En Chine, des écoliers travaillent de nuit pour fabriquer des produits Amazon
M. G. | Publié le 9 août 2019 | Mis à jour le 9 août 2019 source : Paris Match
Des centaines de mineurs ont été recrutés par Foxconn, le fournisseur d’Amazon en Chine, pour fabriquer des appareils électroniques souvent de nuit, durant de longues heures. Un travail illégal révélé par The Guardian.
The Guardian a pu mettre la main sur des documents confidentiels révélant que des centaines d’écoliers ont été recrutés par l’entreprise Foxconn en Chine pour fabriquer des appareils équipés de l’assistant personnel Alexa d’Amazon dans le cadre d’une tentative controversée d’atteindre des objectifs de production. Parmi ces mineurs, ils sont nombreux à devoir travailler de nuit, durant de longues heures. Une pratique totalement illégale dans un pays qui interdit le travail de nuit des mineurs, ainsi que les heures supplémentaires.
Selon les documents révélés par le journal britannique, plus de 1000 élèves, âgés entre 16 et 18 ans, ont été engagés par l’entreprise qui fabriquent également les iPhones pour Apple et des liseuses Kindle. Ces adolescents ont été recrutés dans les écoles et collèges techniques de la ville de Hengyang et ses alentours, et embauchés comme « stagiaires ». Leurs professeurs sont payés afin de les accompagner à l’usine et encourager les élèves peu coopératifs à accepter des heures supplémentaires.
« Les lumières de l’atelier sont très vives, il fait donc très chaud », confie l’une des élèves âgée de 17 ans. Alors que son enseignait lui avait dit qu’elle travaillerait huit heures par jour, cinq jours par semaine, cette étudiante en informatique chargée d’appliquer un film protecteur à environ 3 000 Echo Dots, une enceinte connectée avec Alexa, chaque jour travaillait deux heures supplémentaires tous les jours, six fois par semaine. « J’ai essayé de dire au responsable de ma ligne que je ne voulais pas faire d’heures supplémentaires. Mais le responsable a averti mon professeur et celui-ci a déclaré que si je ne faisais pas d’heures supplémentaires, je ne pouvais pas effectuer un stage chez Foxconn, ce qui aurait une incidence sur mon diplôme et mes demandes de bourses à l’école », poursuit-elle, avant de faire part de son exaspération : « Je n’avais pas le choix, je ne pouvais que supporter cela. »
Les aveux de Foxconn
L’entreprise Foxconn a reconnu les faits, ajoutant qu’elle prenait des mesures immédiates pour remédier à la situation. « Nous avons doublé la supervision et la surveillance du programme de stages avec chaque école partenaire, pour nous assurer que les stagiaires ne seront en aucun cas autorisés à effectuer des heures supplémentaires ou de nuit », a déclaré le fournisseur dans un communiqué cité par The Guardian. « Bien que les stagiaires touchés aient reçu les salaires supplémentaires associés à ces heures, cela n’est pas acceptable et nous avons pris des mesures immédiates pour nous assurer que cela ne se reproduira plus. » L’entreprise défend toutefois son recours aux élèves, en affirmant que ce travail « leur offre la possibilité d’acquérir une expérience de travail pratique et une formation technique dans un certain nombre de domaines qui les aideront dans leur vie professionnelle ».
Du côté d’Amazon, une enquête est en cours. Un porte-parole a assuré que, si « des violations sont constatées », le géant de la vente en ligne exigerait une « action corrective immédiate ».
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