par Amar R.
Dans la grisaille de Niamey, marquée par les bruits de bottes et les menaces d’intervention étrangère, deux faits importants risquent de bouleverser pour le mieux la situation dans ce pays en crise depuis le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet dernier.
Il s’agit d’abord des informations insistantes qui circulent depuis hier selon lesquelles le président nigérien Mohamed Bazoum aurait accepté de démissionner de son poste, afin de préserver l’effusion de sang des Nigériens, en vertu d’un accord qui aurait été conclu entre l’ancien président et le général Abderrahmane Tchiani.
Les auteurs de ces informations, qui ne précisent pas toutefois la date de la démission du président Bazoum, précisent que cette probable décision de Bazoum a été accélérée par l’annonce par la CEDEAO selon laquelle ses forces sont prêtes à intervenir et qu’elles n’attendent plus que le feu vert pour la libération de Bazoum et son rétablissement dans ses fonctions, mais aussi que d’autres parties seraient prêtes à intervenir, en allusion à la France.
Ce développement intéressant qui fait office d’une éclaircie dans le ciel gris de Niamey, au moment où le conseil militaire au Niger a mis les forces armées en état d’alerte, et demandé à l’ambassadeur de la France de quitter le pays dans un délai de 48 heures, vient comme une consécration des efforts diplomatiques menés par l’Algérie, qui visent à favoriser la solution diplomatique à cette crise et à éloigner le spectre d’intervention militaire au Niger.
L’approche de l’Algérie en faveur d’une solution pacifique au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel dans ce pays en crise et préserver sa sécurité et sa stabilité ainsi que celles de la région a trouvé du soutien auprès des pays membres de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment le Nigeria, le Bénin et le Ghana.
La restauration de l’ordre constitutionnel : un «objectif commun»
Au terme d’une tournée diplomatique l’ayant conduit dans ces trois pays, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a affirmé : «Nous sommes, au sein de la CEDEAO comme en Algérie, sur une même ligne de travail, celle de coordonner au maximum nos efforts pour aboutir à la réalisation d’un objectif commun qui est la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger».
Au Nigeria, les discussions ont convenu particulièrement de l’impératif de coordonner les efforts déployés par les deux pays, notamment les initiatives lancées par Abdelmadjid Tebboune et son homologue nigérian Bola Ahmed Tinubu, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, et ce, en vue de «renforcer l’élan international et régional et d’encourager l’adhésion de tous autour du processus politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger».
«Pour ce faire, nous avons affirmé que l’Algérie et le Nigeria (…) n’ont d’autres choix que d’œuvrer ensemble afin d’éviter l’aggravation de la situation au Niger, dans la région et dans l’ensemble du continent africain», a soutenu M. Attaf.
Alger et Cotonou d’accord à propos de la crise
À Cotonou, le ministre des Affaires étrangères béninois Olushegun Adjadi Bakari a souligné «la convergence des points de vue entre l’Algérie et la CEDEAO et donc par ricochet entre l’Algérie et le Bénin» à propos de la crise nigérienne.
Il a dit partager «cet attachement à la conquête du pouvoir par les urnes et non pas par les armes», avant d’ajouter dans le même contexte : «Nous partageons aussi le fait qu’on ne peut pas laisser prospérer dans la région des régimes militaires non constitutionnels». Donc, a-t-il poursuivi, «nous allons travailler ensemble pour que les objectifs fixés par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Patrice Talon (du Bénin) puissent se matérialiser le plus rapidement possible concernant le Niger».
Accra salue le «rôle important» de Attaf
En visite samedi à Accra, la capitale ghanéenne, M. Attaf a été reçu par le président Nana Akufo-Addo, «auquel il a transmis les salutations» de Abdelmadjid Tebboune, ainsi que «son message concernant la crise au Niger et les perspectives d’intensifier et d’unifier les efforts pour promouvoir les bases d’un règlement pacifique évitant à ce pays et aux pays de la région, les répercussions d’une éventuelle escalade de la situation».
Pour sa part, Nana Akufo-Addo a salué le «rôle important» de son homologue algérien et ses «efforts louables» visant à contribuer efficacement à mettre un terme à la crise au Niger.
Soutien de l’Italie
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a affirmé que le gouvernement de son pays «soutenait» et «saluait hautement» l’initiative» de Tebboune visant à faire prévaloir la logique de la solution politique à la crise nigérienne, en dépêchant des émissaires au Niger et aux pays de la CEDEAO.
M. Tajani a indiqué que «l’Italie partageait pleinement l’inquiétude de l’Algérie quant aux répercussions du recours à la force», affichant «la disposition de son pays à soutenir les efforts et les démarches de l’Algérie, visant à apaiser la situation et à œuvrer au retour à l’ordre constitutionnel au Niger par des voies pacifiques».
source : Jazair Hope
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