EPR défectueux de Flamanville : EDF et Areva savaient depuis 12 ans
France Inter a révélé l'existence de documents prouvant que les deux géants français de l'énergie étaient au courant depuis 2005 de la piètre qualité de la forge qui a servi à la construction de la cuve de la centrale nucléaire de Flamanville.
Une enquête menée par des journalistes d'investigations de France Interpourrait porter un rude coup aux deux géants de l'énergie français EDF et Areva.
Des éléments révèlent qu'à l'époque de la construction de la cuve de la centrale nucléaire de Flamanville en 2006-2007, la forge qui a servi à sa fabrication, dite du Creusot, avait de sérieux problèmes de qualité. Des soucis sur lesquels EDF et Areva, à l'origine du projet, avaient été alertés. Ils auraient tout simplement ignoré les mises en garde de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). En dépit de ces alertes, la cuve a été installée dans la bâtiment réacteur en 2014.
Pourtant dès décembre 2005, l'ASN avait envoyé un courrier à EDF dans lequel elle expliquait avoir constaté «de nombreux écarts concernant le forgeron Creusot Forge». En avril 2006, à la suite d'une visite d'inspection du site, l'ASN dresse pas moins de 16 constats d'irrégularités. S'en suivra une nouvelle missive, le mois suivant, dans laquelle EDF est mis au courant de «nombreux incidents» au sein de l’usine entraînant un «nombre de rebuts important».
Quelques mois plus tard, en dépit de toutes les mises en garde, AREVA rachetait la forge à l'homme d'affaire Michel-Yves Bolloré, frère de Vincent Bolloré, pour la somme de 170 millions d'euros.
Sollicitée par les journalistes de France Inter, le groupe AREVA s'est refusé à tout commentaire sur l'enquête. EDF pour sa part, a reconnu avoir été au courant des problèmes que connaissait la forge tout en assurant avoir «renforcé sa surveillance en augmentant ses actions de contrôle».
La fameuse cuve reste à l'heure actuelle sous la surveillance étroite de l'ASN en raison d'une teneur trop importante en carbone.
Le 9 février dernier, un incendie s'est déclaré dans la centrale de Flamanville au niveau d'un ventilateur situé sous l'alternateur. L'incident avait fait cinq blessés légers à cause des fumées dégagées. Immédiatement, EDF a entrepris la mise à l’arrêt du réacteur n°1 puis a prévu de le remettre en service ce réacteur le 19 février, avant de finalement décider de le «déconnecter du réseau jusqu'au 31 mars» à cause d'un dysfonctionnement sur le système d'évacuation d'énergie situé sous l’alternateur.
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