France. 90% de la France menacée par un décret scélérat
source : La Tribune de l'art
Il y a des moments, dans l’histoire d’un pays, où son patrimoine historique est mis en danger sur tout son territoire, de manière grave et irréversible. Ce sont la plupart du temps des guerres, des révolutions ou l’existence de vandales et de barbares détruisant sciemment toute trace de civilisation. Nous pouvons citer dans les dernières décennies la guerre de Yougoslavie qui a frappé particulièrement durement cette partie de l’Europe, la fin du règne de Ceausescu en Roumanie qui avait décidé et entamé la destruction systématique du patrimoine de son pays. Chacun a à l’esprit, aujourd’hui, le vandalisme qui frappe certains pays du Moyen-Orient.
Mais à côté de ces périodes tragiques, il y a des moments plus insidieux qui voient des décisions politiques aboutir à des destructions qui ne sont pas moins graves. Il y eut, dans les années 60 et 70 en France, une vague de destruction urbaine sans précédent en temps de paix. On croyait que ces errements étaient derrière nous. Il n’en est rien. Les dernières années ont déjà été difficiles pour le patrimoine. Celles qui viennent promettent d’être tragiques. Alors que le ministère de la Culture vient d’accoucher, fort difficilement, d’une loi patrimoine à bien des égards moins protectrice que la précédente, alors que la loi sur la transition énergétique avait pris en compte dans son article 14 la nécessité de protéger le bâtis ancien des opérations d’isolation par l’extérieur, le ministère de l’Écologie vient de tout balayer d’un revers de main. La loi, après amendement, prévoyait en effet de limiter ces travaux à un certain type de bâtiment et en « tenant compte des spécificités énergétiques et architecturales du bâti existant ». Le décret va bien au delà. Nous assumons totalement la comparaison : les menaces qui vont peser sur le patrimoine français sont équivalentes à celles que nous décrivons au début de cet article.
Ce décret, qui traduit la volonté du gouvernement de François Hollande, impose aux propriétaires de mener sur leurs habitations des travaux qui détruiront définitivement la beauté des villes et des paysages français. Toute maison ancienne qui ne se trouverait pas dans une zone protégée (soit plus de 90% du territoire français) est ainsi menacée. Lorsque l’on voit à quoi ressemblent les travaux d’isolation par l’extérieur effectués avant même qu’ils deviennent quasiment obligatoires, on sait à quoi l’on s’attend.
Les associations tentent de communiquer sur le vandalisme effroyable qui se profile, mais pour l’instant dans un silence assourdissant des médias qui ne semblent pas avoir conscience de la catastrophe à venir. Toute la France sera touchée. Tout ce qui fait la beauté de notre pays est désormais mis en péril par l’incompétence crasse de nos dirigeants. Le silence du ministère de la Culture sur ce sujet est honteux et prouve une nouvelle fois qu’il ne sert pas à grand-chose.
Les associations tentent de communiquer sur le vandalisme effroyable qui se profile, mais pour l’instant dans un silence assourdissant des médias qui ne semblent pas avoir conscience de la catastrophe à venir. Toute la France sera touchée. Tout ce qui fait la beauté de notre pays est désormais mis en péril par l’incompétence crasse de nos dirigeants. Le silence du ministère de la Culture sur ce sujet est honteux et prouve une nouvelle fois qu’il ne sert pas à grand-chose.
Nous avons décrit dans deux précédents articles, notamment ici et ici, les conséquences désastreuses de l’isolation par l’extérieur pour les édifices, et pourquoi celle-ci devrait a minima être limitée aux constructions postérieures à 1948. Outre la destruction des façades, elles occasionnent, en empêchant les échanges thermiques, un pourrissement par l’intérieur. Ceci est largement reconnu, non seulement par les spécialistes, mais aussi par les services officiels, notamment par le STAP (Service territorial de l’architecture et du patrimoine) qui décrit les risques dans cette fiche technique. Comme le rappelle l’association Sites et Monuments (SPPEF) dans un article récent, même le ministère de l’Écologie explique dans une circulaire que les « bâtiments antérieurs à 1948 bénéficient de performances énergétiques relativement bonnes, proches des constructions du début des années 1990. Le renouvellement d’air, qui a en particulier pour objectif de réguler le taux d’humidité, s’y fait par les défauts naturels d’étanchéité »
On se demande donc quelles sont les raisons d’une telle obstination à détruire le patrimoine. Faut-il croire que les intérêts économiques en jeu (on imagine qu’il y a beaucoup d’argent à gagner pour les entreprises du bâtiment) puissent avoir une quelconque responsabilité dans cette décision ? Mais comment le gouvernement ne comprend-il pas qu’il s’agit d’un véritable suicide ? D’autant que cette menace globale n’est pas la seule. Qui voudra encore visiter la France si nous vandalisons ainsi 90% de notre territoire ? Si l’on ajoute à cela le développement incontrôlé de l’éolien, on constate hélas une fois de plus que certains considèrent que l’écologie s’oppose au patrimoine historique, alors qu’il devrait s’agir du même combat. Il n’y a rien d’écologique à vouloir isoler par l’extérieur des habitations anciennes construites avant 1948. Ce combat est essentiel, et nous le mènerons jusqu’au bout. Nous ne cesserons pas, avec les associations, d’interpeller les politiques, les ministères, le gouvernement sur cette décision scélérate. Sites et Monuments va attaquer ce décret, qui ne respecte pas la loi qu’il est censé traduire, devant le tribunal administratif1. Les vandales ne passeront pas !
Notes
1. Vous pouvez aider l’association à payer les frais de justice en donnant ici (don déductible).
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