(Nous voilà rassurer ! Qu'est-ce qu'il reste à vendre ? note de rené)
Un défaut de paiement de l’État libanais n’est pas inévitable, selon Goldman Sachs
DETTE
La banque américaine considère que l’adoption d’une série de réformes budgétaires et une restructuration de la dette en livres seront suffisantes pour ajuster les finances publiques, sans que le pays n’ait à déclarer défaut sur sa dette en dollars.
Kenza OUAZZANI | OLJ
20/12/2019
Malgré la crispation sur le marché secondaire extérieur de la dette, un défaut de paiement de l’État libanais n’est pas inévitable car la capacité du gouvernement à rembourser ses titres de dette en dollars – les eurobonds – est plus importante que ne le perçoivent les investisseurs, selon la banque d’investissement américaine Goldman Sachs.
Pourtant, comme le souligne l’économiste pour la zone MENA au sein de l’institution financière, Farouk Soussa, dans une note de recherche publiée hier, la crise politique et économique que connaît le Liban a accentué l’anticipation chez les investisseurs d’un défaut de paiement de l’État à moyen terme. Ainsi, les rendements des eurobonds arrivant à échéance en 2025 ont augmenté à 25 % ces dernières semaines sur le marché secondaire, tandis que les prix des contrats qui permettent de se couvrir contre le risque de défaut de l’État libanais, les Credit Default Swap (CDS), ont atteint 2 200 points de base. M. Soussa rappelle également que sur les six dernières semaines, les trois principales agences de notation ont dégradé la notation souveraine du Liban (CC pour Moody’s et Fitch et CCC pour Standard & Poor’s).
En dépit de ces signaux alarmants, Goldman Sachs considère que l’adoption d’une série de réformes budgétaires et une restructuration de la dette en livres seront suffisantes pour ajuster les finances publiques, et cela sans que le pays n’ait à déclarer défaut sur sa dette en dollars. Concernant les réformes budgétaires, Farouk Soussa estime que la part des recettes fiscales par rapport au PIB est basse (14 %) par rapport aux standards internationaux et que celle-ci pourrait être revue à la hausse (d’environ 2,5 points de pourcentage) à travers une augmentation de 6 points de la TVA à 17 %. Mais l’économiste reconnaît qu’aucune hausse des taxes ne peut être envisagée à court terme compte tenu du contexte économique et social actuel. M. Soussa suggère alors une amélioration de la collecte fiscale, dont la faisabilité est plus importante selon lui, et préconise une réforme du secteur de l’électricité et de la fonction publique : deux chantiers sans cesse repoussés par la classe politique au pouvoir.
S’agissant de la restructuration de la dette publique en livres, Goldman Sachs estime qu’elle est tout sauf « irréaliste » et prend comme scénario un échange par le gouvernement de l’ensemble des bons du Trésor existants par des nouveaux avec 1 % d’intérêt seulement. Ce scénario est privilégié par Goldman Sachs (par rapport à celui d’un défaut de paiement de l’État sur sa dette en dollars) pour plusieurs raisons : (1) près des deux tiers de la dette sont libellés en livres, (2) 100 % de la dette en livres est détenue par des résidents, dont la moitié par la Banque centrale et le reste principalement par les banques locales (tandis que 25 % des eurobonds sont détenus par des non-résidents), (3) le profil des détenteurs de la dette en livres facilite sa restructuration et réduit les risques de contentieux et (4) la réputation du pays sur les marchés internationaux sera préservée.
Soutenabilité de la dette en dollars
Goldman Sachs va plus loin en estimant que la soutenabilité de la dette en dollars n’est pas menacée, du point de vue de la balance des paiements, notamment la part des détenteurs non résidents des eurobonds est très limitée. Sur les 6,5 milliards de dollars que l’État devra rembourser en principal sur les trois prochaines années, seuls 1,5 milliard de dollars sont destinés à des non-résidents et se traduiront donc par une sortie de capitaux, relève Farouk Soussa. De plus, la contraction de la demande locale et les difficultés auxquelles font face les importateurs laissent présager une baisse drastique des importations à court terme. Tandis que les remises des expatriés vont perdurer et les mesures restrictives bancaires vont permettre de limiter le risque de fuite de capitaux. L’ensemble de ces facteurs feront que les réserves en devises de la BDL, même en baissant graduellement, totaliseront 10 milliards de dollars fin 2023, selon les estimations de Goldman Sachs.
Goldman Sachs va plus loin en estimant que la soutenabilité de la dette en dollars n’est pas menacée, du point de vue de la balance des paiements, notamment la part des détenteurs non résidents des eurobonds est très limitée. Sur les 6,5 milliards de dollars que l’État devra rembourser en principal sur les trois prochaines années, seuls 1,5 milliard de dollars sont destinés à des non-résidents et se traduiront donc par une sortie de capitaux, relève Farouk Soussa. De plus, la contraction de la demande locale et les difficultés auxquelles font face les importateurs laissent présager une baisse drastique des importations à court terme. Tandis que les remises des expatriés vont perdurer et les mesures restrictives bancaires vont permettre de limiter le risque de fuite de capitaux. L’ensemble de ces facteurs feront que les réserves en devises de la BDL, même en baissant graduellement, totaliseront 10 milliards de dollars fin 2023, selon les estimations de Goldman Sachs.
Pour la banque d’investissement américaine, la capacité du gouvernement à éviter un défaut de paiement sur sa dette en dollars est donc tributaire de sa volonté politique à mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires, malgré les risques que ces réformes puissent exercer sur la stabilité sociale. Il n’en demeure pas moins que l’incertitude par rapport aux perspectives politiques soulève des questions quant à la capacité de l’État à payer à long terme, toujours selon Goldman Sachs.
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