dimanche 28 janvier 2018

L’OMBRE DE JACQUES ATTALI PLANE SUR LA « MONTAGNE D’OR »(France)

30/10/2017 Wuko source : Libre Actu

Vendredi 27 octobre, à Cayenne, Emmanuel Macron a réaffirmé son soutien à la « Montagne d’Or » (1), un gigantesque projet de mine d’or située au cœur de la Guyane française. Ce projet très controversé est jugé désastreux pour l’environnement, aussi bien par les associations écologistes que par les populations locales (2). Selon un rapport du WWF, ce serait même un mirage économique (3).
Deux groupes sont derrière ce consortium, Nordgold, une entreprise minière russe, à 55% et la société canadienne Columbus Gold à 45%. Intéressons-nous de plus près à Columbus Gold. En effet il est important de noter que cette société, une « junior », est en charge de la prospection, de l’exploration, des études de faisabilité et d’impact, et donc de recueillir l’ensemble des autorisations nécessaires, tandis que Nordgold, machine de guerre du secteur, exploitera le gisement.

Les bureaux de Columbus Gold sur le site de la Montagne d’Or

Dans cette optique, l’entreprise canadienne a mis en place en septembre 2013 un Comité consultatif ou Comité de conseil (Advisory Board en anglais) composé « d’individus aux compétences uniques » pour aider à l’avancement du « Paul Isnard Gold Project » (autre nom du projet) situé en Guyane (4). Il était composé à l’origine de trois membres : Marie-Hélène Bérard, ancienne conseillère de Jacques Chirac, trésorière de La Fondation Chirac, mais aussi administratrice du fond d’investissement russe Verno Capital, le géologue et chaire en entreprenariat minier à l’Université du Québec, Michel Jébrak et le troisième qui n’est autre que Jacques Attali, ou plutôt était ! En effet il a soudainement disparu du « Board », précisément deux jours après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence selon Bloomberg (5), et a été remplacé par Pierre Cunéo, haut fonctionnaire et ancien directeur de cabinet de Delphine Batho entre autres. Celui qui se présente lui-même comme un des mentors du « golden boy de la République » a donc occupé cette position stratégique entre septembre 2013 et le 9 mai 2017.
Lors de sa précédente visite du site en août 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, vantait, dans Les Échos (6), le projet de Columbus Gold sans la moindre réserve, et affirmait « Nous devons également simplifier et accélérer l’instruction des permis miniers. C’est pour moi l’un des enjeux du code minier. Actuellement, les demandeurs attendent trop longtemps. »
La société canadienne a d’ailleurs vivement salué l’élection d’un président « pro-business » (7) ! Le contraire nous aurait étonnés.

Jacques Attali a-t-il influencé la position d’Emmanuel Macron sur le dossier de la « Montagne d’Or » ? Difficile d’imaginer que ce ne soit pas le cas.
Comment expliquer sa brusque démission du « Board » de Columbus Gold ? Une démission d’autant plus curieuse qu’elle n’a fait l’objet d’aucune communication de la part de la société canadienne (idem pour la nomination de Pierre Cunéo), pourtant très habituée aux communiqués de presse exhaustifs. L’économiste et l’entreprise ont-ils cherché à dissimuler les liens indirects entre Columbus Gold et l’exécutif au moment où se joue l’avenir du projet ? Quoi qu’il en soit le timing est pour le moins… troublant. Nous avons cherché à joindre le siège de Columbus Gold, sans succès.

Le gouvernement devrait lancer une grand consultation publique en mars 2018, d’ici là vous pouvez vous opposer massivement au projet en signant une pétition intitulée « Président Macron : Non à la mine d’or industrielle en Guyane ! » qui a déjà recueilli plus de 194.000 signatures.
Bref, comme aurait pu le dire Pierre-Emmanuel Barré, #MakeOurPlanetGreatAgain mais pas quand ça touche aux intérêts des copains !