Il n’y a plus d’herboriste diplômé en France
Marie Roubieu vient de décéder à l’âge de 97 ans. Elle était la dernière survivante des herboristes titulaire du diplôme supprimé en 1941. Il n’a jamais été rétabli depuis.
La France est le seul pays d’Europe à ne pas reconnaître l’herboristerie. / Brad Pict - stock.adobe.com
Son nom est inconnu du grand public. Seul un petit cercle de spécialistes des plantes médicinales la connaissait. Marie Roubieu avait obtenu son diplôme officiel d’herboriste avant que le régime de Vichy ne l’abolisse en 1941, au profit des pharmaciens. « Elle apprenait aux autres à reconnaître les plantes, les sentir, les goûter, les cueillir, avec une rigueur très scientifique. On faisait des sorties sur le terrain et des voyages botaniques aux Caraïbes pour trouver des arbres à épices », raconte Clotilde Boisvert, botaniste, qui a fondé en 1980 « L’École des Plantes CB » à Paris.
En dépit des promesses des gouvernements successifs, la France reste le seul pays de l’Union européenne à ne pas reconnaître la profession d’herboriste. « L’herboristerie se meurt », regrette Michel Pierre, auteur de nombreux livres sur les bienfaits des plantes (1) et patron de la célèbre Herboristerie du Palais-Royal (à Paris). Car depuis une quinzaine d’années, explique le spécialiste, 143 plantes bénéfiques pour la santé sont en vente libre dans les grandes surfaces. Quant aux autres plantes médicinales, elles ne peuvent être vendues qu’en pharmacie. Un marché qui n’intéresse pas forcément les officines, si bien qu’on a du mal à les trouver.
Une industrialisation de la phytothérapie
Les pharmaciens préfèrent commercialiser des produits confectionnés à partir de molécules de plantes qui occupent moins de place et coûtent plus cher que des sachets de thym ou d’ortie. « On assiste clairement à une industrialisation de la phytothérapie. Environ 500 plantes – et bientôt près d’un millier – peuvent ainsi être utilisées comme compléments alimentaires sous forme de gélules, ampoules ou concentrés. Mais on n’a pas pour autant le droit de les vendre comme plantes pour tisane », déplore Michel Pierre, qui persiste à vendre de la bruyère en tisane, quitte à se mettre hors-la-loi.
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De la passiflore, qui aide à mieux dormir, aux feuilles de cassis, qui soulagent les douleurs articulaires, en passant par celles du noisetier qui stimulent la circulation sanguine, les irréductibles qui continuent à proposer ces remèdes de grand-mère sont de plus en plus rares. Il n’existe plus qu’une cinquantaine d’herboristes en France. Ils se sont récemment regroupés au sein d’un syndicat, Synaplante, pour réclamer que la loi change. Une situation paradoxale, alors que l’engouement pour les plantes n’a jamais été aussi fort.
(1) Dernier livre paru : La Bible des plantes qui soignent, Éd. Chêne
(Hollande, ex président français les avait fermé pour favoriser les médocs de big pharma. note de rené)
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