Macron menace d’une guerre alors que la junte nigérienne demande l’expulsion de l’ambassadeur de France (WSWS)
Macron menace d’une guerre alors que la junte nigérienne demande l’expulsion de l’ambassadeur de France
Par Athiyan Silva
WSWS, 30.08.23
Vendredi dernier, la junte militaire de Niamey a donné à l’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, un délai de 48 heures pour quitter le pays. Cet ultimatum fait suite à l’annulation par le Niger, le 3 août, de cinq accords de coopération militaire signés entre 1977 et 2020. Le 14 août, elle a ordonné à toutes les troupes françaises présentes au Niger, ancienne colonie française, de quitter le pays avant le mois de septembre.
La lettre émise par le ministère des Affaires étrangères nommé par la junte nigérienne indique «que les autorités compétentes nigériennes ont décidé de retirer leur agrément à Sylvain Itté et de lui demander de quitter le territoire nigérien dans un délai de quarante-huit heures». Le ministère a précisé que la décision d’expulser l’ambassadeur était «une réponse aux actions menées par le gouvernement français contre les intérêts du Niger». Il s’agit notamment du refus de l’ambassadeur de répondre à une invitation à rencontrer le nouveau ministre des Affaires étrangères du Niger.
L’ultimatum visant l’ambassadeur français a été rapidement rejeté par le ministère français des Affaires étrangères à Paris, qui a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne reconnaissait pas l’autorité de la junte nigérienne. «Les putschistes n’ont pas l’autorité pour faire cette demande, l’approbation de l’ambassadeur ne venant que des autorités nigériennes légitimes élues», a déclaré le gouvernement français.
Dans un discours prononcé à la conférence annuelle des ambassadeurs français au palais de l’Élysée, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’Itté resterait au Niger et qu’une action militaire serait préparée. La junte de Niamey n’avait « pas l’autorité» pour dire à Itté de quitter le Niger. Il a également salué la «politique responsable» des pays de la CÉDÉAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) qui pourraient envahir le Niger à la demande de Paris et de Washington.
Il a fait l’éloge des plans visant à «soutenir l’action diplomatique, et une fois qu’elle aura été décidée, l’action militaire, de la CÉDÉAO dans le cadre d’un partenariat».
Macron a également critiqué implicitement l’opposition aux projets d’interventions militaires menées par la France contre le Niger et les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso voisins. «La faiblesse de certains à l’égard des putschs précédents a encouragé les tendances régionales», a-t-il déclaré.
En réalité, les putschs sont le produit de plus d’une décennie de guerres sanglantes de l’OTAN à travers l’Afrique et en particulier à travers une grande partie de l’ex-empire colonial de la France en Afrique. Après la guerre de l’OTAN contre la Libye en 2011, la France a lancé en 2013 une occupation militaire de neuf ans au Mali, au cours de laquelle elle a posté des milliers de soldats au Niger et au Burkina Faso. Face à la colère croissante, aux grèves et aux manifestations contre la présence militaire française, les troupes françaises ont été contraintes de quitter le Mali l’année dernière.
Les gouvernements qui ont collaboré étroitement avec les opérations militaires françaises au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger sont tombés face à la colère populaire croissante. Ils ont été remplacés par des régimes militaires qui ont cherché à établir des liens avec la Russie et la milice du groupe Wagner, également active dans le conflit ukrainien
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