Angola, le vrai faux départ de José Eduardo dos Santos
Laurent Larcher, le 25/08/2017 à 14h05 source : La Croix
La victoire de Joao Lourenço ne met pas un terme au pouvoir du président sortant Edouardo dos Santos.
Loin de se retirer des affaires, le leader historique de l’Angola et son clan gardent la main sur le pays.
La victoire de Joao Lourenço ne met pas un terme au pouvoir du président sortant Edouardo dos Santos.
Loin de se retirer des affaires, le leader historique de l’Angola et son clan gardent la main sur le pays.
ZOOM
Le président angolais José Eduardo dos Santos lors de son vote à l’élection présidentielle à Luanda, le 23 août 2017. / Marco Longari/AFP
En obtenant 64 % des voix, le MPLA, le parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Angola en 1974, garde la main. Son candidat, le ministre de la défense Joao Lourenço, succède officiellement à José Eduardo dos Santos. Mais dans les faits, tout indique que le départ du président sortant n’est qu’un leurre. Loin de se retirer des affaires, lui et son clan restent le maître du jeu angolais.
Le pouvoir réduit du nouveau président
Juste avant l’élection présidentielle, le parlement angolais a réduit le camp d’action du nouveau président. Le 21 juillet 2017, il a reconduit pour les huit prochaines années les responsables de l’armée, de la police et des services de renseignement. Des hommes mis en place par Edouardo dos Santos. Tous les postes clés de l’économie, de la justice, de la sécurité et des médias sont entre les mains de proches ou d’hommes liges du président sortant.
Si Edouardo dos Santos a renoncé à se représenter à l’élection présidentielle, il n’a pas abandonné la présidence du MPLA, où il a été réélu en 2015 jusqu’en 2022. De l’assemblée nationale aux membres du gouvernement, le MPLA détient la majorité des postes et des places.
Le clan au pouvoir
Symbole de la mainmise du clan Dos Santos sur l’Angola, la place occupée par sa fille Isabel. Surnommée « La Princesse », elle est la femme la plus riche d’Afrique et la huitième fortune du continent, selon le magazine américain Forbes. L’année dernière, son père l’a nommé à la tête de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol (après le Nigeria, l’Angola est le deuxième producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne). Elle possède aussi de nombreuses parts dans des groupes de télécommunications et financiers qui font d’elle la deuxième personne la plus puissante d’Angola… après son père.
Son demi-frère, José Filomeno dos Santos, préside le fonds souverain angolais, doté de 5 milliards de dollars. Une autre de ses filles, la députée Welwistchea, dirige l’une des principales chaînes de la télévision angolaise. Ils ont fait leur entrée comité central du MPLA, en 2016.
La maladie de José Eduardo dos Santos
La santé de José Eduardo dos Santos s’est considérablement dégradée ces derniers mois. Après avoir rejoint Barcelone pour des soins, le 1er mai, il a passé plusieurs semaines de soin et de repos dans la capitale catalane. Affaibli par la maladie, il avait annoncé à la fin de l’année dernière qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. Ce retrait officiel de la vie politique lui permet de ne plus s’exposer à des fatigues inutiles. Les tâches inhérentes à sa fonction mais qui ne sont pas centrale dans l’exercice du pouvoir comme les réunions, les cérémonies, les voyages présidentiels seront désormais assurées par son successeur… à la manière d’une doublure.
Par ailleurs, il évite de se mettre à dos la Communauté internationale alors que l’Angola traverse une grave crise économique. « Il sait que la communauté internationale se satisfera d’une passation de pouvoir de façade, juge Laurent Duarte, le coordinateur et porte-parole de la campagne Tournons la page. Ainsi, il évite un scénario à la RD-Congo avec un Joseph Kabila isolé sur la scène internationale. » Autrement dit, « il pourra continuer à profiter de sa main mise sur l’Angola et à peser sur les grandes crises régionales à la manière de Poutine et de Medevev en Russie », ajoute Laurent Duarte.
Une population très pauvre
En se retirant, enfin, il évite un scénario à la burkinabé. En effet, la chute brutale des cours de l’or noir, sa principale source de revenus, a précipité l’Angola dans la crise. Sa dette s’est creusée, sa monnaie a dégringolé, l’inflation et le chômage ont explosé. « En se maintenant au pouvoir, Edouardo dos Santos s’exposait au risque d’une explosion sociale de la part d’une population, l’une des plus pauvres du monde, fortement affectée par la crise, » explique Laurent Duarte.
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