La blockchain se lève aussi à l'Est
source : La Tribune
Les pays de l'Europe centrale et de l'Est (Russie, ainsi que 20 pays de la région) pèsent 20% des ICO ou Initial coin offering (1) mondiales, selon une étude d'East-West Digital News, une agence d'information et de conseil spécialisée dans les marchés technologiques de l'Europe de l'Est. En 2017, la région captait 17% du nombre d'opérations et 22% des fonds levés(1,28 milliard de dollars). Pas mal pour un ensemble de pays qui représente seulement 1% du marché global du capital-risque.
L'appétence de cette région pour la "blockchain" - ce registre de transactions sécurisées et décentralisées - et les cryptomonnaies est illustrée par l'Estonie, premier État 100% numérique. Les 1,3 million de citoyens de ce petit pays balte sont dotés d'un identifiant unique qui leur sert de pièce d'identité, de carte d'électeur, de carnet de santé, etc. Pays qui a vu naître le service de messagerie Skype, l'Estonie utilise la blockchain depuis 2008, date de création du bitcoin. Il n'est donc pas étonnant que les deux fondateurs français de Daneel.io aient installé leur startup en Estonie, où ils sont devenus e-résidents. Daneel est un assistant s'appuyant sur Watson, la technologie d'intelligence artificielle (IA) d'IBM, qui collecte l'ensemble des données sur les cryptodevises disponibles sur le Web, les réseaux sociaux, les médias grand public et spécialisés.
« Personne n'a le temps de lire tous les articles et de suivre tous les projets d'ICO. Notre appli mobile rassemble la totalité des nouvelles sur le sujet et permet de poser des questions du type "dis-m'en plus sur cette ICO" », explique Joseph Bedminster, cofondateur de Daneel.io.
Créée en mai 2017, la startup franco-estonienne a levé 2 millions d'euros pour son ICO auprès d'investisseurs coréens, français et russes. Son business model repose sur un abonnement mensuel et sur les tokens (jetons) DAN, qui utilisent la blockchain Ethereum. Contrairement au bitcoin, spécialisé dans les échanges monétaires, Ethereum permet de créer tous types d'applications. Daneel.io, encore en phase de bêta test, vient de conclure un partenariat avec la fintech Amon, qui a mis au point une IA capable de déterminer quelle cryptodevise choisir au moment du paiement. Les deux jeunes pousses partagent une même philosophie : mettre de l'IA dans les cryptomonnaies pour simplifier leur usage.
Des robots gèrent le "trading"
La startup bulgare CryptoRobotics souhaite créer un standard de l'industrie avec son IA Rita, ses algorithmes de tracking et son outil de développement. Un prototype de cette plateforme d'échanges de cryptomonnaies freemium est déjà disponible, selon Vadim Galeev, chargé de la stratégie globale. Comme son nom l'indique, CryptoRobotics développe également des robots pour le trading des cryptomonnaies. L'ICO est prévue le 20 mai prochain et les robots de trading devraient être opérationnels en décembre 2020. CryptoRobotics prévoit d'émettre 120 millions de tokens sous la norme ERC-20 d'Ethereum et d'en mettre 57,6 millions en vente.
Les monnaies virtuelles sont accusées d'être trop volatiles, comme le montrent les fluctuations du bitcoin, passé d'une valeur de 20.000 dollars en décembre à 7.500 dollars fin mars. Pour rassurer les investisseurs, la startup russe GoldMint propose le gold, une monnaie cryptée adossée sur le cours de l'or.
« [Avec gold, notre cryptomonnaie adossée sur l'or], nous voulons créer quelque chose de solide sur un marché très instable », explique Olga Svyatchenko, directrice des opérations de Goldmint.io.
Le principe est le suivant : GoldMint émet des actifs numériques gold et assure leur rachat au prix actuel de l'or. L'or physique et les ETF (Exchanged Traded Funds), qui ont pour objectif de répliquer la performance d'un indice boursier (2), garantissent la capacité de paiement de la société GoldMint.
En Slovénie, la startup MoneyRebel a mis au point une plateforme sécurisée qui met en relation des investisseurs et des conseillers pour procurer « un moyen simple et sûr d'obtenir l'expertise et les ressources dont les nouveaux acheteurs ont besoin pour tirer avantage de tout ce que les cryptomonnaies peuvent offrir ». Pour la cofondatrice Natasa Kozlevcar, « grâce à notre portefeuille sécurisé, les acheteurs n'ont plus à s'en faire pour leurs opérations, et ils auront une vue à 360 degrés sur leurs avoirs ». L'ICO de MoneyRebel aura lieu le 8 mai pour 21,7 millions d'euros (une pré-ICO de 2,3 millions d'euros a déjà eu lieu).
Payer en euros ou en bitcoin, avec une TVA fortement réduite
Toujours en Slovénie, pays de 2 millions d'habitants, la startup Eligma s'attaque, pour sa part, au commerce.
« En Slovénie, 2% de la population possède des cryptomonnaies [3% des Français selon une étude YouGov de novembre 2017, ndlr], et les gens y croient. Nous voulons leur donner la possibilité de les utiliser pour faire du shopping », explique Luka Planinc, son directeur général.
Cette plateforme d'e-commerce propulsée par l'IA veut offrir aux consommateurs un moyen de découvrir, acheter, suivre et revendre des produits online de manière sécurisée. « Eligma va délivrer aux utilisateurs un programme de fidélité universel et transformer chaque foyer en business », affirme la startup. Mieux, la société va tester mi-avril son système de paiement EliPai et ses jetons Eli en grandeur nature dans le centre commercial BTC de la capitale Ljubljana, qui accueille 21 millions de visiteurs annuels dans ses 450 points de vente et 70 restaurants. Les clients pourront choisir de payer en euros ou en bitcoins, avec une TVA fortement réduite : le client ne paie 20% de TVA que sur la commission de 1% prélevée par Eligma.
« La conversion du bitcoin en euros est instantanée pour éviter les changements de taux pénalisant », rassure Luka Planinc.
Cette offensive des startups d'Europe de l'Est illustre-t-elle une confiance des citoyens de ces pays supérieure à celle des Occidentaux ? Pas sûr, si l'on en croit une récente étude Qapa et Paypite qui montre que 96% des Français connaissent l'existence des monnaies numériques. 55% des femmes et 66% des hommes se disent prêts à avoir une partie de salaire en cryptomonnaie et 57% des Français sont disposés à négocier une partie de leur salaire en cryptodevises. Une négociation impossible pour le moment, car le Code du travail indique que le salaire doit être versé en monnaie fiduciaire ou ayant un cours légal en France, ce qui n'est pas le cas du bitcoin ni des autres monnaies virtuelles.
Marché naissant - le bitcoin représente une capitalisation de 41 milliards de dollars, contre 66,8 billions de dollars (1 billion = 1 000 milliards) pour l'ensemble des marchés financiers - les cryptomonnaies sont-elles l'avenir de la finance ? Sans aucun doute pour David Sacks, ex-Pdg de Paypal et de Yammer, pour qui « le cryptocapitalisme est le nouveau capital-risque ».
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(1) Initial coin offering (ICO) : levée de fonds via l'émission d'actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d'un projet. Ces actifs, appelés "tokens", ou jetons numériques, sont émis et échangés grâce à la technologie blockchain.
(2) Un ETF reflétant 1/1 000e d'un indice vaut 45 euros quand cet indice vaut 4.500 points. Si l'indice monte à 5.000 points, l'ETF vaudra alors 50 euros.
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Vers une monnaie électronique unique sécurisée ? Le bitcoin en embuscade pour nous y amener ? Ca vous étonne pas, la rapidité de sa diffusion avec la carotte du profit énorme sans se fatiguer ? Surtout, si, on considère que le bitcoin a été créé et mis en attente par des traders pour être lancé à un moment jugé opportun. Maintenant, il faut chercher quel était ce moment opportun ? Peut-être, la méfiance qui submergeait les marchés envers les produits financiers ? Dès qu'un indicateur est arrivé au rouge, ils ont lancé le plan B pour imposer au final une seule et unique monnaie numérique pour remplacer l'argent liquide et éviter les effets collatéraux de l'effondrement prévisible du dollars et de l'euro. note de rené)
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