(Empoisonnez, empoisonnez, après, fournissez les médocs et la boucle est bouclée. note de rené)
Marché de la viande artificielle : le jeu trouble de Carrefour
Tandis que la consommation de viande accuse une baisse continue, la part du marché végétarien et végan enregistre une nette croissance. Si les actions des associations animalistes jouent un rôle notable, ce phénomène en apparence naturel, dissimule les ambitions mercantiles de puissants groupes d’intérêts économiques établis outre atlantique. Une guerre larvée qui fait le jeu de certaines concurrences françaises.
« Carrefour s’engage ! Carrefour ne vendra plus d’œufs en cage ! » Voilà un slogan qui sent bon les cabinets de com. Plus précisément il s’agit du titre d’un communiqué de presse daté de décembre 2016 portant le sceau de l’ONG L214. Voilà des années que ces militants de la cause animale défraient régulièrement la chronique par leurs actions d’intimidation spectaculaires. Chaque diffusion de vidéos chocs filmées par des caméras cachées dans des abattoirs et des élevages suscite une vive émotion dans tout le pays.
Réveiller les consciences sur la condition animale dans la société, mais aussi influer sur les modes de consommation des Français, autant d’objectifs que poursuit cette association partie de rien en 2008. Engagée dans la guerre « culturelle contre l’exploitation animale » et la consommation de viande, L214 compterait aujourd’hui dans ses rangs pas moins de 20 000 adhérents, et quelques succès flatteurs : en dix ans, la consommation de viande a en effet baissé de 12% en France.
Dans un article du supplément investigation de Libé daté du 27 juin dernier, on apprend que si l’association animaliste donne des leçons de la transparence, on ne peut pas en dire de même pour ses sources de financement. Le journal officiel qui a publié les comptes annuels de L214 atteste que cette association partie de rien aurait perçu en novembre 2017 1 347 742 dollars (1 114 000 euros) de la part d’une fondation américaine, l’Open Philanthropy Project (OPP). Une fondation made in US créé par Dustin Moskovitz, un des cofondateurs de Facebook. Un proche des dirigeants GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et des milieux démocrate aux Etats-Unis.
Selon l’article de Libération, L14 aurait perçu au total 3 841 000 euros reçus de 34 000 donateurs de France et d’outre atlantique des entreprises, des fondations des organismes qui s’intéressent aux recherches sur la viande de laboratoire (Good Food Institute) au bien-être animal (Mercy Food For Animals, Animal Equality…), ou encore à l’intelligence artificielle (Machine Intelligence Research Institute). L214 s’est vue considérablement renforcée à la fois par l’apport en argent frais mais aussi le soutien logistique fournit par des structures amies comme the Humane League qui dépend de l’Open Wing Alliance.
Dans nos sociétés post modernes le « lobby vegan » est engagé dans la lutte pour promouvoir un nouveau marché porteur : celui des substituts à la viande : (protéines issues des insectes, steaks au soja, viande moléculaire…). Assistons-nous tout simplement à un phénomène de l’ère du temps, ou encore une mode passagère propulsée par des bobos soixante-huitards soucieux de diminuer la consommation de viande armés de ses quatre arguments : trop cher, irrespectueux du bien-être animal, de l’impact sanitaire, et environnemental ? Ou serait ce en définitive qu’un enfumage qui ne dit pas son nom ? Certes, de plus en plus de Français sont tentés par le végétarisme ou même le véganisme, pratique encore plus radicale qui bannit tout aliment issu des animaux que ce soient des œufs, des laitages ou encore du miel, quand d’autres penchent pour le flexitarisme, un mode d’alimentation qui consiste à réduire sa consommation de viande sans pour autant la bannir. Ce dont les communiqués des associations animalistes omettent de mentionner est la dimension hyper lucrative que représente ce nouveau marché que lorgnent les GAFAM de la Silicon Valley. Depuis des années ces derniers impulsent la création de start-up qui développent de produits de substitution à la viande. Ce business de la viande artificielle devrait générer d’ici à 2023 6,3 milliards de dollars de revenus (5,7 milliards d’euros). Tandis que Barclays avance la bagatelle de … 100 milliards de dollars d’ici dix ans.
Un accord contre nature : Carrefour a mandaté L214
Dans cette guerre larvée pour le contrôle du marché bio les grandes enseignes aiguisent leurs couteaux. Alors que des grands groupes d’intérêts US subventionnent des associations de défense des animaux Carrefour a pris ses dispositions. Pour l’enseigne française l’enjeu est de battre de vitesse Danone jusque-là son partenaire et fournisseur et se positionner sur le même créneau végétarien et végan.
Ce qui est plus surprenant est la récente révélation d’un contrat passé entre le grand distributeur d’une part et L214 et l’Association Végétarienne de France (AVF) - basée dans la Nièvre - de l’autre. Pour ce faire, Carrefour est allé jusqu’à commander à ces deux association des missions pour travailler à la réalisation et à la promotion de ses produits végétariens et végans.
D’après nos sources, les premiers financements provenant de Carrefour ont alimenté les trésoreries de L214 et l’AVF vers août ou septembre 2015, soit un mois avant le lancement à grand bruit de Carrefour Veggie, première gamme végétarienne de Carrefour. Comment expliquer alors que les pourfendeurs de l’agro business aient attiré les grâces d’un géant de la grande distribution ? Pis, Carrefour ne joue-t-il pas un double jeu en ayant dissimulé cette coopération contre nature tout en continuant de commercialiser des produits carnés originaires de France ?
On le voit bien : associer les militants végans de défense animale proches de L214 et ceux de l’AVF a été doublement profitable. En réconcilier une certaine vision de l’éthique et logique de marché la démarche s’est avérée gagnant-gagnant. Mais qui sont les grands perdants de cette nouvelle donne ?
Désintégrer la filière viande française
Engagés malgré eux dans un combat à armes inégales, les agriculteurs et éleveurs français assistent impuissants à l’asséchement progressif des sources de financement de l’industrie de la viande traditionnelle. Cette menace existentielle qui hante la filière viande française n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans un cadre bien plus large. Autrement dit, les ONG animalistes françaises ne sont que les pions d’un échiquier qui les dépassent, la cause animale est devenue « l’idiote utile » des intérêts financiers des GAFAM et de leurs relais d’influence américains. Dans ce nouveau champ de bataille de la guerre économique que nous livrent les Américains tous les coups sont permis. Tout semble bon en effet de préparer le terrain en France pour imposer un nouveau marché aux start-up du secteur de la viande artificielle.
Tandis que les fleurons de l’agro-alimentaire français se disputent des parts de marché bio, en apparence pour le rendre accessible à tous les portefeuilles, les puissances financières américaines se sont positionnées sur le marché hexagonal avec la ferme intention d’influer sur les habitudes de consommation des Français. Ces grands groupes d’intérêt mènent pour cela un travail de fourmi pour tarir les sources de financement de l’industrie de la viande traditionnelle.
Les funestes lois extraterritoriales américaines ont fait preuve de leur efficacité redoutable en s’attaquant à nos fleurons industriels et stratégiques. Comme Alsthom a été vendue à la découpe, est-ce bien là l’intérêt de Carrefour que de ruiner indirectement une filière cruciale pour l’avenir de l’industrie agroalimentaire française en s’alliant à une ONG particulièrement activiste qui a mis sous le boisseau l’origine de certains de ses financements étrangers ?
Jean Jacques Granianski
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