Aux Etats-Unis, des parkings pour les victimes de la crise du logement
A Santa Barbara, une association propose des emplacements sécurisés où les sans-domicile peuvent venir dormir dans leur voiture.
LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le |Par Corine Lesnes (Santa Barbara, Californie, envoyée spéciale)
Face à l’explosion du nombre de personnes qui vivent dans leur voiture faute de pouvoir payer un loyer, les villes de Californie ont recours à une nouvelle solution : l’aménagement de parkings, à la nuit tombée.
Car de nouveaux homeless sont sans-domicile mais pas sans-abri : il leur reste leur véhicule, qu’ils viennent garer le soir dans des emplacements sécurisés. Beaucoup ont un emploi, mais ils sont condamnés à l’errance par la crise du logement. Depuis les années 1970, la Californie n’a construit que 325 maisons pour 1 000 nouveaux arrivants. Les loyers ont flambé.
20 h 30 un lundi de février à Santa Barbara, cité balnéaire de la « riviera américaine », à 150 km au nord-ouest de Los Angeles. Sunny Ferrari, 64 ans, est installée dans son minivan Ford à l’endroit qui lui a été assigné par l’association caritative New Beginnings, sous les eucalyptus d’un parking d’église. Un bonnet de laine sur la tête, un roman de James Patterson à la main, elle est calfeutrée sur la banquette arrière, transformée en couchette grâce à un futon. Une couette, une lampe de lecture rechargeable par USB, un rebord de vitre qui fait office de table de chevet pour poser la radio et le portable : on oublierait presque que l’extérieur est sombre et désert.
« Homeless motorisés »
La sexagénaire, une ancienne actrice et salariée de casino, a été expulsée il y a deux ans de l’appartement qu’elle occupait à Las Vegas (Nevada). Elle a dû se séparer de la plus grande partie de ses biens, « toutes ces choses qu’on passe sa vie à collectionner ». Et elle est venue se réfugier à Santa Barbara, bien qu’elle n’ait, pas plus qu’à Las Vegas, la moindre chance d’y trouver une chambre à louer. Sa pension mensuelle de 1 020 dollars (823 euros) par mois – soit la moitié du loyer moyen d’un studio – ne le permet pas.
Depuis, elle vit dans son van. Dans la journée, elle va à la bibliothèque municipale, jouer au backgammon sur son ordinateur portable...
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