lundi 3 janvier 2022

 La bataille pour la 5G se poursuit aux Etats-Unis entre l'aérien et les télécoms

VU AILLEURS Verizon et AT&T refusent d'accorder un délai supplémentaire de deux semaines avant de déployer leur offre 5G reposant sur le spectre de fréquences de la bande C. Ce délai avait été demandé par le secrétaire d'Etat aux Transports et la Federal Aviation Administration (FAA), qui craignent que cela empêche les avions d'utiliser certains outils nécessaires pour l'atterrissage.


LÉNA COROT | PUBLIÉ LE 03 JANVIER 2022 À 11H45  L'Usine Digitale


Alors que les compagnies aériennes alertent sur l'accroissement des retards entraînés par l'utilisation du spectre de fréquence de la bande C pour le déploiement des réseaux 5G, les opérateurs télécoms veulent poursuivre les déploiements. Le gouvernement américain a demandé à AT&T et Verizon de décalé leurs déploiements. Une demande rejetée par les opérateurs télécoms.

UN DÉLAI DE 6 MOIS POUR CERTAINS AÉROPORTS
Les deux opérateurs télécoms ont déclaré dimanche 2 janvier 2022, comme le rapporte Bloomberg, que la demande du secrétaire d'Etat aux Transports Pete Buttigieg et de l'administrateur de la FAA (Federal Aviation Administration) Steve Dickson se ferait "au détriment" de millions de clients mobiles. Ils ont ajouté pouvoir éventuellement concéder un délai de six mois à proximité de certains aéroports pour ces nouveaux déploiements 5G.

Dans leur lettre, les dirigeants ont précisé que si le secteur de l'aviation n'intensifie pas sa campagne contre l'utilisation de cette bande de fréquence, ils s'engagent à ne pas déployer de tour près de certains aéroports pendant six mois. Cette offre, ajoute Bloomberg, est calquée sur les zones d'exclusion des aéroports en France, où le service 5G fonctionne sur des fréquences similaires et où des avions de ligne américains ont atterri.

DES NIVEAUX DE PUISSANCE TROP ÉLEVÉS
Les nouveaux services 5G, reposant sur la bande C, doivent être lancés le 5 janvier. Mais Pete Buttigieg et Steve Dickson ont demandé vendredi 31 décembre aux opérateurs télécoms un délai pouvant aller jusqu'à deux semaines. Pendant ce temps, l'idée est d'identifier les aéroports où une zone tampon permettrait aux vols de se poursuivre en toute sécurité.

Ces responsables anticipent une possible "perturbation généralisée et inacceptable" du trafic aérien. La raison ? De potentielles interférences entre ces nouveaux réseaux 5G et les appareils électroniques embarqués sur les avions, comme par exemple les radioaltimètres utilisés lors des atterrissages. Sans ces appareils, les pilotes seraient obligés d'avoir une approche visuelle compliquée ou impossible selon la météo.

Les opérateurs télécoms assurent que les niveaux de puissance sont suffisamment bas pour empêcher les interférences et que l'écart entre les fréquences est suffisamment important pour assurer la sécurité. De son côté, le secteur aéronautique affirme que les niveaux de puissance et les fréquences approuvés dans d'autres pays, dont la France, ne sont pas comparables à ceux des États-Unis.

AT&T ET VERIZON ONT DÉBOURSÉ 80 MILLIARDS
L'Airlines for America (A4A), qui regroupe de nombreuses compagnies aériennes américaines, estime qu'il pourrait y avoir jusqu'à 350 000 vols commerciaux touchés par an pour un coût de 2,1 milliards de dollars. 

L'enjeu est aussi important pour Verizon et AT&T qui ont déboursé 80 milliards de dollars pour acquérir les droits sur ces nouvelles fréquences qui doivent les aider à concurrencer T-Mobile. Les opérateurs ont déjà accepté de réduire la puissance de leurs signaux 5G. En novembre 2021, ils ont également accepté de décaler à début janvier le démarrage de l'utilisation de cette bande C.

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