mercredi 1 mai 2019

 (Il est vrai qu'enregistrer les sons de notre environnement naturel est nécessaire avant qu'ils ne disparaissent et que seuls ceux mécaniques ne retentissent. note de rené)


Acoustique : quand la science écoute le chant du monde
23/04/2019
PODCAST EXPORTER source : France Culture

Comment les méthodes de bioacoustique et d'éco-acoustique nous permettent-elles de mieux cerner l'évolution de la biodiversité ? Que nous apprennent ces techniques d'enregistrement sur la répartition de certaines espèces animales ? Comment s'adaptent-elles à l'évolution sonore de leur environnement?

Étourneau sansonnet en train de chanter.• Crédits : David Corby / CC
Depuis quelques décennies, les scientifiques tendent leurs oreilles et leurs micros à la biodiversité. Quand les oiseaux, les insectes, ou les singes donnent de la voix on les écoute et on essaie de comprendre comment fonctionnent leurs échanges vocaux, ou encore ce qu’ils signifient.  Mais au-delà de l’écoute de ces chants si particuliers, la captation à plus grande échelle des vocalises animales dans leur écosystème nous permet d’en savoir plus sur leur évolution, leurs déplacements et leur disparition. Et quand on lit qu’en 50 ans, 50% des sons de la nature ont disparu, on se dit qu’il faut se dépêcher d’enregistrer le chant du monde avant que la musique ne s’arrête. 
Acoustique : quand la science écoute le chant du monde : c’est le programme fragile et mélodieux auquel nous tendons l’oreille tout au long de cette heure. Bienvenue dans la Méthode scientifique.
Pour comprendre comment on met la nature sur écoute pour mieux en saisir son fonctionnement et son évolution, nous recevons aujourd’hui Jérôme Sueur, éco-acousticien et maître de conférence au Muséum national d’histoire naturelle. A ses côtés, Thierry Aubin, directeur de recherche CNRS, responsable de l’équipe communication acoustique au au Laboratoire Neurobiologie de l'Apprentissage, de la Mémoire et de la Communication à l’Université Paris-sud d’Orsay. 
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Le reportage du jour
Laure Desutter est professeur au MNHN et chargée de la collection de Polynéoptères. Elle étudie plus en particuliers les grillons, ramenés de ses missions en forêts tropicales. Reportage dans son terrarium à l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité du MNHN. Par Céline Loozen :
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_SCIENTIFIQUE - Reportage Céline Loozen "bio-acoustique des grillons" avec Laure Desutter, MNHN

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LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - Reportage Céline Loozen "bio-acoustique des grillons" avec Laure Desutter, MNHN
Repères
  • De tout temps, les hommes ont écouté les sons d'animaux pour reconnaître les espèces animales et les repérer. La bioacoustique étudie la production et la réception des signaux acoustiques chez les animaux. À ce titre, elle s’intéresse aux organes acoustiques et aux appareils de production et de réception des sons, aussi bien qu’aux processus physiologiques et neurophysiologiques par lesquels ceux-ci sont produits, reçus et traités. 
  • Plus récente, l’éco-acoustique se place à l’échelle supérieure, au niveau d’un écosystème ou environnement donné plus global. Jérôme Sueur, un des promoteur de la discipline, la définit ainsi : “Une discipline pas encore bien formalisée, issue de nombreuses recherches menées depuis 6-7 ans. 
  • À la croisée de l’écologie, de l’acoustique pure et de l’informatique, elle tente de relever l’un des défis majeurs de l’écologie : estimer et suivre les changements de la biodiversité animale sur de larges échelles temporelles et spatiales en fonction des perturbations affectant les habitats naturels”.
  • Ensemble, ces deux approches complémentaires étudient à plusieurs échelles l’état de la biodiversité, qu’elle soit forestière, campagnarde, urbaine ou sous-marine au cours du temps, pour donner des indicateurs fiables en termes d’évaluation. Avec le progrès technologique et la miniaturisation des instruments de mesures et capteurs embarqués, les experts arrivent à fournir des connaissances nouvelles et plus fines sur les modes de communications inter et intra espèces, leurs déplacements, leur comportements. L’étude acoustique permet même, là où les données images, vidéos et satellites ne le peuvent, de détecter et d’identifier des nouvelles espèces. 
  • L’approche acoustique révèle malheureusement les nombreuses nuisances sonores d’origine anthropiques dont souffrent les populations d’espèces. La bio-acoustique et éco-acoustique œuvrent à sensibiliser les pouvoirs publics sur la détérioration de la qualité de vie de la faune en ce sens.

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