Un accord se dessine entre les États-Unis et les talibans (Afghanistan)
Alors que les négociations entre les États-Unis et les talibans sont toujours en cours à Doha, jeudi 29 août, Donald Trump a promis qu’il allait réduire les effectifs militaires de 13 000 à 8 600 hommes sur le terrain, après signature d’un accord. Une annonce qui montre les compromis et stratégies à l’œuvre.
La perspective d’un accord entre les talibans et les États-Unis se rapproche. Alors que les pourparlers se poursuivent depuis le 20 août dernier à Doha, au Qatar, le président américain Donald Trump a promis de réduire les effectifs militaires dans le pays à 8 600, contre plus de 13 000 actuellement, une fois cet accord conclu.
Des compromis
Un an après le début des discussions, Washington et les talibans parviennent à des compromis. Donald Trump souhaitait un accord rapide et un désengagement total des troupes quand les talibans n’acceptaient de négocier qu’à la condition qu’il n’y ait plus de soldat américain sur le territoire. « Les annonces de ces derniers mois, les compromis, montrent les débats qu’il y a en interne dans les deux camps », explique Karim Pakzad, chercheur à l’Iris (1).
En annonçant que 8 600 soldats resteront en Afghanistan, sans donner de calendrier pour un départ complet des troupes, Donald Trump suit les recommandations de certains généraux et conseillers américains. Ceux-ci craignent que les talibans ne tiennent pas leurs engagements, une fois les troupes américaines parties comme celui d’empêcher les actions des groupes terroristes liés à l’EI ou Al-Qaida dans les régions qu’ils contrôlent.
Les talibans partenaires
« Nous allons toujours avoir une présence » en Afghanistan, a assuré Donald Trump, insistant surtout sur le fait qu’une force résiduelle devrait permettre d’avoir « des renseignements de haut niveau ». Il a aussi annoncé qu’il y aurait toujours un soutien aux forces de sécurité afghanes. « En réalité, les Américains ont décidé de rester en Afghanistan avec le consentement des talibans, analyse Karim Pakzad. Ils vont s’appuyer sur eux pour s’installer plus durablement dans le pays et en faire des partenaires de la lutte contre les groupes terroristes. » Ces derniers jours, la diplomatie américaine a semblé lier la réduction ultérieure du nombre de soldats à une vraie accalmie sur le terrain, voire aux avancées dans les discussions inter-afghanes.
La difficulté d’un dialogue inter-afghan
Pour le chercheur de l’Iris, « l’accord avec Washington va arriver vite. Le plus compliqué, ce sera son application et le dialogue inter-afghan. » Des négociations de paix entre talibans et autorités afghanes doivent aussi s’ouvrir à Oslo dans la foulée de l’accord avec les États-Unis. Mais ce dialogue n’est pas souhaité par tout le monde. Karim Pakzad évoque « une forte résistance locale » de certains chefs talibans.
C’est le moment qu’a choisi le fils du commandant Massoud, Ahmad Massoud, pour reprendre le flambeau de son père. Mercredi 28 août, il exprimait sa méfiance concernant un accord avec les talibans, estimant qu’il leur donnerait « un sentiment de triomphe ». « Il traduit les craintes d’une partie de la population afghane, particulièrement de la jeunesse, analyse Karim Pakzad. Ces jeunes n’ont pas vécu sous les talibans ou les moudjahidins et même s’ils n’ont connu que la guerre, ils ont peur de tout perdre. »
(1) Institut des relations internationales et stratégiques
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