scolarité qui ont explosé dans les universités en manque de fonds publics : « Ici à Warwick, un étudiant peut payer jusqu’à 10 000 £ (11 200 euros) par an. ».
L’économiste Thiemo Fetzer estime que l’austérité était en fait le facteur déterminant du vote Brexit en 2016
Il y a aussi la taxe locale, étendue en 2013 aux plus modestes, qui en étaient jusque-là exemptés. « Les données montrent que les gens qui ont soudain dû payer cette taxe ont dérivé vers le parti populiste et pro-Brexit Ukip », affirme Thiemo Fetzer. Données à l’appui, le professeur de science économique estime que l’austérité était en fait le facteur déterminant du vote Brexit en 2016. « 20 à 30% des électeurs qui ont voté ‘Leave’ (pour la sortie de l’Union Européenne, ndlr)ne l’ont pas fait par conviction mais parce que lors de la campagne les Brexiters ont su mettre l’austérité sur le dos de l’Union Européenne. Or nous n’avons jamais fait l’objet d’une procédure pour déficit excessif. »
Regrets ?
Le Brexit, symptôme de l’austérité britannique ? Il pourrait en tout cas l’aggraver craignent à la fois Thiemo Fetzer et le rapporteur des Nations Unies. « La chute de la livre a déjà augmenté le coût de la vie de 400£ (euros) par an, note Philip Alston. Le Royaume-Uni va perdre des millions de livres de fonds européens, ce qui va frapper plus les zones les plus pauvres. » Les contours du « Fonds de prospérité partagée », promis par le gouvernement pour compenser les 1,2 milliards £ d’aides européennes (1,35 milliards d’euros), restent aujourd’hui très flou. Et l’exécutif britannique refuse d’admettre les conclusions du rapporteur des Nations Unies. « La pauvreté est un choix politique », résume-t-il. Le gouvernement aurait pu choisir de préserver ses minimas sociaux, il a préféré réduire les taxes.
Et les électeurs commenceraient à s’en rendre compte. « Selon mes nouvelles recherches, il y a chez ceux qui ont voté pour le Brexit une confrontation avec la réalité, développe le professeur Thiemo Fetzer. Ceux – principalement issus des classes populaires - qui ont voté par protestation repensent leur choix, et sont en train de changer d’avis. »
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