Canada : accusé d'ingérence dans une affaire judiciaire, Trudeau refuse de démissionner
© Christinne Muschi Source: Reuters
Justin Trudeau rencontre des enfants à l'agence canadienne de l'espace de Loungueuil, Québec, Canada, 28 février 2019 (image d'illustration).
Après le témoignage d'une ex-ministre canadienne qui assure avoir subi des pressions «extrêmement inappropriées» de la part du gouvernement pour éviter des poursuites contre une entreprise, Justin Trudeau est sommé de démissionner par ses opposants.
L'opposant politique conservateur canadien, Andrew Scheer, a demandé au Premier ministre, Justin Trudeau, de présenter sa démission le 27 février après que l'ancien ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a révélé dans un témoignage qu'elle avait subi des pressions de la part du cabinet du Premier ministre pour empêcher des poursuites pénales à l'encontre d'une entreprise.En conséquence de ce témoignage coup de poing, le dirigeant du parti conservateur a quant à lui estimé que Justin Trudeau avait perdu «l'autorité morale» pour gouverner et a tonné : «Justin Trudeau ne peut simplement pas continuer de gouverner cette grande nation maintenant que les Canadiens savent ce qu’il a fait. C’est pourquoi je demande à Justin Trudeau de démissionner.»
Trudeau assure avoir «toujours agi de façon appropriée»
Interpellé par des journalistes le 27 février lors d'une conférence de presse qui avait pour but de souligner la victoire d'une députée de son camp dans la région de Montréal, le Premier ministre canadien a dû répondre des accusations formulées à son endroit et a assuré que son équipe et lui-même avaient «toujours agi de façon appropriée». Il a toutefois admis qu'il avait discuté de la possible perte de 9 000 emplois à SNC-Lavalin, si la firme d'ingénierie n'obtenait pas d'accord pour éviter un procès criminel. Il a affirmé que, à son sens, cette démarche était légitime : «Nous allons toujours nous concentrer sur les emplois et l'économie [...] Alors que nous gouvernons pour le bien de tous les Canadiens, nous agirons toujours de façon appropriée», a-t-il promis. Et de nier énergiquement toute allégation d'ingérence politique dans cette affaire, après avoir assuré qu'il était «complètement en désaccord avec la caractérisation des événements par l'ex-procureure générale.»Le groupe québécois SNC-Lavalin est accusé depuis 2015 de corruption pour avoir versé 48 millions de dollars canadiens de pots de vin (32 millions d'euros) à des responsables libyens du temps de Mouammar Kadhafi, entre 2001 et 2011, pour décrocher d'importants contrats dans ce pays. Or, le groupe québécois, basé à Montréal, est l'un des principaux employeurs privés du pays, avec 9 000 salariés au Canada. En cas de condamnation pénale, SNC-Lavalin se verrait interdire tout contrat public pendant 10 ans au Canada, ce qui menacerait son avenir économique.
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