Comme nous le pressentions depuis plusieurs jours, l'accalmie récente n'aura été que de courte durée. Sûrement galvanisée par les luttes intestines qui ont lieu à Washington, et qui montrent pour le moment un avantage net des néo-conservateurs va-t-en-guerres, et pressées par la situation intérieure qui se dégrade de plus en plus, les autorités ukrainiennes ont décidé hier soir de remettre de l'huile sur le feu.
De 18 h à 1 h 30 du matin, l'armée ukrainienne a ainsi tiré à 595 reprises à l'artillerie lourde, aux lance-roquettes multiples Grad, mortiers, chars d'assaut, mais aussi lance-grenades, véhicules de combat d'infanterie et autres armes (non inclus dans le décompte) sur diverses localités de la République Populaire de Donetsk (RPD), dont la périphérie du centre Volvo Centre et de l'aéroport de Donetsk, la périphérie de Yassinovataya, Spartak, Jabichevo, Kroutaya Balka, Yakovlevka, Vasilyevka, Sakhanka, et Leninskoye.
Au total sur les dernières 24 heures, l'armée ukrainienne a tiré 1 048 fois contre la RPD, dont une vingtaine de fois avec des lance-roquettes multiples Grad contre la périphérie de Yassinovataya, où se concentre l'escalade des tensions depuis la fin du mois de janvier, et leur réutilisation régulière indique le risque d'une reprise de l'escalade qui avait été freinée début février. L'artillerie lourde a aussi été massivement utilisée avec 321 tirs d'obus de 122 mm et 152 mm. Et de nouvelles armes (canons de 152 mm et 122 mm entre autres) sont amenées par l'armée ukrainienne près du front. Les tirs de la journée écoulée ont fait deux morts parmi les soldats de la RPD.
En République Populaire de Lougansk (RPL), c'est 630 obus de mortier de 82 mm et 120 mm qui sont tombés durant les dernières 24 h sur le territoire de la république, et entre autre sur les zones résidentielles de la localité de Kalinovo. Un chiffre qui ne prend pas en compte les tirs de véhicules de combat d'infanterie, de lance-grenades et d'autres armes légères.
Et au vu des efforts démesurées de Kiev pour enliser les négociations à Minsk, ce n'est pas du côté diplomatique que la solution semble pouvoir venir.
Après avoir refusé de discuter de la formule Steinmeier, les représentants ukrainiens du groupe de contact à Minsk ont inventé une nouvelle parade pour bloquer les négociations : vouloir y apporter des changements à soumettre à la prochaine réunion au Format Normandie, puis rediscuter de la nouvelle mouture à Minsk, où ils apporteront de nouveaux amendements, qui devront de nouveau être discutés au Format Normandie etc. Un cercle vicieux sans fin qui permettra de bloquer indéfiniment la solution diplomatique.
« Selon Kiev, si les négociateurs à Minsk ne sont pas d'accord avec la rédaction de la formule proposée par les dirigeants des pays-garants, elle sera soumise au peaufinage des groupes à Minsk. Par la suite, les résultats de leur travail seront renvoyés au format Normandie. Cette prise de position de l'Ukraine crée une sorte de cercle vicieux, de sorte que la discussion dans tous les formats puisse prendre des années », a indiqué Mme Nikonorova, la ministre des Affaires étrangères de la RPD.
Alors que la population des deux républiques populaire se mobilise pour demander à la Russie, les États-Unis et l'Allemagne (on notera l'absence de la France dans cet appel) de faire cesser le génocide dans le Donbass, avec près de 130 000 signatures déjà récoltées, les autorités ukrainiennes semblent donc être bien décidées à poursuivre sur le sentier de la guerre.
Il faut dire qu'un pays qui essaye de redonner une virginité à des milices qui ont collaboré avec les Nazis pendant la seconde guerre mondiale, alors que même la CIA qui les finançait après guerre les qualifiait d'organisations terroristes, a peu de chances d'être un pays hautement pacifique.
« Les pseudo-historiens ukrainiens essayent de se convaincre d'abord eux-mêmes que l'UPA (l'armée insurrectionnelle ukrainienne) avait combattu avec la même ténacité les envahisseurs nazis et « les autorités d'occupation soviétiques ». Tout cela alors que des documents ont été récemment déclassifiés sur leur coopération avec les Nazis. Et après la guerre - avec les agences de renseignement américaines. Soit dit en passant, les documents de la CIA décrivent l'UPA comme une organisation terroriste, » a déclaré Maria Zakharova, la porte parole du ministère des Affaires étrangères russe.
D'ailleurs la dernière idée lumineuse en date des autorités militaires ukrainiennes est de provoquer un incident sur la ligne de front avec des journalistes occidentaux, entre autre des journalistes finlandais, qui se verraient blessés ou tués lors d'une attaque qui serait attribuée à l'armée de la RPD.
Pendant ce temps, dans la zone de l'OAT, Secteur Droit et l'OUN essayent de recruter des habitants du Donbass pour les envoyer manifester à Kiev pour soutenir l'embargo commercial du Donbass, contre 200 hryvnias. Les organisateurs de la manifestation qui est censée avoir lieu le 21 février, espèrent recruter ainsi 8 000 personnes, pour faire pression sur les autorités de Kiev.
Voilà quel genre de pays et d'autorités, l'Occident soutient et finance. Un pays qui a d'ailleurs la même notion de « justice » que ses héros bandéristes : depuis plus de deux ans, les survivants du massacre d'Odessa croupissent en prison sans jugement. Leur garde à vue est prolongée indéfiniment sans que rien n'avance au niveau de l'enquête, et Kiev empêche qu'ils soient échangés contre des prisonniers ukrainiens détenus par la RPD et la RPL. Les assassins, par contre, tous adeptes des méthodes de l'UPA et de l'OUN, courent toujours dans la nature.
Christelle Néant
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