Des chirurgiens réimplantent deux bras à une patiente
source : La Croix
Pierre Bienvault, le 25/08/2017 à 12h53
Mis à jour le 25/08/2017 à 14h10
Des chirurgiens du CHU de Grenoble ont réussi, pour la première fois en France, à réimplanter de manière simultanée les deux bras d’une femme, qui avaient été sectionnés par un train. Il faudra attendre plus d’un an avant que ces bras puissent retrouver une fonctionnalité, selon le professeur François Moutet, chirurgien au CHU de Grenoble
Le docteur Denis Corcella, avec Billy Chefal Bornu et Mickael Bouyer, au CHU de Grenoble, le 25 août. / PHILIPPE DESMAZES/AFP
« N’allez surtout pas écrire que c’est une greffe, comme on l’entend partout depuis ce matin à la radio. C’est une réimplantation. Nous n’avons pas greffé à cette patiente les bras d’une donneuse extérieure. Ce sont ses propres bras que nous lui avons réimplantés. » Consultant dans le service de chirurgie de la main du CHU de Grenoble, le professeur François Moutet souhaite que les médias soient précis et prudents. « N’allez pas non plus dire que nous avons fait des miracles. Réimplanter un bras n’est pas véritablement une prouesse sur un plan chirurgical. Nous le faisons régulièrement. Ce qui est une première en France, c’est le fait d’avoir réussi à réimplanter les deux bras en même temps », ajoute ce chirurgien, joint au téléphone vendredi 25 août.
Deux bas ont été posés sur de la glace
C’est par un communiqué, rendu public jeudi, que le CHU a dévoilé l’intervention réalisée le 14 août sur une femme de 30 ans dont les deux bras avaient été sectionnés par les roues d’un train dans la gare de Chambéry. « Ce qui a été crucial, c’est la très bonne coordination entre notre service et le Samu, qui est intervenu pour prendre en charge cette jeune femme. Immédiatement, ses deux bas ont été posés sur de la glace », indique le professeur Moutet, en précisant que, face à un membre amputé, un doigt par exemple, c’est le premier réflexe à avoir. « Il faut juste le poser et pas le mettre dans la glace. Et pas non plus le mettre dans de l’eau glacée. »
La première étape d’un long parcours
Deux heures seulement après l’accident, deux équipes chirurgicales étaient opérationnelles pour démarrer l’intervention. « Dans ce genre de circonstances, le facteur temps est essentiel. Au-delà de six heures, la réimplantation est bien souvent impossible à cause d’un risque de nécrose », indique le chirurgien.
L’intervention a duré quatre heures et s’est conclue par la revascularisation des deux bras. « On peut donc dire que la réimplantation a fonctionné, indique le professeur Moutet. Mais il s’agit de la toute première étape d’un long parcours pour cette patiente. Avant de pouvoir bouger les doigts, il va falloir que les nerfs cicatrisent et repoussent. Ce qui peut prendre six mois environ. Ensuite, il faudra une consolidation des tendons. Globalement, après une telle réimplantation, il faut attendre un an ou un an et demi avant que la personne, après un travail de rééducation, retrouve une certaine sensibilité au niveau du bras et de la main. »
De la chirurgie de réparation, de reconstruction
À terme, cette patiente pourra-t-elle retrouve l’usage complet de ses bras ? « Cela ne sera jamais exactement comme avant et nous le disons clairement à nos patients. C’est de la chirurgie de réparation, de reconstruction. Le but est de permettre au bras d’être fonctionnel, c’est-à-dire qu’il puisse avoir une utilité dans les gestes de la vie quotidienne. Ensuite, la qualité de la fonctionnalité récupérée va dépendre du patient et de la nature de l’accident à l’origine de l’amputation », indique le professeur Moutet.
Pierre Bienvault
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