Une zone d’ombre sur 6 millions d’électeurs? Liliane Held-Khawam (le blog)
Dans mon précédent billet « Élections françaises, des questions se posent autour des non-inscrits« , certains messages de lecteurs me donnent à penser que la finalité de la publication n’était peut-être pas très clair…
Pour faire simple, selon les chiffres que nous avons, il y aurait un risque d’être en présence de 6 millions d’électeurs de trop.
Selon le ministère de l’intérieur, « le corps électoral se divise en 45,678 millions d’inscrits en France, soit 88,6% des Français majeurs résidant sur le territoire, et 1,3 million de Français établis hors de France inscrits sur les listes électorales consulaires. »
Ce commentaire nous indique que nous avons 51 555 304 personnes (hors expatriés) ayant le droit de voter EN France.
Donc, selon le ministère de l’intérieur:
- 51 555 304 personnes admissibles qui sont à la fois sur le territoire français, détentrices de la nationalité française et en âge de voter.
- 45 678 000 électeurs inscrits, chiffre qui servira de référence au décomptage de voix
- 5’877’304 non-inscrits et mal-inscrits qui est le solde entre le total des admissibles (point 1) et celui des inscrits (point 2)
Mais ce chiffre de 5’877’304 des mal-inscrits n’est pas conforme à celui d’un spécialiste. Le professeur J-Y Dormagen est une référence absolue en France en matière de non-inscrits. Il est même mandaté depuis les années 2000 par le gouvernement français pour aborder les difficultés liés à un système d’inscription au corps électoral plus que problématique.
Or M Dormagen affirme avec Cécile braconnier, dans un récent article du 19.03.2017 intitulé: »Communiquer plus efficacement pour réduire la mal-inscription électorale« , qu’il existe en France 12 millions de non-inscrits ou mal-inscrits. Il y est dit:
« 12 millions de citoyens, non-inscrits ou mal-inscrits sur les listes électorales, sont empêchés de voter ou gênés pour le faire. La réforme de la procédure d’inscription, qui entrera en vigueur en 2020, devrait être l’occasion d’inventer les dispositifs de communication qui permettront de relever ce grand défi démocratique. »
Un article du Monde fait référence aux mêmes auteurs pour cette fois définir la mal-inscription: « « le fait d’être inscrit dans un bureau de vote qui ne correspond plus à son lieu de résidence effectif ». Elle concerne « les personnes qui, après avoir déménagé, ne se sont pas réinscrites sur les listes électorales de leur nouveau quartier, sans pour autant avoir été radiées du bureau de vote de leur ancienne adresse. »
Or, « Etre inscrit sur une liste électorale différente de sa commune ou de son arrondissement de résidence est un facteur d’abstention. Et l’un des motifs de radiation des listes. » (L’Express)
Ce chiffre de 12 millions du professeur Dormagen est deux fois plus important que celui du ministère de l’Intérieur!
Nous avons donc un problème potentiel de comptage de plus de 6 millions.
Notre objectif n’est pas de dire qu’il y a tant ou tant de mal-inscrits. Notre but est de dire que ce chiffre de 12 millions jette le trouble sur la taille du corps électoral.
Dès lors, quatre hypothèses s’imposent:
- La proportion de 88,6% qui permet de conclure que le pays permet à 51 555 304personnes de voter est fausse.
- Les 12 millions du professeur Dormagen sont faux, ce dont on peut douter tant sa méthode a été éprouvée et reconnue y compris par le gouvernement français (Rapport précédent commandé par le Premier Ministre)
- 6 des 12 millions des mal-inscrits ont réussi à voter quand même. Difficile à concevoir puisque l’Express nous dit bien que la mal-inscription est un motif de radiation des listes.
- Le nombre d’inscrits de l’INSEE présente 6 millions de trop. Et là nous avons un sérieux problème dans le déroulement des élections.
Si l’hypothèse 4 devait se vérifier, cela signifierait que le corps électoral inclurait 6 millions de voix de trop.
Une sacrée zone d’ombre qu’il conviendrait de lever…
Liliane Held-Khawam
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