mercredi 5 décembre 2018


Que faire des prêtres pédophiles?
Céline Hoyeau , le 23/03/2015 à 16h14 source : La Croix

« Très complexe », le sort des prêtres condamnés pour abus sexuels pose aux évêques de nombreuses questions.
Il y a un an, un père de famille découvrait que le prêtre condamné à six mois de prison avec sursis pour agression sexuelle sur son fils mineur, avait été muté à l’aumônerie de l’hôpital voisin du quartier où habite la famille. Dans un autre diocèse urbain, c’est l’évêque lui-même qui avouait ne savoir que faire de cinq prêtres pédophiles envoyés par d’autres diocèses sur son territoire, dont plusieurs avaient purgé deux ou trois ans de prison… Choquante pour les victimes, la question du sort des prêtres pédophiles est un véritable casse-tête pour les évêques de France.
Actuellement, il n’existe aucune statistique officielle de leur nombre. La Conférence épiscopale se refuse à centraliser ce dossier, « pour ne pas déresponsabiliser les évêques ». Seule une cellule de veille a été mise en place, pour coordonner les bonnes pratiques de ces derniers en la matière.
En théorie, Rome demande aux évêques, dès lors qu’un clerc est soupçonné, d’engager en parallèle de la procédure civile, une procédure canonique, qui aboutira, si les faits sont avérés, au renvoi de l’état clérical. Mais en pratique, l’application de la « tolérance zéro » se révèle plus complexe: d’une part, la justice française demande aux évêques de ne pas mener d’enquête en parallèle, pour ne pas brouiller les indices. D’autre part, quand bien même le prêtre a été condamné par la justice civile, tous les évêques ne sont pas d’accord pour aller jusqu’au renvoi de l’état clérical. Certains estiment injuste de traiter de la même manière l’auteur de nombreux viols et un prêtre qui a commis des attouchements sans récidive depuis vingt ans… D’autres préféreraient en revanche que le prêtre accueilli sur leur territoire soit renvoyé de l’état clérical, mais l’évêque de son diocèse d’origine n’engage pas la procédure canonique. D’autres encore font valoir qu’en maintenant un prêtre condamné pour une peine légère dans une mission où il n’est pas exposé au contact d’enfants, et en l’encadrant bien, ils évitent ainsi de livrer à lui-même un homme susceptible de replonger.
Accueillir et soutenir les victimes sans abandonner « celui qui reste un frère prêtre »
D’autant que les évêques se trouvent face à une double exigence: accueillir et soutenir les victimes sans abandonner « celui qui reste un frère prêtre ». Mais comment l’accompagner? Se pose la question de sa situation financière et sociale. Lorsqu’il a été condamné par la Congrégation pour la doctrine de la foi, il est radié de la liste du diocèse, et à ce titre ne bénéficie plus d’un salaire ni d’une inscription à la caisse de retraite des prêtres. Son diocèse continuera parfois à le financer momentanément, mais cette solution reste très provisoire…
En attente du jugement ou bien une fois la peine purgée, certains prêtres sont aussi envoyés dans un monastère. Très sollicités par les évêques, les pères abbés des monastères bénédictins et cisterciens de France ont mené pendant un an une réflexion sur les conditions d’accueil des « prêtres pénitents » dans leurs communautés. « Il est arrivé qu’un abbé réponde trop vite, par gentillesse, mais l’accueil s’est mal passé, car l’abbé n’avait pas été suffisamment informé du dossier de ce prêtre ou parce que la personnalité de ce dernier pouvait troubler la communauté », souligne un abbé bénédictin.
Un vade-mecum a donc été présenté aux évêques à Lourdes en novembre, qui clarifie les conditions d’accueil et pose les bases d’une convention non officielle entre l’évêque, le prêtre et le monastère – une période d’essai d’une semaine à un mois, un frère référent, une évaluation régulière, des précisions sur son droit ou non à célébrer la messe, à sortir… « En aucun cas il ne s’agit de dissimuler le prêtre, cet accueil se fait toujours en lien avec la justice », précise le bénédictin.
Céline Hoyeau


(Marier les, il y en a moins dans les religions qui laissent leurs prêtres ou directeurs de la foi se marier. Y'en a toujours, mais, beaucoup moins, leurs femmes les surveillent. note de rené)

Aucun commentaire: