mercredi 14 août 2019

En Chine, des écoliers travaillent de nuit pour fabriquer des produits Amazon

M. G. | Publié le 9 août 2019 | Mis à jour le 9 août 2019 source : Paris Match

Des centaines de mineurs ont été recru­tés par Foxconn, le four­nis­seur d’Ama­zon en Chine, pour fabriquer des appareils électroniques souvent de nuit, durant de longues heures. Un travail illégal révélé par The Guardian. 
The Guardian a pu mettre la main sur des documents confidentiels révélant que des centaines d’écoliers ont été recrutés par l’entreprise Foxconn en Chine pour fabriquer des appa­reils équi­pés de l’as­sis­tant person­nel Alexa d’Amazon dans le cadre d’une tentative controversée d’atteindre des objectifs de production. Parmi ces mineurs, ils sont nombreux à devoir travailler de nuit, durant de longues heures. Une pratique totalement illégale dans un pays qui interdit le travail de nuit des mineurs, ainsi que les heures supplé­men­taires.
Selon les documents révélés par le journal britannique, plus de 1000 élèves, âgés entre 16 et 18 ans, ont été engagés par l’entreprise qui fabriquent également les iPhones pour Apple et des liseuses Kindle. Ces adolescents ont été recrutés dans les écoles et collèges tech­niques de la ville de Hengyang et ses alentours, et embau­chés comme « stagiaires ». Leurs professeurs sont payés afin de les accompagner à l’usine et encourager les élèves peu coopératifs à accepter des heures supplémentaires.
« Les lumières de l’atelier sont très vives, il fait donc très chaud », confie l’une des élèves âgée de 17 ans. Alors que son enseignait lui avait dit qu’elle travaillerait huit heures par jour, cinq jours par semaine, cette étudiante en informatique chargée d’appliquer un film protecteur à environ 3 000 Echo Dots, une enceinte connectée avec Alexa, chaque jour travaillait deux heures supplémentaires tous les jours, six fois par semaine. « J’ai essayé de dire au responsable de ma ligne que je ne voulais pas faire d’heures supplémentaires. Mais le responsable a averti mon professeur et celui-ci a déclaré que si je ne faisais pas d’heures supplémentaires, je ne pouvais pas effectuer un stage chez Foxconn, ce qui aurait une incidence sur mon diplôme et mes demandes de bourses à l’école », poursuit-elle, avant de faire part de son exaspération : « Je n’avais pas le choix, je ne pouvais que supporter cela. »

Les aveux de Foxconn

L’entreprise Foxconn a reconnu les faits, ajoutant qu’elle prenait des mesures immédiates pour remédier à la situation. « Nous avons doublé la super­vi­sion et la surveillance du programme de stages avec chaque école parte­naire, pour nous assu­rer que les stagiaires ne seront en aucun cas auto­ri­sés à effec­tuer des heures supplé­men­taires ou de nuit », a déclaré le fournisseur dans un communiqué cité par The Guardian. « Bien que les stagiaires touchés aient reçu les salaires supplémentaires associés à ces heures, cela n’est pas acceptable et nous avons pris des mesures immédiates pour nous assurer que cela ne se reproduira plus. » L’en­tre­prise défend toute­fois son recours aux élèves, en affir­mant que ce travail « leur offre la possi­bi­lité d’ac­qué­rir une expé­rience de travail pratique et une forma­tion tech­nique dans un certain nombre de domaines qui les aide­ront dans leur vie profes­sion­nelle ».
Du côté d’Amazon, une enquête est en cours. Un porte-parole a assuré que, si « des viola­tions sont consta­tées », le géant de la vente en ligne exigerait une « action corrective immédiate ».

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