jeudi 19 décembre 2019

Bolivie – Israël passe à l’acte : les forces militaires entrent à Chapare

Il y a une quinzaine de jours, Evo Morales trouvait l’asile en Argentine, initiative qui a semé la panique dans le camps d’en face. En effet, le fait que l’ex-président, renversé par un coup d’État made in US/Israël puisse résider dans un État argentin fraîchement passé sous les couleurs anti-impérialistes, n’a rien de réjouissant pour le nouveau gouvernement bolivien qui en a appelé à Israël pour assurer « sa protection ». 
La Paz et Tel-Aviv craignent surtout que ce retour de l’État argentin à la source ne coïncide avec un déblacklistage du Hezbollah en Argentine et partant des liens plus étroits avec la Résistance libanaise. Tout ceci pour dire que les brigades de la mort conçues par Israël pour le gouvernement putschiste se sont mis en branle, déterminées à mater dans le sang la révolte indigène.
Le 16 décembre, le vice-ministre des Affaires intérieures du gouvernement bolivien, Daniel Humerez, a annoncé que la police et les forces armées mèneraient une « opération à Chapare ». Chapare est l’une des 16 provinces du département de Cochabamba, en Bolivie avec son chef-lieu qui est la ville de Sacaba. On l’accuse d’être le « port d’attache » d’Evo Morales mais à vrai dire, c’est le foyer indigène d’où sont partis les premières protestations anti-coup d’État. La ville se réorganise même contre la répression policière. C’est donc contre elle que le gouvernement putschiste et ses brigades de la mort veulent intervenir en prétextant que depuis la démission le 10 novembre de Morales, « il n’y a eu aucune présence policière dans cette ville« . Selon le vice-ministre Humerez, il ne s’agissait pas d’une « opération militaire », mais « plutôt d’une opération d’application de la loi« .
« Les actions correspondantes sont déjà en cours, à savoir l’entrée des Forces armées à Cochabamba afin d’établir la loi dans la région », a déclaré le vice-ministre.
C’est donc une mobilisation de troupes, une offensive terrestre contre la ville à laquelle devraient prendre part les brigades de mort.
Le ministre de l’Intérieur du gouvernement putschiste, Arturo Murillo, s’est même mis à menacer la ville de Sacaba et sa population :
« Si la situation persiste, la réalisation des prochaines élections présidentielles de 2020 sera en danger. »
Selon les observateurs, « le gouvernement tente « d’établir la primauté du droit » pour transformer la Bolivie en État policier afin de réprimer tous les partisans de Morales et de consolider le pouvoir« . L’opération a été déclenchée après que « des enregistrements audio présumés présentés par le ministère de l’Intérieur » aient suggéré que Morales avait des entretiens avec « des producteurs de coca de Chapare » après sa démission pour « organiser des attaques et des désobéissances civiles dans les villes de Bolivie« .
Le 12 décembre, Evo Morales est arrivé en Argentine, où il a obtenu l’asile politique. 
« Il demande l’asile en Argentine et ensuite il aura le statut de réfugié », a déclaré le ministre bolivien des Affaires étrangères Felipe Solá.
Selon Solá, Morales serait confronté à une « crainte justifiée pour sa vie » s’il restait en Bolivie, où l’administration de la présidente par intérim Jeanine Áñez l’avait accusé de sédition et de terrorisme.
Morales a exprimé sa gratitude à l’Argentine et au Mexique via son compte Twitter.
« Il y a un mois, je suis arrivé au Mexique […] triste et brisé. Maintenant je suis arrivé en Argentine, pour continuer à lutter pour les plus humbles et pour unir la Grande Patrie. Je remercie le Mexique et l’Argentine pour tout leur soutien et leur solidarité », a-t-il écrit.
Depuis lors, il a utilisé Twitter pour faire de nombreuses déclarations politiques, affirmant que le gouvernement d’Áñez menait la Bolivie vers la faillite. L’atmosphère anti-impérialiste en Argentine est un plus pour l’ex-président qui a tweeté que le principal enjeu de la récession économique avait conduit au «chômage civique», ainsi qu’à «l’action de coup d’État de l’Organisation des États américains» et à l’agression des institutions publiques et des entreprises.
En Bolivie, un mandat d’arrêt contre Evo Morales doit être émis dans les prochains jours, a déclaré la présidente par intérim autoproclamée, Jeanine Áñez qui vient d’activer le front de la guerre civile en lançant une offensive contre la ville la plus résistante de la Bolivie.

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