Après le Brexit l’Italie s’engage sur la voie de l’Italexit
Un parti prônant la sortie de l'Union européenne a fait son apparition en Italie. Le sénateur italien, ex-membre du Mouvement 5 Etoiles (M5E) et ancien journaliste Gianluigi Paragone a officiellement annoncé la création du parti politique Italexit qui aidera le pays à "s'arracher des bras étouffants de Bruxelles".
Ce sont principalement les habitants des Apennins qui ont inspiré Gianluigi Paragone à créer Italexit. Il y a huit ans, seulement 15% des habitants partageaient ses opinions eurosceptiques, tandis que 85% des personnes interrogées souhaitaient rester dans la famille européenne.
A présent, selon un sondage de Termometro Politico, sur fond d'épidémie de coronavirus, presque la moitié des Italiens soutiennent la sortie du pays de la zone euro et de l'UE. Le fait est qu'au début de l'épidémie les Italiens ont été profondément déçus par les voisins européens, qui ont décidé d'agir en solitaire à un moment difficile alors qu'ils parlaient constamment de cohésion.
A la veille du lancement du mouvement politique "Pas d'Europe pour l'Italie – Italexit avec Paragone", le sénateur a rencontré le chef du parti Brexit Nigel Farage, qui a donné sa bénédiction pour la réalisation du modèle britannique sur le sol italien.
Avant la sortie de Gianluigi Paragone sur la scène politique, des mouvements prônant la sortie de la zone euro faisaient régulièrement leur apparition. Cependant, jusqu'à aujourd'hui, toutes ces tentatives se limitaient aux déclarations politiques résonnantes qui ne se réalisaient pas dans la pratique. Gianluigi Paragone affirme que son parti appliquera une autre stratégie.
"Il n'existe pas en Italie de parti avec une position claire et nette exigeant la sortie du pays de l'Union européenne. Chacun pense rester dans l'Europe et tenter de la changer de l'intérieur. Je pense que cette mission est inutile et impossible. Nous voulons faire une autre proposition politique radicale en offrant pour la première fois aux Italiens la possibilité d'exprimer leur attitude envers ce projet", a expliqué le sénateur, affirmant que l'UE est condamnée à s'écrouler car Bruxelles n'admet pas qu'un beau jour le "peuple puisse se révolter".
Les sceptiques locaux sont persuadés que le moment est mal choisi pour faire de telles déclarations politiques. Dans le cadre du Fonds de relance de l'UE l'Italie a reçu récemment presque 209 milliards d'euros. Le fondateur d'Italexit affirme que tout cet argent "servira aux banques et non aux besoins des Italiens ordinaires", qui seront forcément confrontés à de sérieuses complications financières à court terme en plus du stress psychologique déjà vécu.
"Avec cet argent l'Italie s'enfonce encore plus dans la dette, bientôt tout le monde le verra définitivement", indique le politique.
Bien que le parti de Paragone ait fait son apparition très récemment, les sondages lui prédisent déjà un soutien de 5% de la population. Inspirés par ces pronostics inattendus le sénateur croit qu'avec le temps Italexit "se transformera en force politique autoritaire l'avis de laquelle l'Europe devra prendre en compte qu'elle le veuille ou non.
"Notre chemin sera long, il faudra attendre jusqu'en 2023. Mais à partir de ce moment l'Europe deviendra mon meilleur allié dans la campagne électorale, parce que toutes ses mesures nuisent aux Italiens. Quand Italexit occupera les premières positions, l'UE devra entrer en dialogue avec le parti, dont la force motrice est le processus démocratique par le bas", a conclu Gianluigi Paragone.
Il existe de nombreux autres mouvements en Europe dont les idéologues prônent la sortie de leur pays de l'UE. Par exemple, le Frexit en vue d'une sortie de la France de l'UE. Il a connu une certaine popularité pendant la présidentielle de 2017. Aux Pays-Bas on parle également d'une séparation (Nexit). Selon Nigel Farage, c'est bien Amsterdam qui pourrait être le prochain à quitter "l'Europe mourante" après Londres. L'Autriche songe elle aussi à la sortie de l'UE, où cette idée a été baptisée Oexit.
Alexandre Lemoine
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