Poutine inaugure le pont reliant la Crimée à la Russie
source : Romandie.news
Un véhicule emprunte le pont de 19 km entre la Crimée et la Russie, le 15 mai 2018, juste avant son inauguration par le président russe Vladimir Poutine / © POOL/AFP / Alexander NEMENOV
Long de 19 kilomètres, le "Pont de Crimée" traverse le détroit de Kertch, un bras de mer entre la mer d'Azov et la mer Noire, et relie la péninsule de Kertch, en Crimée, à la péninsule de Taman, dans le sud de la Russie.
Vladimir Poutine est attendu sur place vers 14H00 locales (11H00 GMT) pour inaugurer la partie routière à quatre voies de ce pont, qui comprendra plus tard également un tronçon ferroviaire à deux voies.
"C'est un jour exceptionnel d'un point de vue symbolique", a souligné mardi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, lors d'une conférence de presse, rappelant que M. Poutine "a initié la construction" de ce pont.
Lancé en février 2016, ce chantier titanesque avait été confié par l'Etat russe à la société du milliardaire Arkadi Rotenberg, partenaire de judo du président Vladimir Poutine.
Selon un décret publié sur le site du gouvernement, Stroïgazmontaj devait livrer le pont avant décembre 2018, pour un coût plafonné à 228,3 milliards de roubles (2,9 milliards d'euros à l'époque).
Mais lors d'une visite en mars, quelques jours avant sa réélection à la présidence, M. Poutine a exigé que le pont soit prêt dès mai "pour que les gens puissent en profiter pendant la saison estivale".
La Crimée est une destination de vacances populaire auprès des Russes, et les touristes venant de Russie constituent l'une des principales sources de revenus pour cette péninsule prisée pour ses plages et ses montagnes plongeant dans la mer Noire.
Les voitures et autobus devraient accéder au pont dès le 16 mai, a indiqué le Kremlin. Les trains devront attendre fin 2019 pour traverser le détroit de Kertch.
Le pont, qui passe par l'île de Touzla, aura une hauteur de 35 mètres au niveau de son arche centrale. Les voitures seront autorisées à y rouler jusqu'à 120 km/h, si la circulation n'est pas ralentie en raison des conditions climatiques, selon l'agence de presse russe RIA Novosti.
- Réduire l'isolement -
L'Ukraine, qui a plusieurs fois dénoncé la construction de ce pont comme une atteinte à son intégrité territoriale, a mené mardi des perquisitions dans les locaux à Kiev de deux médias russes, la télévision RT et l'agence de presse Ria Novosti.
Si les autorités ukrainiennes n'ont pas fait le lien entre ces perquisitions et l'inauguration, la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, a estimé sur Twitter que Kiev avait édécidé de se venger sur nous pour le Pont de Crimée".
Pour la Russie, le "Pont de Crimée" doit permettre de réduire l'isolement tant géographique qu'économique de la Crimée, annexée de l'Ukraine en mars 2014 après une intervention des forces spéciales russes et un référendum de rattachement dénoncé comme "illégal" par Kiev et les Occidentaux.
En raison du blocus imposé par Kiev et des sanctions occidentales ayant suivi cette annexion, la plupart des produits alimentaires viennent de Russie par ferry et ce mode de livraison qui dépend d'une météo favorable entraîne parfois des pénuries.
La Crimée dépend aussi de la voie aérienne pour ses approvisionnements, avec comme conséquence une hausse significative des prix pour les produits de consommation courante.
Le chantier du "Pont de Crimée" constitue une violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, a estimé la Cour de justice de l'Union européenne.
Début mai, les Pays-Bas ont annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'implication présumée de sept entreprises néerlandaises dans la construction de ce pont, estimant qu'en vertu des sanctions européennes contre la Russie, il leur était interdit de participer à ce chantier.
- "Unique" -
Pour le président russe, l'inauguration de ce pont n'est pas seulement une prouesse technique: il représente également un exploit historique.
"Beaucoup ne croyaient pas à la faisabilité de tels plans et Poutine a encore une fois prouvé que même les plans les plus ambitieux peuvent être réalisés sous sa direction", s'est félicité Dmitri Peskov.
Lors de sa visite en mars sur le chantier, Vladimir Poutine avait souligné que le dernier tsar russe, Nicolas II, avait lui aussi le projet de construire un pont liant la péninsule de Crimée à la Russie. "Mais la Première guerre mondiale ne le lui en a pas donné l'occasion", avait-il rappelé.
(©AFP / 15 mai 2018 12h17)
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