Le coût, le prix et la valeur des médicaments
par Marie-France de Meuron.
Le coût des médicaments est relativement facile à calculer et, de plus, à contrôler puisqu’une grande partie des dépenses reviennent aux caisses d’assurance maladie. Ce qui s’avère beaucoup moins aisé à connaître est le coût des effets secondaires et des médicaments prescrits pour les contrer. Et pourtant c’est le tout qui exprime la situation actuelle dans laquelle les dirigeants politiques se débattent avec l’illusion de trouver des solutions qui sont hélas loin de modifier la situation de base.
Nos dirigeants axent beaucoup d’efforts sur le prix des médicaments et pour une grande partie dans un bras de fer avec les industries pharmaceutiques. Nous en recevons les bilans dans les médias, surtout lors du quatrième trimestre de l’année quand il s’agit de préparer les assurés à une augmentation des primes. En fait, il serait bon d’élaborer toute l’année des études globales pour permettre d’apporter des solutions nouvelles et efficaces ainsi qu’une réelle mutation de la démarche thérapeutique, afin de restituer une place appropriée, et non démesurée, à la prescription des médicaments.
Voici quelques comptes rendus qui parviennent à la population:
« Le coût des médicaments a atteint un niveau record« . En Suisse, en huit ans, les dépenses pour les médicaments ont presque doublé. » L’article fait la liste des médicaments onéreux. Seule proposition: utiliser des biosimilaires. Aucune suggestion qu’il est peut-être temps de passer à de nouveaux modes thérapeutiques!
« Santésuisse pointe le prix des médicaments. Ainsi, l’association faîtière de l’assurance maladie a calculé combien d’argent la Suisse pourrait économiser si tous les médicaments consommés annuellement étaient aussi bon marché que dans des pays comparables de l’Union Européenne. » Le système confie ainsi à des économistes des recherches pour diminuer le coût des médicaments. Il est évident que ces professionnels sont formés pour faire des calculs, des statistiques et des comparaisons. Ils ne tiennent que peu compte des facteurs humains en cause. En outre, comparer la Suisse à des pays de l’Union Européenne n’est pas adéquat pour différentes raisons comme les conditions de travail, de salaires et d’installations par exemple. D’autre part, une ordonnance ne dit pas la démarche conduisant à une prescription donc elle n’est pas comparable d’un pays à l’autre. A se demander également si Santésuisse a fait la somme de ce qu’ont coûté leurs calculs auprès de différents pays « comparables »? Qui paie de pareils frais? Sur quel compte les porte-t-elle?
« La classification revue des médicaments coûte cher. La révision de la loi sur les produits thérapeutiques permettra de délivrer des médicaments sans prescription préalable. Mais cela a un coût ». Que cherche la révision Suisse de la loi sur les produits thérapeutiques? De permettre entre autres de délivrer des médicaments sans prescription préalable. Dans sa motion, la commission voulait que la révision n’entraîne pas de coûts ni de dépenses supplémentaires pour le système de santé. Les politiciens se préoccupent ainsi des dépenses du système de santé. Qu’en est-il de l’individu? Il aurait ainsi à sa charge des frais de médicaments. Ce qu’il peut y gagner, ce sont les conseils des pharmaciens qui sont à l’écoute du malaise du client et non pas seulement de son choix d’un médicament précis. Effectivement, certains pharmaciens ont même installé un lieu discret où ils peuvent écouter leurs clients, leur faire prendre conscience du mécanisme de leurs symptômes, des influences de leurs milieux et leur procurer un traitement bien plus élaboré pour leurs états pathologiques.
« Le prix de centaines de médicaments va baisser. » L’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) s’applique à revoir les prix. Que de travail loin de la cause réelle qui est l’usage à tout-va des médicaments! Il vise même à affiner sa recherche. « Le système pourrait encore évoluer. Le Conseil des Etats a adopté en septembre une motion demandant une révision du système afin qu’il prennent en compte le coût thérapeutique journalier et le coût pour l’ensemble du système de santé. Le National doit encore se prononcer. » Avec tous ces calculs savants, nous avons tout de même droit à des augmentations de primes! Cela signifie bien qu’il faut une recherche radicalement nouvelle pour modifier les coûts. Mais qui est mandaté pour que l’OFSP modifie son cap, ne se limite pas à faire le secrétaire des affaires du « système de santé » et fasse des recherches dans de nouvelles dimensions?
Et le travail de comptable se poursuit toujours dans le domaine défini par des chiffres et non par la dynamique mouvante, mobile et complexe d’un être humain vivant. Ainsi, le Conseil fédéral s’attaque au prix des génériques. Quand proposera-t-il de quoi permettre à l’art médical de considérer la santé comme un ensemble de facteurs dont l’analyse de la hiérarchie permet de soigner la source d’une pathologie et non pas agir au coup par coup?
D’autres facteurs entrent en compte sur l’estimation du prix d’un médicament. Ainsi, « Les marges spectaculaires des pharmas sur le cancer en Suisse. » Une émission de la RTS révèle ainsi que « des traitements sont facturés plus de 80 fois leurs coûts de fabrication ». Comment cela est-il possible? Comment se fait-il que tous les acteurs du système de santé ont permis d’aboutir à un tel bilan et l’entretiennent encore? C’est vraiment au peuple de se réveiller puisque les personnes que nous élisons ne parviennent pas à modifier un tel état de fait. C’est là que je propose la création de Gilets Rouges!
Un nouveau paradigme est avancé par une des industries pharmaceutiques concernées qui « met en avant des études qui mesurent le prix d’un médicament en fonction des années de vie supplémentaires et de la qualité de vie qu’il procure. En d’autres termes, plus un traitement est efficace, plus son tarif est élevé, même s’il coûte peu à produire. » Il est stupéfiant de réduire ainsi la réflexion à des calculs collatéraux aux traitements.
L’important est qu’en entendant de tels arguments, des citoyens se réveillent et que tous ceux qui ont des expériences bénéfiques avec des traitements alternatifs les amènent sur le tapis et les exposent au grand public. En fait, la difficulté n’est pas seulement de montrer la valeur des thérapies qui soignent efficacement les malades cancéreux; la question est que le système actuel ne travaille qu’en fonction de statistiques. Or, le traitement d’un cancer est bien plus efficace quand il s’adresse au malade cancéreux – dans son unicité – dont l’organisme a laissé une tumeur s’installer. Ainsi, pour chacun, il s’agit de détecter les différentes faiblesses et de créer un traitement complexe qui couvre un maximum de besoins. Il faudrait faire des statistiques par rapport aux modes de procéder mais cela n’entre pas en compte dans le raisonnement actuellement prioritaire qui se réduit le plus souvent à un système binaire, lequel évacue la complexité des problèmes au profit d’une simplicité qui octroie un semblant de maîtrise.
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