Et si vous construisiez votre maison en terre crue ?
source : We Demain
Locale, écologique et performante, la terre crue fait son grand retour dans l'architecture. Avec des projets d’envergure, comme la construction d’un quartier entier à partir des déblais du Grand Paris Express. Explications.
Par Anaïs Marechal I Publié le 31 Octobre 2018
À Angers, l’agence Bauchet et de La Bouvrie architectes veut construire un habitat collectif et participatif en terre crue (Crédits : Air studio / Agence Bauchet et de La Bouvrie).
Et si vous construisiez votre maison … en terre crue ? L’idée peut paraitre étonnante, mais elle séduit de plus en plus de cabinets d’architectes. Pour preuve, un quartier entier en terre crue va sortir de terre à Ivry-sur-Seine d’ici à 2030. « Plusieurs millions de tonnes de déblais vont être extraits pour creuser les tunnels du Grand Paris Express, détaille Thierry Joffroy, architecte et directeur scientifique de CRAterre, laboratoire de recherche spécialisé dans la construction en terre à l’école d’architecture de Grenoble. L’idée est de transformer ces déchets en un matériau de construction. »
À la clé, un village de 30 000 m2, comprenant entre autres 300 logements construits sur le principe de l’économie locale et circulaire.
Très populaire au XIXèmesiècle notamment dans la région Auvergne Rhône-Alpes, ce matériau naturel a presque disparu après la Seconde guerre mondiale au profit de productions industrielles en béton et acier. Quelques étudiants en architecture s’y sont intéressés dans les années 70, permettant à un quartier HLM, le Domaine de la terre, de voir le jour en 1985. Mais les répercussions sont faibles et le soufflé retombe.
« Il y a un vrai virage depuis quatre ans : des sociétés de taille nationale commencent à s’y intéresser, c’est en train de prendre de l’ampleur », souligne Thierry Joffroy. La raison ? « La transition écologique ! Les industriels s’y préparent, et lorsque l’on cherche à diminuer les émissions de CO2, le concept du circuit court interpelle. »
À la clé, un village de 30 000 m2, comprenant entre autres 300 logements construits sur le principe de l’économie locale et circulaire.
Très populaire au XIXèmesiècle notamment dans la région Auvergne Rhône-Alpes, ce matériau naturel a presque disparu après la Seconde guerre mondiale au profit de productions industrielles en béton et acier. Quelques étudiants en architecture s’y sont intéressés dans les années 70, permettant à un quartier HLM, le Domaine de la terre, de voir le jour en 1985. Mais les répercussions sont faibles et le soufflé retombe.
« Il y a un vrai virage depuis quatre ans : des sociétés de taille nationale commencent à s’y intéresser, c’est en train de prendre de l’ampleur », souligne Thierry Joffroy. La raison ? « La transition écologique ! Les industriels s’y préparent, et lorsque l’on cherche à diminuer les émissions de CO2, le concept du circuit court interpelle. »
LA TERRE CRUE, UN MATÉRIAU LOCAL ET TRÈS ÉCOLOGIQUE
Matériau naturel largement répandu, la terre provient de carrières, talus ou de déblais toujours proches du lieu de construction pour minimiser le transport. Le bilan environnemental est donc très intéressant. La terre crue confère aussi au bâtiment une très bonne inertie thermique, une bonne isolation phonique et une régulation naturelle de l’humidité.
Pisé, brique stabilisée, bauge ou torchis : la technique est choisie selon la terre à disposition et l’environnement de construction. « Si elle est bien construite, une maison en terre crue peut durer jusqu’à plusieurs centaines d’années. Par exemple, les mosquées du Nord du Mali datant du XIVèmesiècle sont toujours debout », rappelle l’architecte.
Pisé, brique stabilisée, bauge ou torchis : la technique est choisie selon la terre à disposition et l’environnement de construction. « Si elle est bien construite, une maison en terre crue peut durer jusqu’à plusieurs centaines d’années. Par exemple, les mosquées du Nord du Mali datant du XIVèmesiècle sont toujours debout », rappelle l’architecte.
Le ksar d’Aït Ben-Haddou, au Maroc, classé au patrimoine de l’Unesco, est un exemple de construction traditionnelle en terre. (Crédit : Wikipedia)
Mais le savoir-faire a été perdu, et aujourd’hui seuls quelques centaines de professionnels du bâtiment maitrisent les contraintes de la terre crue. Si les techniques ont évolué et la filière se développe, le processus de construction reste encore plus long que pour une habitation traditionnelle et « cela entraine un surcoût, c’est l’équivalent dans l’alimentation du bio par rapport au conventionnel. »
UN MODÈLE ÉCONOMIQUE À VALIDER
Pour rendre la technique attractive et industrialisable, l’enjeu est maintenant de réduire les coûts en mécanisant le processus. C’est l’objectif du projet Cycleterre, lancé à Sevran en 2017, qui promet de monter une fabrique capable de recycler 25 000 m3de terre chaque année. Un démonstrateur indispensable pour valider ce nouveau modèle de construction en circuit court.
Prometteur alors que le secteur de la construction est responsable de 70% des déchets français selon l'Ademe.... Quand on sait que la région Ile-de-France produira à elle seule 500 millions de tonnes de déblais dans les 15 prochaines années, construire en terre crue semble une alternative à creuser.
Prometteur alors que le secteur de la construction est responsable de 70% des déchets français selon l'Ademe.... Quand on sait que la région Ile-de-France produira à elle seule 500 millions de tonnes de déblais dans les 15 prochaines années, construire en terre crue semble une alternative à creuser.
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