mardi 13 août 2019

Un tribunal israélien condamne des Bédouins à payer le prix de leur expulsion

Nettoyage ethnique ‘civilisé’. Le beurre, l’argent du beurre et les filles du Bédouin (violées puis condamnées à dédommager leurs bourreaux et à payer leurs frais de justice ; celles qui n’ont pas résisté ont eu une amende moins sévère).
La somme de 372 000 dollars devra être versée par six personnes : tel est le dernier chapitre d’une bataille de plusieurs années menée par des Bédouins du sud du pays pour rester sur leurs terres, sur lesquelles ils n’ont aucun droit selon les tribunaux.
Un tribunal a permis à l’État de réclamer 1,3 million de shekels (372 000 dollars) en guise de remboursement à six résidents d’un village bédouin non officiel du Néguev pour couvrir les frais de leur expulsion des terres contestées.
Le tribunal de district de Be’er Sheva a donné raison à l’État, qui faisait appel d’une décision rendue par une juridiction inférieure, selon laquelle il était déclaré que l’État n’était pas habilité à percevoir cette somme auprès des habitants du village d’Al-Araqib.
C’est le dernier chapitre d’une bataille entre l’État et les habitants de villages bédouins non reconnus du sud. L’État a déjà reçu près de 320 000 shekels dans le cadre d’accords de règlement avec 28 autres accusés.
Pendant des années, les habitants d’Al-Araqib ont affronté l’État, l’Autorité foncière israélienne et la police pour un territoire situé sur un site au nord de Be’er Sheva, sur lequel ils revendiquent des droits de propriété. Le litige actuel porte sur un site hébergeant un petit nombre de structures de fortune, un cimetière et un bâtiment ayant une dalle de sol permanente.
Au fil des ans, des responsables de l’Autorité foncière israélienne se sont rendus sur le site, accompagnés de la police, pour démolir les structures temporaires, mais après leur départ, les structures sont reconstruites. Cheikh Sayekh Abu Madi’am, dirigeant du village âgé de 70 ans, a récemment purgé une peine de prison pour avoir pénétré illégalement sur le site.
Les villageois affirment qu’ils sont propriétaires du terrain sur lequel le village a été construit et qu’ils ont été expulsés de force par l’armée en 1950. L’État affirme que le terrain a été saisi par l’État au début des années 50, car il avait été abandonné et que les tentatives des Bédouins de s’y installer à partir de 1998 étaient illégales. Les tribunaux ont confirmé la position de l’État.
Plus tôt dans l’affaire, le tribunal de première instance de Be’er Sheva avait ordonné aux habitants du village de payer les 260 000 shekels nécessaires à leur expulsion. Les résidents ont fait appel devant le tribunal de district, mais l’État aussi, qui a contesté le montant octroyé comme étant trop bas. C’est à la procédure d’appel de l’Etat que deux juges de tribunaux de district ont donné raison, un troisième juge s’opposant à cette décision.
Le tribunal a également attribué à l’État un remboursement de 20 000 shekels de frais de justice.
Dans son opinion dissidente sur ces procédures d’appel, le juge Ariel Vago a déclaré que l’État était en droit de demander un remboursement, appelant les résidents « des intrus ». Le public, écrit-il, ne devrait pas avoir à supporter la dépense majeure « résultant de la conduite réitérée de personnes qui ne respectent pas la loi. »
Le juge a ajouté qu’imposer le total de la dépense aux six accusés « crée un sentiment de malaise », car les six font partie d’un groupe initial de 34 accusés, les 28 autres étant parvenus à un accord amiable. Ainsi, les six doivent payer une part disproportionnée. Le juge Gad Gidion, l’un des deux juges qui ont accueilli favorablement l’appel de l’État, a écrit qu’il partageait le sentiment de malaise du juge Vago, mais que, d’un point de vue juridique, « je crois qu’il n’y a pas d’autre choix que de donner à l’État tout ce qu’il demande. » Les deux juges de la majorité ont qualifié l’affaire de « lutte commune de plusieurs années » de la part de tous les accusés, tandis que les Bédouins concernés, y compris les six condamnés, ont tenté de « rendre difficile la tâche des autorités chargées de faire respecter la loi. » Ils ont ajouté que les villageois se trouvent sur le territoire disputé « en violation de la loi et au mépris des ordres judiciaires. »
Source : Haaretz,
Traduction : lecridespeuples.fr
Photo: Manifestants au village bédouin non reconnu d’Al-Araqib dans le Néguev, juillet 2016.

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