La République Arabe de Syrie a officiellement remercié La République démocratique et populaire de Corée pour son assistance et son soutien indéfectible et multiforme à Damas.
Les médias syriens ont diffusé le 01 mai des images de la visite officielle que Pak Myong-Guk, vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères a entrepris en Syrie en date du 30 avril 2019 où il a été reçu par Walid Al-Moualem, le Chef de la diplomatie syrienne.
La Corée du Nord soutient très activement la Syrie dans le Grand conflit du Moyen-Orient et depuis 2015, l’assistance nord-coréenne à la Syrie s’est étendue aux systèmes de défense antiaérienne et aux systèmes de guidage de différents type de missiles balistiques.
Des techniciens nord-coréens sont présents en Syrie où ils contribuent de façon effective à la relance des industries de défense de l’État syrien.  Sur le terrain, des observateurs militaires nord-coréens ont assisté aux offensives sur Alep (Nord de la Syrie) et la fameuse bataille de la Ghouta Orientale près de Damas.
Cependant, c’est dans le domaine des missiles Sol-Air que l’expertise nord-coréenne semble avoir le plus réussi. De sources syriennes ayant requis l’anonymat, l’optimisation des vieilles batteries de missiles Sol-Air S-200 (Code OTAN: Sa-5 Gammon) de la défense aérienne syrienne est l’une des plus belles réussites de l’expertise nord-coréenne en la matière.  Les performances des S-200 modifiés par les Nord-Coréens dans la guerre en Syrie ont été assez spectaculaires pour un système d’armes datant des années 60: au moins deux F-16 I “Sufa” (Tempête) de l’Armée de l’air israélienne abattus, d’autres appareils du même type endommagés, au moins un F-15 Sufa endommagé et -fait jamais reconnu ou admis, un F-35A tellement endommagé qu’il fut perdu lors de son atterrissage d’urgence dans la première base aérienne israélienne. Officiellement, Israël a imputé cette perte à …deux volatiles migrateurs de passage.
Cela explique pourquoi Damas semble si intéressé par l’acquisition du système de missiles Sol-Air nord-coréen Pong’Gae 5, plus connu par sa dénomination KN-06. Cette acquisition pourrait affranchir le gouvernement syrien des clauses sur les restrictions et les limitations d’usage des batteries S-300 fournies par Moscou.
Lancement d’un missile SAM Pon’Gae 5 (KN-06) de fabrication nord-coréenne. Le Pon’Gae 5 serait dérivé des systèmes S-300P russe et HQ-9 chinois.
La fourniture par Pyongyang de systèmes de missiles SAM Pon’Gae 5 à Damas serait de nature à modifier significativement les règles d’engagement suivies jusqu’ici par les forces armées syriennes pour faire face à un assaut aérien. Plus encore, il inquiète au plus haut point Israël, lequel ne dispose d’aucun levier de pression sur la Corée du Nord pour éviter son utilisation par les Syriens.
La coopération entre la Syrie et la Corée du Nord inquiète les Israéliens depuis longtemps. En 2007, des chasseurs-bombardiers israéliens disposant de la couverture logistique US ont mené un raid sur un centre de recherches syrien situé dans le désert de Deir Ezzor soupçonné d’abriter un réacteur nucléaire de conception nord-coréenne en construction. Dernièrement, un mystérieux raid aérien israélien a ciblé un centre de recherches militaires sis à Mesyaf près de la localité de Hama (centre) où travailleraient des techniciens nord-coréens, biélorusses et iraniens. Ce raid qui a eu lieu en avril 2019 a vu l’usage par les Israéliens d’armes totalement nouvelles, afin de neutraliser la bulle de défense aérienne au dessus de la Syrie occidentale, aurait visé selon les Israéliens, des bases militaires syriennes sises au Nord de Mesyaf où transitaient des armes iraniennes et des combattants du Hezbollah libanais.
En réalité, c’est moins les armes iraniennes que le transfert de technologie militaire nord-coréenne qui inquiètent les stratèges israéliens, d’autant plus que nul ne connaît l’origine des technologies développées par Pyongyang depuis quelques années, même si plusieurs analystes soupçonnent des transferts clandestins de technologies de la Chine populaire, de Biélorussie, du Kazakhstan, de la Russie, de l’Ukraine et du Vietnam (pour les logiciels).
Les missiles Pon’Gae 5 ou KN-06 sont des missiles Sol-Air de quatrième génération dont le design ressemble à ceux des systèmes S-300P russe et HQ-9 chinois. Ils auraient selon certaines sources une portée un peu plus élevée et seraient opérationnels en Corée du Nord depuis le 27 mai 2017.
La version que Pyongyang va livrer à Damas pourrait être une variante modifiée, soit en Iran ou en Syrie même. La production de ces systèmes d’armes en Syrie pose toutefois problème en raison de la poursuite des raids israéliens et/ou US.
La Corée du Nord et la Syrie entretiennent d’excellentes relations stratégiques et les deux pays se soutiennent mutuellement sur la scène internationale. Cette coopération était jusqu’ici fort discrète, du moins dans le volet militaire. Elle ne l’est plus. Pyongyang vient de rejoindre de plein pied l’axe Damas-Téhéran-Moscou pour le meilleur et pour le pire.