lundi 30 avril 2018

Un mystérieux virus continue de décimer la population aborigène en Australie 

Un mystérieux virus continue de décimer la population aborigène en Australie
Dans cinq communautés autour de la ville d'Alice Springs, plus de 45% des adultes testés ont le virus. ( James D. Morgan / Rex F/REX/SIPA)

Il n’existe pour l’heure aucun traitement, ni aucune réponse coordonnée de la part des pouvoirs publics.

Par L'Obs
Il n’existe pour l’heure aucun traitement, ni aucune réponse coordonnée de la part des pouvoirs publics. Et pourtant, il y a près de 20 millions de personnes qui souffrent du virus T-lymphotropique humain dans le monde, d’après "The Guardian"
"C’est une maladie très grave. Mais nous devons en parler d’une manière qui ne stigmatise pas les gens", explique au quotidien britannique une femme aborigène. Issue d’une communauté basée en Australie centrale, "B"* a vu sa famille décimée par le HTLV-1. Et cette région du monde présente le plus haut taux de contamination de la maladie mortelle.

"Nous aurions déjà réglé le problème si c'était à Sydney"

Le virus T-lymphotropique humain, provenant à l'origine des singes d'Afrique, peut se transmettre de plusieurs façons : par voie sexuelle, par transfusion sanguine ou encore de la mère à l’enfant, à travers l’allaitement. Il peut provoquer une forme foudroyante de leucémie dont certains individus peuvent décéder quelques semaines seulement après son diagnostic. "C'est une maladie extrêmement sévère, et un des pires cancers. En moyenne, les personnes atteintes meurent dans l'année qui suit le diagnostic", détaille à "l'Obs" Antoine Gessain, directeur de l’unité d’Epidémiologie et physiopathologie des virus oncogènes de l’Institut Pasteur à Paris.
Le HTLV-1 est aussi à l’origine de différentes maladies inflammatoires comme, par exemple, celle de la moelle épinière, qui à terme, mène à une paralysie.
Selon le quotidien britannique, plus de 45% des adultes testés dans cinq communautés situées autour de la ville d’Alice Springs (au centre de l’Australie), sont infectés par le virus. Un taux des milliers de fois plus élevé que pour les Australiens non autochtones. Ce qui pourrait expliquer que la dangerosité du virus soit négligée.
"[Les] personnes touchées […] ne vivent pas à Sydney ou à Tokyo", analyse pour "The Guardian" le Dr Lloyd Einsiedel, un clinicien spécialisé dans les maladies infectieuses du Baker Heart and Diabetes Institute de l'hôpital d'Alice Springs.
"Ce sont des gens qui vivent massivement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Congo, au Pérou. Ce sont les membres les plus pauvres de la société." Une des grandes caractéristiques du HTLV-1 : son développement, essentiellement sous la forme de "foyers". Il y a "des régions fortement endémiques, où la maladie se transmet depuis longtemps", renchérit Antoine Gessain.
"Même si cela ne causait rien d'autre, je pense que nous aurions déjà réglé le problème si c'était à Sydney", ajoute Lloyd Einsiedel, avec ironie.
En Australie, seul un test sanguin onéreux peut permettre de diagnostiquer la maladie. Pour chaque dépistage, le patient doit débourser 169 dollars d'après le quotidien britannique… une somme qui n’est pas remboursée par le régime d’assurance-maladie de l’Australie (MBS). Le pays ne compte qu’un seul laboratoire consacré au HTLV-1, où les tests sont englobés dans un programme de recherche : les résultats peuvent de ce fait prendre parfois six mois.

Un virus découvert au début des années 80

Au début des années 1980, les virus HTLV-1 et VIH sont découverts quasiment en même temps par l’équipe de Robert Gallo, un chercheur américain aujourd’hui directeur de virologie humaine à l'école de médecine de l'Université du Maryland. Seulement, à l’époque, le VIH est une urgence mondiale qui reçoit une attention particulière.
HTLV-1 était, au contraire, considéré comme asymptomatique : seulement cinq à 10% des patients peuvent développer une maladie pulmonaire fatale ou une leucémie au cours de leur vie.
"Je pense qu'il est temps d'être un peu plus musclé pour HTLV-1, ce virus qui a été oublié", a pourtant déclaré Robert Gallo, l’année dernière lors d’une réunion de l'International Global Virus Network à Melbourne.
"Vous pourriez demander, pourquoi n'y a-t-il pas un vaccin contre HTLV-1 ? Je ne sais pas à quel point ça a été essayé. [...] Mais nous devons stimuler la participation du gouvernement, nous devons faire valoir l'importance de la maladie et sa gravité. Nous pourrions faire beaucoup mieux. Nous devons faire beaucoup plus avec HTLV-1", a-t-il insisté.   
Au Japon, près d'un million de personnes sont diagnostiquées positifs. Et chaque année, environ 1.000 d'entre elles meurent de la leucémie. "Là-bas, il s'agit d'un problème de santé publique. Ils ont fait un énorme travail de prévention", pointe le directeur de l’unité d’Epidémiologie et physiopathologie des virus oncogènes de l’Institut Pasteur. Le pays du Soleil levant choisit ainsi de dépister tous les donneurs de sang et de limiter la transmission de la mère à l'enfant en diminuant l'allaitement. 
"C'est ce que nous faisons actuellement en Guyane. Mais il n'y a qu'entre 1% et 3% des femmes enceintes atteintes", nuance Antoine Gessain. 
Et contrairement aux Outre-mer, la France métropolitaine compte seulement quelques dizaines de milliers de personnes atteintes par le HTLV-1. 
V.Z.
*Le témoignage est anonyme. 
(Je trouve qu'ils ont bon dos les singes africains et nous la tête de parfaits abrutis. Si, je comprends bien les singes sont à la source du sida, de l'ebola et maintenant de cette maladie, transmissible par voie sexuelle, aussi. Donc, la prochaine pandémie, ne cherchez pas, la source : Le singe africain ! Remarquez qu'ils ne disent pas l'homme africain, mais, on sent que ça les démange. Suivons la trace du racisme et on trouvera peut-être le pays d'origine. Autrement, on peut toujours accuser la Russie, ça fonctionne aussi. note de rené)

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