mercredi 28 août 2024

 

Marioupol – La ville phénix

On nous dit qu’en France, nous manquons de logement, on en construit pas assez. Si en peu de temps, (2 ans) on peut reconstruire une ville entière, on se demande d’où vient le problème ?.. Rentabilité sans doute……

Par Christelle Néant pour Ir-Press via les moutons enragés

Deux ans après la fin de la bataille de Marioupol, nous sommes revenus voir comment la ville se reconstruit, et visiter les ruines de la fameuse usine d’Azovstal.

Le 20 mai 2022, les derniers soldats ukrainiens retranchés dans Azovstal se rendent enfin, mettant fin à près de trois mois de combats intenses pour la ville de Marioupol. L’utilisation par les soldats ukrainiens des appartements comme positions de tir, et leurs tirs délibérés contre les zones résidentielles même en l’absence de soldats russes, afin de ne laisser derrière eux que des ruines, a transformé la ville industrielle et portuaire prospère en champs de gravats calcinés par les bombardements.

Après presque trois mois de combats, Marioupol n’est plus que l’ombre d’elle-même, une ville fantôme, que la plupart de ses habitants ont évacuée dès qu’ils l’ont pu grâce à l’armée russe (les soldats ukrainiens avaient bloqué les sorties de la ville et tiraient sur les civils qui tentaient de fuir), et où partout on pouvait voir des ruines calcinées, des ponts détruits, des bus et tramways criblés de trous transformés en barricades, et des lignes électriques qui traînaient dans les rues. Et partout, des gravats et des éclats d’obus ou des morceaux de roquettes, quand ce n’était pas des chars ou des véhicules militaires calcinés et rouillés. L’aspect de Marioupol était tel qu’on aurait pu y filmer un film post-apocalyptique.

Dès la fin des combats la Russie avait commencé à reconstruire la ville, et en à peine quelques mois, les premiers immeubles du quartier Nevski sont sortis de terre, et les premiers habitants ont reçu gratuitement les clefs de ces appartements flambants neufs en remplacement de leur logement détruit lors des combats. Malgré cette prouesse il semblait qu’il faudrait de nombreuses années pour que Marioupol retrouve une vie normale après de telles destructions.

Mais deux ans après la fin de la bataille de Marioupol, la ville a complètement changé, et il est parfois difficile de reconnaître les endroits que j’ai arpenté lors des combats début 2022, tant la transformation de la ville est totale. Les ruines ne sont désormais plus qu’une minorité au milieu des bâtiments restaurés ou en cours de reconstruction. Des magasins ont ouvert un peu partout, des autobus flambants neufs roulent dans les rues, au milieu d’une quantité impressionnante de voitures. Il y a même des bouchons ! Tel un phénix, Marioupol renaît de ses cendres sous nos yeux.

Regarder le documentaire sur la reconstruction de Marioupol :

Au milieu de ces bâtiments refaits à neuf, il reste un quartier de Marioupol encore totalement en ruine : celui de l’usine d’Azovstal. Si la reconstruction de cette zone, aussi grande qu’une ville dans la ville, prend autant de temps, c’est parce qu’elle est la plus minée et donc la plus dangereuse de Marioupol. Entre les mines installées par les soldats ukrainiens, et les restes de munitions non explosées, aucune zone de l’usine n’est sûre. Malgré les panneaux indiquant le danger, des touristes en mal d’adrénaline viennent régulièrement visiter le territoire d’Azovstal. Pour certains, cette imprudence a des conséquences dramatiques. D’après « Dock », un des soldats s’occupant du déminage du territoire de l’usine, il faudra encore plusieurs années de travail avant que l’on puisse y marcher en toute sécurité.

Regarder le documentaire sur la visite des ruines d’Azovstal :

Christelle Néant

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