Roundup : le glyphosate réautorisé pour 18 mois ?
Face à l'absence de décision des États européens quant au renouvellement ou non du glyphosate, la Commission propose une prolongation de 18 mois, le temps d'obtenir de nouvelles données scientifiques.
Le glyphosate est la substance principale du Round Up de Monsanto. © XAVIER VILA/SIPA
Nouveau rebondissement dans l'affaire de la réautorisation du glyphosate, herbicide le plus vendu au monde et utilisé notamment dans le Roundup de Monsanto : puisque les États membres de l'Union européenne ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur le renouvellement de l'autorisation du glyphosate, le 19 mai 2016, la Commission a annoncé qu'elle leur proposerait le 6 juin, lors d'une réunion, une prolongation de 12 à 18 mois de l'actuelle homologation (qui expire fin juin 2016), le temps d'obtenir de nouvelles données scientifiques. La Commission va demander "de prolonger l'autorisation actuelle jusqu'à l'avis de l'Echa", l'Agence européenne des produits chimiques en charge de la classification des substances, qui doit publier une étude sur le glyphosate en 2017, a expliqué lors d'une conférence de presse à Bruxelles le commissaire chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis.
La France opposée à son renouvellement
Une controverse est née sur les effets du glyphosate sur la santé et son caractère cancérogène, sur la base de différentes études scientifiques, animant un débat qui dure depuis plusieurs semaines. Bruxelles s'appuie sur l'étude de l'Efsa, l'Agence européenne de sécurité des aliments, qui juge le risque cancérogène "improbable", ainsi que plusieurs études nationales (voir encadré ci-dessous). La Commission proposait jusqu'à présent de renouveler pour 9 ans l'autorisation du glyphosate, une décision qui doit être votée le 6 juin au sein d'un comité technique phytosanitaire composé d'experts et de représentants des États membres. L'exécutif européen tablait sur l'obtention d'une majorité qualifiée mais deux réunions, en mars puis mi-mai, ont montré l'absence de consensus sur la question. Même si l'autorisation du glyphosate était renouvelée au niveau de l'UE, la décision de commercialiser des produits finaux sur chaque territoire national, c'est-à-dire des pesticides contenant ce principe actif, relève en revanche de chaque État membre, a souligné le commissaire. La France pourrait ainsi interdire sa commercialisation, étant donné que la ministre de la Santé Marisol Touraine, avec l'appui de François Hollande, a affirmé son opposition à son renouvellement.
Cancérogène ou non ? Les avis scientifiques divergent
Le glyphosate a fait l'objet de plusieurs études scientifiques dont les avis divergents alimentent la controverse. Dernière en date, en mai 2016, une étude en commun de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a jugé "peu probable" que le glyphosate soit cancérogène "chez les humains qui y seraient exposés par l'alimentation". Mais à l'inverse, en mars 2015, une étude du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), également dépendante de l'OMS, avait identifié un risque cancérogène. Deux découvertes non contradictoires, selon l'OMS, car la seconde portait sur un risque en cas de très forte exposition. La Commission s'appuie sur l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), pour qui le risque cancérogène est "improbable". Là encore le champ de l'étude est discuté, entre substance active et association à d'autre co-formulants utilisés pour concocter un herbicide.
Le glyphosate a fait l'objet de plusieurs études scientifiques dont les avis divergents alimentent la controverse. Dernière en date, en mai 2016, une étude en commun de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a jugé "peu probable" que le glyphosate soit cancérogène "chez les humains qui y seraient exposés par l'alimentation". Mais à l'inverse, en mars 2015, une étude du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), également dépendante de l'OMS, avait identifié un risque cancérogène. Deux découvertes non contradictoires, selon l'OMS, car la seconde portait sur un risque en cas de très forte exposition. La Commission s'appuie sur l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), pour qui le risque cancérogène est "improbable". Là encore le champ de l'étude est discuté, entre substance active et association à d'autre co-formulants utilisés pour concocter un herbicide.
Réduire l'utilisation du glyphosate dans les parcs
La Commission a par ailleurs précisé préparer une deuxième proposition visant à "minimiser" l'utilisation du glyphosate dans les jardins, parcs et aires de jeux publics ainsi que dans les champs dans la période qui précède la récolte. Ces limitations étaient réclamées non seulement par le Parlement européen mais aussi par Greenpeace UE. C'est "la moindre des choses : des restrictions strictes pour limiter l'exposition de l'homme", a expliqué Franziska Achterberg, chargée des questions alimentaires dans l'ONG.Bruxelles a également réitéré son intention d'interdire un coformulant, le POE-tallowamine, qui entre dans la composition de certains produits herbicides basé sur le glyphosate, et dont le caractère toxique a été soulevé."Si les gouvernements ne sont pas certains que le glyphosate est sans danger, les Européens ne devraient pas y être exposés", a réagi Bert Wander, directeur de campagne d'Avaaz, un collectif qui a recueilli 1,4 million de signatures contre l'utilisation du glyphosate. Le principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca, a de son côté appelé à renouveler l'autorisation du glyphosate "en l'absence d'alternative existante". Utilisé notamment dans les vignes et sur les cultures de fruits ou d'olives, la substance favorise selon le syndicat "les pratiques agricoles durables", notamment pour les agriculteurs qui ne labourent pas ou très peu leurs champs. Les États-Unis, en pleine négociation sur un accord de libre-échange avec l'UE, sont très inquiets d'une éventuelle interdiction du glyphosate, qu'ils considèrent comme le moins toxique des herbicides.
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