(Les banques centrales occidentales et japonaises sont partis pour une monnaie électronique mondiales, histoire de remplacer le dollars en fin de course et pour maintenir ou accentuer, surtout sur le peuple, la domination de leur nouvel ordre mondial. Le nouveau premier ministre japonais est à fond pour l'ultra-libéralisme qui va appauvrir des milliers de japonais. note de rené)
par Franck Pengam.
Qui siègera à la Fed ?
Le président Donald Trump a confirmé ses candidats pour la nomination au comité de politique monétaire de la banque centrale américaine (FED). Il s’agit des économistes Judy Shelton et Christopher Waller.
Ceux-ci ont été entendus par le Sénat à majorité républicaine qui est chargé de confirmer ces choix. Un processus qui n’est cependant pas une simple formalité. Il y a peut-être parmi ces deux candidats un futur chef de la banque centrale des États-Unis selon Bloomberg, qui voit plutôt Shelton en tête, autour de qui les spéculations fusent.
Effectivement, Jérôme Powell, l’actuel n° 1 de la FED, est régulièrement critiqué par Trump notamment à cause de ses (légères) hausses de taux d’intérêt à quatre reprises en 2018. Ce dernier pourrait donc choisir de ne pas le renommer à l’expiration de son mandat en 2022.
Shelton étant la conseillère économique du président américain, elle apparait comme sa favorite. Une question juridique pourrait néanmoins lui faire barrage : une disposition de la Federal Reserve Act interdit que deux gouverneurs du même district siègent en même temps. Or, le gouverneur Lael Brainard, déjà en place à la Réserve fédérale depuis 2014 sous Obama, est originaire de la même région de Richmond (Virginie) que Shelton.
La nomination de cette dernière pourrait donc rencontrer des obstacles au Sénat, contrairement à celle de son collègue Christopher Waller. La Maison Blanche pourrait néanmoins s’arranger pour que Judy Shelton réside ailleurs et puisse ainsi être nommée pour représenter un autre district.
Qui est Judy Shelton ?
Plusieurs points sont à relever concernant cette économiste. Le plus notable étant qu’elle est une partisane de l’étalon-or international depuis plus de 25 ans.
En résumé, l’étalon-or consiste à limiter la quantité de monnaie en circulation en la rattachant à une base physique en métaux précieux : il ne peut pas y avoir plus de dollars émis que d’or dans les réserves. C’est une de ses caractéristiques et Shelton a multiplié les écrits sur le sujet.
Elle a notamment commencé un éditorial dans le Wall Street Journal (12 février 2009) par une phrase qui va droit au but : « Revenons à l’étalon-or ».
Mais creusons un peu plus le personnage…
Au Sénat américain, la simple mention du rattachement du dollar à un étalon-or secoue certains sénateurs. Shelton semble être au premier abord hors du spectre partisan républicain/démocrate ou encore en dehors du champ idéologique conservateur/progressiste. Cette titulaire d’un doctorat en administration des affaires doit aujourd’hui jouer à un exercice d’équilibriste pour persuader les législateurs qu’elle ne va pas utiliser son poste à la banque centrale pour défendre ses positions sur l’or et surtout qu’elle est suffisamment indépendante du président.
Début février 2020, elle s’était présentée devant le Sénat pour une audition afin de valider sa nomination. Les républicains ne disposent que d’une voix de plus que les démocrates ce qui signifie que sans consensus dans le camp du président Trump, elle ne sera pas confirmée au poste de gouverneur.
Trois sénateurs républicains sont d’ailleurs indécis quant à ses déclarations récentes en faveur des taux zéro afin d’empêcher l’appréciation du dollar et à cause de ses positions en faveur du retour au standard-or. Ils n’ont aussi pas vraiment apprécié sa réponse lorsqu’elle a déclaré « ne pas prétendre être une économiste mainstream ». Le genre de propos qui fait penser à la rhétorique du président des États-Unis. Quant aux démocrates, ils se sont bien entendu fait un plaisir d’insister sur les virages à 180° de Shelton.
Si elle a critiqué les taux d’intérêt bas pendant des années, qu’elle considérait comme une punition pour les épargnants et une aubaine pour les plus riches investisseurs, elle a depuis, mis de l’eau dans son vin. Elle plaide désormais pour une baisse des taux, déjà près des plus bas historiques, conformément à la ligne économique que Trump veut imposer à la FED.
Shelton a aussi exprimé son scepticisme quant à la pertinence de rechercher des prix stables et un taux de chômage minimum ce qui semble différer de la position du président. Et enfin, elle a déclaré que lier la valeur du dollar à l’or n’était pas nécessairement sa position actuelle et qu’elle cherchait plutôt un « changement progressif ».
Est-ce qu’une réforme économique profonde serait dans les cartons de l’administration actuelle ? C’est probable, mais nous ne le saurons que dans les mois voire les années à venir, probablement lors du second mandat de Trump s’il est réélu.
Shelton pourrait-elle défendre l’étalon-or si elle était nominée à la FED ?
Il n’y aura en tout cas pas de retour radical à l’or, car les changements ne peuvent se faire que très progressivement au vu des multiples contre-pouvoirs aux États-Unis.
L’étalon-or serait de toute façon très difficile à mettre en place vu la quantité de dollars en circulation. La stratégie de Shelton pour paraître plus modérée et atteindre ainsi son nouveau poste paraît donc cohérente. Même si elle est nominée à la FED, une nouvelle forme d’organisation monétaire pourrait difficilement prendre forme avec une base or, car elle n’aurait un siège à la Fed que jusqu’en 2024 a priori.
En fait, une seule personne sur douze au sein du comité fédéral ne changerait peut-être finalement pas grand-chose. Une politique officielle d’étalon-or n’est donc toujours pas probable pour le moment. Shelton aura sûrement pour priorité de préserver le dollar de l’instabilité dans ses fluctuations, actuellement à la hausse. Pour ce faire, elle devra agir sur les taux d’intérêt en les relevant à un moment ou un autre.
Mon hypothèse est que Shelton est mise en place pour in fine dévaluer le dollar, bien qu’elle assure le contraire. Une dévaluation permettrait, par exemple, de corriger le déséquilibre commercial avec la Chine conformément aux souhaits du président Trump. Il s’agirait de dévaluer le dollar pour favoriser les exportations américaines au détriment des importations et ainsi améliorer la compétitivité économique des États-Unis. Ce serait un jeu risqué, car la dévaluation du dollar peut, dans le même temps, détériorer le pouvoir d’achat américain en interne si des mesures ne sont pas prises pour pallier ce contrecoup.
Le problème de cette hypothèse est que l’avis de Donald Trump vient de passer d’une position favorable à un dollar faible à un plaidoyer pour un dollar fort depuis la crise du Covid-19. Nul ne sait si c’est une déclaration réelle ou temporaire puisque ce président ne fait que brouiller les pistes avec ses déclarations.
Quelle serait la marge de manœuvre de la Réserve fédérale avec l’étalon-or ?
Ne soyons pas dupes : il s’avère que bon nombre d’outils économiques actuels seraient compatibles avec un système d’étalon-or. Les politiques économiques et monétaires qui justifient soi-disant les taux de change flottants par exemple ou encore l’abaissement des taux d’intérêt quand l’économie ralentit sont tout à fait applicables même après une réforme de type standard-or.
La Réserve fédérale pourrait toujours accorder des prêts aux banques et aux entreprises tant qu’ils restent compatibles avec le maintien de la valeur de la monnaie à sa parité or. Cela pourrait se faire en échangeant de la dette publique contre des prêts directs ; par exemple, la Réserve fédérale pourrait accorder 1 000 Md $ de prêts aux sociétés et également réduire ses avoirs en bons du Trésor de 1 000 Md $. Cela n’élargirait pas la base monétaire tout en aidant les entreprises à résoudre leurs problèmes de financement.
Ce que la Réserve fédérale ne pourrait en revanche plus faire, c’est bien d’étendre la masse monétaire à un montant excessif par rapport à sa parité or, comme elle le fait aujourd’hui en créant de la monnaie ex nihilo sans retenue. Ce point essentiel de l’étalon-or consiste à contrôler plus strictement la masse monétaire qui a tendance à faire chuter la valeur d’une devise quand l’offre de liquidité est excédentaire comme aujourd’hui.
Un retour de l’or pour une future monnaie mondiale ?
Un autre point du profil de Shelton est bien moins abordé. Dans les années 2000, l’économiste se montrait favorable à l’idée d’une monnaie commune pour l’Amérique du Nord (« l’amero ») et allait même jusqu’à plaider pour une monnaie mondiale commune :
« Comment pouvons-nous ignorer le besoin parallèle d’une unité de compte commune, une forme monétaire mondiale ? ».
En effet, il est intéressant de noter que le mentor de Shelton est Robert Mundell, l’homme à l’initiative des fondements théoriques de l’union monétaire européenne avec sa théorie des zones monétaires optimales ; il est ni plus ni moins considéré comme le parrain de la monnaie euro.
Le parcours et les idées de Judy Shelton semblent donc être favorables à un affaiblissement du pouvoir de la FED pour lui substituer une nouvelle autorité monétaire, la Universal Gold Reserve Bank (voir un extrait de ses écrits scientifiques de 2012 sur le sujet ici).
En substance, elle plaide pour une instance monétaire mondiale fondée sur l’or pour régir le monde. C’est donc peut-être dans ce cadre mondialiste qu’elle se trouve être partisane d’une réindexation du dollar à l’or et à l’argent.
Difficile donc de savoir si Shelton est un énième agent mondialiste ou une taupe patriote au sein de la Réserve fédérale américaine. En tout cas, si cette idée d’étalon-or est souvent considérée comme archaïque dans l’establishment économique et universitaire occidental, elle fait progressivement son chemin au fur et à mesure que la situation se dégrade d’année en année.
Mais ce retour au standard-or n’a finalement rien de nouveau dans l’histoire des instances économiques américaines et de la Réserve fédérale :
- William McChesney Martin, qui a présidé la Réserve fédérale de 1951 à 1970, a défendu la politique de l’étalon-or contre l’influence du Trésor en 1951 et contre l’intimidation du président Johnson à la fin des années 1960 (qui menaçaient d’utiliser le levier de la dévaluation).
- Paul Volcker, ancien sous-secrétaire du Trésor aux Affaires internationales en 1969-1971, a aussi activement défendu l’étalon-or de Bretton Woods.
- Wayne Angell, qui était membre du Conseil des gouverneurs de 1986 à 1994, s’était rendu à en Russie au cours de son mandat pour recommander un système d’étalon-or pour le rouble.
- Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale en 1987-2006, était également un défenseur de l’étalon-ordans sa jeunesse. Il avait notamment écrit un éditorial en faveur du métal jaune en 1981 et, en tant que numéro un de la FED, il avait déclaré à un comité sénatorial en 1997 qu’il était favorable au retour de ce système monétaire. Alors que la valeur du dollar par rapport à l’or était restée étonnamment stable pendant son mandat, il reste dans le même temps responsable de la première grande expansion de crédit de monnaie-papier de l’histoire des États-Unis.
- Le dollar était également à nouveau étrangement stable par rapport à l’or pendant le mandat de Janet Yellen, ancienne présidente de la FED. Elle n’a jamais défendu publiquement l’idée, mais a invité un certain nombre de grands défenseurs de l’étalon-or à une conférence à la Réserve fédérale en 2015.
Conclusion
Le Comité sénatorial des banques se prépare à approuver la nomination de Shelton pour être membre du Federal Reserve Board fin mai selon des sources républicaines. Aucune annonce officielle d’un vote en commission ni commentaire n’a été faite et les noms de Judy Shelton ou de Christopher Waller, n’étaient pas sur le calendrier du comité pour examen l’avant-dernière semaine de mai. Cette discrétion est étonnante.
Que Shelton soit recalée ou non, n’oublions pas qu’un retour d’un dollar adossé à l’or maintiendra la suprématie économique américaine sur le monde comme je l’ai démontré dans le livre Géopolitique de l’Or.
Un retour à l’étalon-or perturberait également le bilan de la Réserve fédérale qui a atteint plus de 6 000 Md $ avec la crise du coronavirus.
Gardons également à l’esprit que Shelton est ou a été partisane d’un projet de monnaie mondiale qui semble être en profond antagonisme avec la vision du président Donald Trump.
Patriote ou mondialiste ? Taupe ou agent double au sein de la FED ?
Le débat est lancé.
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