François Fillon: premières défections à droite, vives critiques à gauche (France)
Des journalistes tentent de raccrocher un poster de la campagne de François Fillon qui vient de se décrocher, peu avant la conférence de presse du candidat LR, ce 1er mars à Paris.REUTERS/Charles Platiau
Après l’annonce de François Fillon de son maintien coûte que coûte dans la course à l'Elysée, malgré sa prochaine mise en examen, les réactions se multiplient. Cette sortie alimente la division à droite : premières défections, celles de Bruno le Maire et Pierre Lellouche. Quant aux adversaires de François Fillon à la présidentielle, ils pointent un manque de lucidité tandis que François Hollande condamne les attaques du candidat contre les magistrats.
Le candidat LR s'est finalement rendu au salon de l’Agriculture ce mercredi après-midi 1er mars 2017 au milieu d'une cohue de caméras, sa marche rythmée par ses partisans scandant « Fillon, président » et ses adversaires criant « Voleur ! Rends l'argent ».
Au sujet de sa mise en examen, il avait jugé quelques heures plus tôt : « Par ce déchaînement disproportionné, sans précédent connu, par le choix d'un calendrier, ça n'est pas seulement moi qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle ». Il était alors en présence de plusieurs figures de son parti comme Valérie Pécresse, François Baroin ou Eric Woerth.
Cette attaque a suscité des réactions au plus haut sommet de l'Etat. Dans un communiqué, François Hollande s'est élevé « solennellement contre toute mise en cause des magistrats ». « Une candidature à l'élection présidentielle n'autorise pas à jeter la suspicion sur le travail des policiers et des juges » ni à formuler des « accusations extrêmement graves », selon le président de la République.
Deux défections à droite
Deux heures après la déclaration de François Fillon, Bruno Le Maire, ancien candidat à la primaire de la droite, a annoncé sa démission de ses fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales auprès du candidat, au nom du « respect de la parole donnée ». François Fillon avait, en effet, initialement indiqué qu'il se retirerait s'il était mis en examen, avant de faire machine arrière, expliquant mi-février s'en remettre désormais « au seul suffrage universel ».
Le député LR Pierre Lellouche, lui, souhaite que François Fillon retire sa candidature et il propose de saisir le Conseil constitutionnel afin de demander le report de l’élection présidentielle. « Franchement, ce qu'ils ont fait ce matin, politiquement, c'est tout ce qu'il ne fallait pas faire. C'est n'importe quoi... », s'alarme un membre de LR.
La députée LR Catherine Vautrin, élue de la Marne et l'une des vice-présidentes de l'Assemblée nationale, souhaite pour sa part que désormais « François Fillon consacre toute son énergie à défendre son honneur » et réclame « un autre candidat ».
Trois juges d'instruction ont été saisis pour enquêter dans cette affaire d'emplois présumés fictifs de l'épouse, mais aussi de deux des enfants de François Fillon comme collaborateurs parlementaires. Triomphalement désigné lors de la primaire de la droite fin novembre, l'ancien Premier ministre, décroché dans les sondages, est en grande difficulté depuis la révélation de cette affaire.
L'UDI suspend sa participation à la campagne de Fillon
Ses adversaires à la présidentielle ont vivement critiqué les propos de François Fillon. Emmanuel Macron l'a accusé de perdre « ses nerfs » et « le sens des réalités », refusant l'idée de toute « trêve judiciaire » pendant la campagne. Benoît Hamon a condamné « une incroyable violence » de ses propos, tandis que Jean-Luc Mélenchon a dit avoir « de la peine » pour la droite, qui mériterait « un candidat présentable ».
L'UDI, qui avait annoncé ce mercredi matin la conclusion d'un accord électoral avec les Républicains, fait volte-face, et affirme ce mercredi après-midi « suspendre » sa participation à la campagne de Fillon.
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