mardi 30 avril 2024

 (Intéressant si les deux tours (wall street, la city de Londres) sabotent les routes maritimes qui passent par le canal de Suez et le canal de Panama. Les houthis ont eu la même idée et ce n'était pas prévu, ça met un peu le boxon dans le déroulé de la mise en place du nouvel ordre mondial. note de rené)


La Russie et la Chine se débarrassent du dollar et Moscou annonce l’ouverture de nouvelles routes commerciales

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Rien dans cet article que nous ne connaissions déjà. De la dédollarisation à la naissance d’un «Sud global» refusant l’hégémonie états-unienne, en passant par la création de nouvelles routes commerciales sillonnant la vaste masse terrestre eurasiatique, tout a déjà été passé en revue dans de nombreux articles, dans ce blog ou d’autre médias indépendants.

Mais le mérite de cet article est de nous donner en quelques paragraphes une photo grand angle saisissante de ce monde nouveau qui cherche à émerger en s’affranchissant de la tutelle dévastatrice de l’empire occidental. Et, en prenant pour bases les «réflexions» d’un membre éminent de l’Atlantic Council, un think tank des plus acquis à la suprématie occidentale, il nous amène à une conclusion qui nous échappe parfois : il n’est plus possible de comprendre comme de l’aveuglement la continuation obstinée de politiques impériales qui échouent à atteindre leurs objectifs déclarés. Les stratèges de l’empire sont tout aussi conscients que nous que le «monde multipolaire» qui menace leur hégémonie, loin de s’affaiblir, se renforce de par les sanctions et les guerres par procuration qu’il lui impose.

Comment expliquer alors cet entêtement qui les pousse à débloquer des milliards de dollars pour pousser Taiwan, Israël, l’Ukraine et d’autres vers un choc frontal avec les piliers des BRICS+ tout en menaçant de nouvelles sanctions Byte dance, les banques chinoises et les gardiens de la révolution iranienne (il ne reste plus de sanctions à imposer aux intérêts russes, on en est réduit au vol pur et simple) ? C’est qu’il s’agit de préparer – au pas de guerre, c’est le cas de le dire – nos populations et nos économies occidentales à la phase d’affrontement ouvert qui s’approche maintenant à grande vitesse, couronnement de deux décades de préparation intense par les administrations états-uniennes successives.

Cet affrontement généralisé nécessite une rupture quasi-totale des multiples liens économiques, académiques, culturels, politiques et même militaires tissés lors de l’utopie néo-libérale de la «mondialisation». La polarisation des forces est devenue indispensable à un impérialisme en crise, incapable de maintenir sa domination mondiale par le seul jeu de sa puissance financière et de sa suprématie technologique depuis longtemps battues en brèche. Sa seule porte de salut maintenant est l’utilisation tous azimuts de sa suprématie militaire. Ou de ce qu’il pense être sa suprématie militaire.

La Russie et la Chine se débarrassent du dollar et Moscou annonce l’ouverture de nouvelles routes commerciales.

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Afin d’échapper aux sanctions occidentales, le Kremlin cherche à redessiner le commerce mondial

par Maya Krainc

La Russie a annoncé la semaine dernière que le commerce bilatéral avec la Chine s’était presque totalement affranchi du dollar US, mettant en lumière l’intention des deux pays de réduire leur dépendance au système économique dirigé par les États-Unis.

Elles ne cherchent pas seulement à réduire leur dépendance à une monnaie dominée par l’Occident. Leurs efforts pour «dédollariser» leur permettent aussi d’échapper à la myriade de sanctions interdisant à la Russie d’utiliser les marchés internationaux.

Depuis 2022, les sanctions occidentales ont suscité un véritable boom dans les relations commerciales entre Moscou et Beijing, avec une augmentation cette année de 26%, pour un total de 240 milliards de dollars US. La Chine est maintenant le premier importateur de pétrole russe.

Mais pour échapper aux sanctions écrasantes de l’Occident, la Russie ne compte pas que sur la seule dédollarisation. Dans une réunion aux Nations unies la semaine dernière, des responsables russes expliquaient que le Kremlin investissait des milliards de dollars pour développer de nouvelles routes commerciales en Asie.

Le plan comprend deux nouveaux corridors : entre la Russie et le Kirghizstan, via la Mer Caspienne, d’une part et entre la Biélorussie et le Pakistan d’autre part. Ces projets contribuent à rediriger les flux économiques et viennent renforcer des projets déjà bien avancés tels que le Corridor Nord-Sud.

Cette voie ferroviaire, conçue en l’an 2000, reliera la Russie à l’océan Indien en passant par l’Iran. Après des années de retard, Moscou a avancé l’an dernier 1,3 milliard d’Euros à Téhéran pour qu’il construise sa section de la voie ferrée. Sergei Ivanov, le délégué présidentiel pour les questions environnementales explique que ce corridor permettra à la Russie un accès direct au Golfe Persique, et qu’il est «entièrement à l’abri des sanctions».

La capacité de la Russie et de la Chine à développer leurs relations commerciales repose sur le rapprochement de leurs systèmes bancaires, tous les deux soumis à des sanctions restreignant leur interaction avec l’occident.

Depuis son invasion de l’Ukraine en 2022, les États-Unis et l’Europe ont imposé des sanctions draconiennes à la Russie. Ces sanctions ont touché en particulier la capacité du Kremlin à exporter son pétrole vers l’Occident et à le vendre à un prix compétitif. Selon Markus Jaeger, du Conseil de l’Atlantique, si la Russie peut transporter les marchandises par le biais de corridors terrestres en dehors de la juridiction des pays à l’origine de ces sanctions, l’Occident ne sera plus en mesure de les imposer. Il ajoute que «leur but est de réduire leur dépendance et leur vulnérabilité aux parties tierces antagonistes».

Toutefois, si l’on en croit l’histoire, la partie n’est pas encore gagnée pour la Russie. Les sanctions imposées à l’Iran, et en particulier le régime de sanctions maximum instauré sous l’administration Trump, a joué un rôle central dans le retard pris par le Corridor Nord-Sud. Aujourd’hui, la Russie avance les capitaux à l’Iran, et, selon le premier ministre adjoint, Marat Kashnulin, la Russie a prévu un budget d’environ 3,5 milliards de dollars pour ce projet d’ici à 2030.

Pour Jaeger, la pression états-unienne a aussi impacté le rapprochement économique entre la Russie et la Chine qui craint les conséquences venues d’Occident si elle soutient ouvertement Moscou. Il cite en particulier la visite du secrétaire d’état états-unien, Anthony Blinken, à Beijing cette semaine. Il aurait l’intention d’avertir le président Xi Jinping que Washington ne voit pas d’un bon œil le soutien que la Chine apporte à l’appareil militaire Russe.

Pour Jaeger, le fait que la Chine soit de plus en plus impliquée économiquement avec des pays – ou des entités en Iran et en Russie – déjà sanctionnés augmente le risque qu’elle soit visée par des sanctions occidentales.

«Les États-Unis ont conscience que l’imposition de sanctions secondaires à des entités chinoises sera vu comme une démarche profondément antagoniste par la Chine, qui ne peut que conduire à une majoration des tensions entre ces deux pays».

source : The Responsible Statecraft via Histoire et Société

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